Neuf minutes pour convaincre (11): Bosnie-Herzégovine, Macédoine, Moldavie

Saviez-vous que, comme le téléphone, le calcul différentiel ou la roue, l'inventeur du karaoké est sujet à controverse? Pourtant, tout semble clair: c'est le Japonais Kisaburō Takagi qui a déposé la marque, en 1962, après avoir constaté que nombre de clients qui erraient dans sa boutique de disques chantaient par dessus les chansons. Mais d'autres avant lui avaient déjà observé ce fait et, dès 1958, la chaîne CBS diffusait l'émission Sing along dans laquelle les paroles défilaient en bas de l'écran, et où une petite balle bondissait sur les syllabes à chanter aux moments opportuns, ce qui fait montre d'une technologie jamais atteinte dans La Fureur. Et qui ne fait pas vraiment un karaoké.

Certains conviennent désormais que le vrai père du karaoké, c'est Daisuke Inoue. Il a même reçu un Prix IgNobel de la paix en 2004, soit plus de trente ans après qu'il a créé sa première machine, qui allait permettre à des millions de gens de chanter (éventuellement mal) dans un micro en soirée, et à des dizaines de millions de gens de tolérer que des gens chantent mal dans un micro. Un beau message de paix, en somme.
Je dois avouer que, malgré mes recherches, je n'ai pas réussi à identifier clairement l'apport de Daisuke Inoue dans l'Histoire du karaoké -peut-être une technique permettant de rendre plus supportable les fausses notes. En tout cas, cette Histoire ne s'arrête pas tout à fait là puisque, presque parallèlement, un inventeur philippin, Roberto del Rosario, inventait le Minus-One, soit l'alliance d'un micro, d'un amplificateur et d'un système permettant d'ajouter en live des effets comme de l'écho ou de la réverbe... Ce qui n'est pas loin d'être une machine à karaoké.

Tout ceci, cependant, n'a pas grand chose à voir avec la chanson bosnienne, Korake ti znam. Mais pour éviter d'être complètement hors sujet, saviez-vous que le plus grand karaoké du monde a réuni derrière le même micro plus de 80 000 personnes en 2006, en Finlande, sur la chanson Hard Rock Hallelujah, après sa victoire à l'Eurovision?

Maya Sar - Korake Ti Znam (Bosnie-Herzégovine)


Kaliopi - Crno i Belo (Macédoine)


Pasha Parfeny - Lăutar (Moldavie)

Le classement du jour, sans trop réfléchir, sans trop y revenir:

• Bosnie-Herzégovine, 6 points (Bosnia & Herzegovina, six points): je n'ai pas grand chose à dire sur cette dame qui fait la moue derrière son piano. J'aime plutôt, sans m'emballer plus que ça. Ça fait partie de ces chansons classiques que j'aurai oubliées deux candidats plus tard, mais qui réussit à faire passer les trois minutes agréablement. J'ai eu tellement peur que la sélection de l'année ne comporte pas de chansons comme ça...
• Moldavie, 6 points (Moldova, six points): c'est vrai qu'on manquait de chansons de fanfare traditionnelles cette année! Celle-là est tout à fait guillerette, j'aime bien. En attendant de voir ce que pourra apporter le live.
• Macédoine, 5 points (F.Y.R. Macedonia, five points): j'aurais aimé adorer cette chanson, parce qu'elle commence aussi mollement que la chanson bosniaque avant de s'emballer. Malheureusement, je trouve qu'elle ne s'emballe jamais complètement assez, que ça reste des guitares électriques un peu en toc, qui font finalement moins «sale» que la voix cassée de la chanteuse. À la fin, j'en viens à me dire que tout cela était un peu inutile et c'est dommage.