Un peu de culture pour compenser en attendant la sortie de Point de suture (5)

Quentin Mosimann s'était fait remarquer à la Star Academy, non seulement parce qu'il avait gagné, mais aussi pour quelques-unes de ses prestations, quelques duos avec Michael Bublé, Peter Cincotti, Kylie Minogue ou Micky Green, mais aussi quelques interprétations personnelles et chorégraphiées de Tainted love version électro ou de Sweet dreams version swing. C'est que, avant même son passage à Dammarie-lès-Lys, le jeune homme avait déjà beaucoup misé sur sa dichotomie, ou sa schizophrénie, ajoutant à sa véritable identité celle du DJ John Louly et disposait en réserve de titres déjà écrits, composés voire enregistrés. De quoi imaginer que Quentin Mosimann pourrait assurer son premier album un peu plus vite que Cyril Cinélu et ne pas être complètement oublié par son public...

Au final, l'album est déjà là, après six mois, mais sans les compos, parce que faire un album de compos, c'était du réchauffé et qu'il voulait faire un album original (si, c'est lui-même qui l'a dit en interview). Après l'album de la Star Academy 7 consacré aux années 70, il livre donc Duel, un double album de reprises de tubes plus ou moins marquants des années 80, mâtinées de sonorités swing ou électro, pour apporter la Quentin's touch. Les mauvaises langues pourront dire que c'est pratique, un double album avec les mêmes titres (mais ni Sweet dreams, ni Tainted love, qui devaient être trop chers en droits d'auteur) , parce qu'on peut enregistrer une seule fois pour faire deux chansons (voire trois!), ou encore que ça permet surtout de cacher des compos navrantes (il faudrait d'ailleurs lui dire que, contrairement à ce qu'il semble croire au point de le dire à Public, Mes exercices de maths n'est pas dessus). Mais comme la pochette est plutôt bien pensée, que les photos qui accompagnent la sortie sont du même acabit (et que j'aimais bien Quentin de la Star Ac', moins que Jérémy Chapron, il va de soi) et que Cherchez le garçon est quand même un vrai tube malgré son clip de merde, j'ai décidé de donner une chance à cet album de venir un jour rejoindre dans ma discothèque ceux des Premix, de Patxi, de Jérémy Chatelain ou de Michal, et de l'écouter intégralement. Gratuitement, quand même, sur Jiwa... Allez, j'appuie sur play, sans délai!


Je dois dire que j'ai eu, grâce à Quentin, la révélation que Cherchez le garçon méritait qu'on dépasse le premier couplet. De là à l'imposer trois fois, c'est peut-être un peu beaucoup. Et pourtant, la version swing est franchement cool, et le deuxième remix du disque électro (un remix de la version swing qu'on entendrait entre deux chars du carnaval de Nice) ne démérite pas, même s'il est inférieur aux deux autres versions, en particulier à cause des couplets beaucoup trop accélérés. Mais il passe juste après la vraie tuerie du disque, le fantastiquissime remix absolument parfait de C'est la ouate avec tout ce qu'il faut de «héhé». Le pendant swing est par ailleurs très sympathique lui aussi, avec les messieurs qui chantent «c'est la ouate» en fond, mais déjà, on sent arriver les limites de l'exercice.

Car Quentin a un problème, il lui arrive de surjouer ce qu'il chante. Ah, c'est certain, Raphie n'aimerait pas son C'est l'amour, qui devient ici bien trop pompeux! La version électro, qui ne démarre qu'après deux minutes de «dumdudupdup» (et met une minute à se finir) souffre du même problème, mais la voix de Quentin est complètement inaudible à plus de deux mètres des enceintes. C'est encore pire sur les refrains de Mise au point de Jackie Quartz, complètement noyés. Il a heureusement l'amabilité de nous épargner en plus une version électro.

C'est aussi le cas de Je l'aime à mourir, où on comprend tout, mais la version ne se démarque pas franchement, ni par rapport à la version originale. Quant à Étienne, c'est juste un calvaire, tant c'est la même chose pendant 4min36 (seulement?!) et, là encore, un peu too much. Quentin ose aussi s'attaquer à L'aventurier d'Indochine, sans que l'exercice soit convaincant. Si la réinterprétation musicale (car on ne peut pas parler ici d'une adaptation) par des instruments de jazz-band est intéressante, l'ensemble tombe vraiment à plat, à cause de l'interprétation.

En fait, toutes les versions swing se ressemblent beaucoup, et ressemblent aussi beaucoup à la BO des Aristochats. C'est une sorte de faux jazz, agréable à écouter mais à très petite dose pour éviter l'écœurement, et jamais vraiment loin de la musique d'ascenseur. C'est particulièrement frappant quand arrive Il y a je t'aime et je t'aime, titre personnel en bonus à la fin du disque swing, à mille lieues de ce qui précède: malgré ses qualités et son air entêtant, on est quand même bien plus proche de Pascal Obispo que de Peter Cincotti! Nul doute que Quentin aime sincèrement le jazz, mais ses versions électro sonnent un peu plus «authentiques» et elles ont au moins le mérite d'être un peu plus variées. Un titre se démarque tout de même, Petit avec des grandes oreilles de Bill Baxter (ah çà, il fallait aller le chercher), dans lequel Quentin montre qu'on peut faire du swing et s'amuser, et c'est vraiment fun!


Pour rester dans l'incongru, Quentin double-chante Il mio refugio de Richard Cocciante. La version électro est assez moyenne, la version swing est bien meilleure, mais dans un cas comme dans l'autre, la chanson est chiante et ultra-répétitive et il n'y peut rien. Ses versions de Such a shame sont plus réussies, sans être parfaites: la version électro commence comme un très bon titre dance et puis, finalement, les nappes de synthé très réussies laissent la place à du boum boum un peu plus basique, avant de partir encore dans une autre voie et s'avère finalement un peu décevante (à cause d'un excès de travail dessus?). La version swing, à nouveau très Aristochats, est plus linéaire (et clairement réinterprétée), mais mal adaptée à la chanson, ou réciproquement. Ça ne groove pas si mal, mais c'est un peu long à écouter.

Enfin, l'album propose trois versions de l'un des plus grands tubes des années 1980, Cargo. Autant être honnête, la version swing ne donne pas l'impression d'être dans le sous-sol d'un cabaret d'une rue franchement louche et on viendrait presque à regretter la version de Julian Cély. Le TEPR & GrandMarnier remix (sur la partie électro, évidemment) a au moins le mérite de s'éloigner franchement de la chanson originale et d'apporter quelque chose à la chanson, tandis que le Medium Rare Remix donne dans l'efficace, mais n'est pas sans rappeler un autre tube dance fameux... Cherchez le garçon (version Quentin Mosimann, tant qu'à faire).


Finalement, Quentin chante bien, sans conteste, et sa voix est plutôt agréable (en particulier sur Such a shame), mais il mérite mieux que ce disque franchement fourre-tout où le pire côtoie le meilleur, et plutôt déséquilibré à l'avantage des versions électro.
Allez, quand il se retrouvera en solderie, je ferai peut-être un effort pour qu'il rejoigne d'autres ex-châtelains!

Les photos sont issues du MySpace de Quentin Mosimann ainsi que de son forum officiel.

Commentaires

Anonyme a dit…
Hé hé hé hé hé hé...
(à ton avis, ces hé hé proviennent-ils de C'est la ouate version electro ou de Cherchez le garçon version électro?*)

Dis donc, Monsieur Pierre, tu n'as pas honte de vouloir surfer sur la vague et de voir ainsi cette fascinante chronique d'album placardée sur les murs du web?
Je n'avais d'abord écouté que la version electro de Duel, en pensant même qu'elle était bien meilleure que l'autre. Mais il faut bien avouer que la version swing est plutôt sympathique, bien que répétitive, comme tu le soulignes. Au final, je ne sais plus trop qui préférer entre Quentin Mosimann et John Louly.
Tu t'aventures dans une critique franche et pas du tout dithyrambique, mais au moins, je n'ai pas à te mettre en garde. Tu sais à quoi t'attendre puisque tu le cherches, non? Et puis toi, tu tentes même la schizophrénie en plus de la dichotomie... Tu brouilles les pistes, Pierre.
Et donc pour en revenir à Quentin, je dois dire que j'aime beaucoup certains titres, comme toi: la première version electro de Cherchez le garçon, celle de C'est la ouate (*sans doute grâce aux hé hé hé hé hé hé, qui étaient donc bien ceux de C'est la ouate), son titre obispesque (que j'avoue avoir beaucoup aimé lors de sa prestation sur l'un des praïmes de la Star Ac'), et surtout Petit avec des grandes oreilles (chanson que je ne connaissais pas, mais que je commence à vénérer).
Pierre a dit…
Monsieur RR, j'avoue que je tente ici une expérience, même si je doute qu'elle réussisse. Mais je ne pense pas pour autant aller contre mes principes, même si ce n'est pas le point culturel prévu initialement.
Je constate que nous apprécions les mêmes chansons, et surtout Petit avec des grandes oreilles. Je me demande si, en l'occurrence, ce titre ne bénéficie pas aussi du fait que je n'ai jamais entendu la chanson d'origine. Ça vaudrait peut-être le coup de se pencher sur la carrière de Bill Baxter, non?

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