Neuf minutes pour convaincre (10): Serbie, Islande, Irlande

Saviez-vous que Ruslana avait été députée au Parlement ukrainien? Voilà un argument imparable à opposer à tous ceux qui diraient que l'Eurovision, c'est naze, les chansons sont pourries et on oublie les gagnants aussitôt la soirée finie. Voilà la preuve que remporter l'Eurovision permet de créer une vraie carrière sur la durée! Et encore, Ruslana n'est restée qu'à un échelon national, mais la lettonne Marie N, qui a gagné en 2002, est devenue ensuite ambassadrice d'honneur à l'Unicef. L'Unicef, quoi!
C'est bien la preuve que la Lettonie manque de célébrités...
Quant à Élena Paparízou, elle a eu l'immense privilège d'enregistrer un duo avec Nikos Aliagas. Et ça, c'est vraiment pas de la gnognotte.
Et puis Alexander Rybak!
Bref...

On peut comprendre, donc, que des candidats malchanceux s'accrochent, tentant de nouveau leur chance, un peu comme dans Koh Lanta, pour enfin décrocher la timbale. Après tout, cela a bien réussi à Dima Bilan, passé de la deuxième place en 2006 à la première deux ans plus tard! Ce sera peut-être le sort du serbe Željko Joksimović qui a déjà frôlé la victoire en 2004, l'année de Ruslana, avant de composer deux autres chansons, en 2006 et 2008, où, en plus, il a présenté le show, ce qui lui a permis de se dire qu'il pouvait ne rien faire en 2010, avant de revenir, donc, en 2012. Mais peut-être aura-t-il épuisé toutes ses forces, à force... Dans ce cas, peut-être que la stratégie de l'islandais Jónsi sera meilleure. Il n'avait atteint que la dix-neuvième place en 2004 (c'était moins bien que Jonatan Cerrada), mais il a su peaufiner son come-back, qui a lieu huit ans après. Les irlandais Jedward, eux, tentent l'exact contraire, suivant l'adage qui dit que, quand on tombe de cheval, il faut remonter aussitôt. Ils étaient huitièmes l'an dernier, ils peuvent espérer faire mieux maintenant que le public sait à quoi s'attendre et n'a pas eu le temps de les oublier. Ou faire pire, maintenant que le public sait à quoi s'attendre et n'a pas eu le temps de les oublier...

Željko Joksimović - Није љубав ствар (Nije ljubav stvar) (Serbie)


Gréta Salóme & Jónsi - Never Forget (Islande)


Jedward - Waterline (Irlande)

Le classement du jour, sans trop réfléchir, sans trop y revenir:

• Islande, 8 points (Iceland, eight points): je ne suis pas encore monté au-delà des huit points cette année, malgré vingt-sept chansons, mais celle-là n'en est pas loin. C'est un duo homme/femme qui ne mise pas sur le sirupeux et j'aime beaucoup leurs voix, l'ambiance générale et, beaucoup beaucoup, les violons.
• Serbie, 7 points (Serbia, seven points): je me demande si Florent Pagny pourrait comprendre ce que dit l'interprète sourd, s'il voyait ce clip. Je me demande aussi ce qu'Hélène Segara se dirait, si elle entendait la musique sur laquelle chante le chanteur parlant. Mais malgré quelques notes qui ressemblent à L'amour est un soleil, malgré un interprète qui vit beaucoup beaucoup sa chanson, c'est un joli morceau, qui pourrait donner lieu à un beau moment sur scène. Et c'est une preuve qu'il peut se passer un truc, même si c'est chanté dans une langue locale. Je commençais à désespérer.
• Irlande, 6 points (Ireland, six points): j'ai failli ne pas les reconnaître, coiffés à peu près sobrement dans un décor asiatique... Je crains même qu'une part de mon jugement soit influencée par mes hormones, parce qu'ils sont plutôt séduisants, en fait, les Jedward, quand ils ne sont pas coiffés en l'air et avec les lunettes de soleil de Lady Gaga. D'autant que, pour chanter ce qu'ils chantent, qui ressemble très fortement à une chanson pop pour teenagers que ne renieraient ni les Jonas Brothers ni les One Direction, leur look excentrique n'apporte rien. En tout cas, à l'écoute seule, ce n'est pas désagréable.