Bienvenue dans mon cabaret, où coule l'absinthe...

La grande philosophe Mylène Farmer le prédisait elle-même: 2008 sera cultu-u-rel, c'est écrit dans ELLE . Ceux qui, conséquemment à cette annonce qui promet un billet pénible, souhaiteraient quitter ce blogue immédiatement en attendant un billet bien plus intéressant sur Jérémy Chapron de la Star Academy 7, sont néanmoins priés de retenir une information cruciale, qui leur donnera l'impression de n'être pas venus pour rien et soulagera un charmant jeune homme très sympathique mais à la tâche ingrate: aux Folies-Bergère, les toilettes sont dans la salle, à droite.

Jusqu'en 2007, je nageais dans une certaine médiocrité.
De West Side Story, je ne connaissais rien, si ce n'est le America que Dorothée et les Benny B interprétaient dans Le Cadeau de Noël et quelques bribes de I feel pretty ou Maria, ce qui est bien peu, pour un film de 2h30. Mais que voulez-vous, un film de 2h30 datant de 1962, même quand on éprouve une certaine curiosité à son sujet, nécessite une certaine motivation qui doit en plus tomber en même temps qu'une diffusion à la télé. En 2008, ce jour est enfin arrivé.

West Side Story est donc bien, comme cela se murmure ici ou là et notamment à l'Académie des Oscars, un chef-d'œuvre. La musique de Leonard Bernstein est extraordinaire, d'une modernité époustouflante,
offre quelques chansons d'anthologie (America, I feel pretty, Gee, Officer Krupke) mais aussi de magnifiques chorégraphies de ballets, elles aussi très modernes (ces claquements de doigts des Jets en ouverture!, ces combats de rue pas du tout crédibles!). Le film est d'ailleurs dans son ensemble un festival visuel, avec ses couleurs pétantes, tellement sixties. La thématique est elle aussi étonnante d'actualité, par la manière dont elle aborde l'immigration et la difficile intégration (pour les Sharks), le racisme (pour les Jets et la police) et malgré tout une certaine idée du rêve américain (pour les Porto-Ricaines). Et évidemment, la romance inspirée de Roméo et Juliette, y trouve tout à fait sa place, servie par un couple so hollywoodien incarné par Richard Beyner et Natalie Wood, tiraillés (mais elle plus que lui, il faut être honnête) entre leur "famille" et leur amour, qui essaient, seuls contre tous, d'arrêter une véritable guerre des gangs, dont la tension est particulièrement bien rendue tout au long de la deuxième partie du film.

De Cabaret, je ne connaissais rien, si ce n'est Willkommen, Money, Money ou Cabaret, régulièrement utilisées dans les spectacles de l'École de Carmen Arranz mise en scène dans Un, Dos, Tres. J'ignorais même, comble de l'hérésie, que l'histoire se déroulait dans l'entre-deux-guerres en Allemagne et racontait la montée du nazisme. Et, il faut aussi l'avouer, je m'en foutais un peu, ça ne me dérangeait pas de ne connaître Liza Minelli que pour son rôle de Lucille 2 dans Arrested development et je ne songeais pas plus à voir la pièce jouée depuis 2006 à Paris. En 2008, ce jour est pourtant arrivé.

J'ai encore peu l'habitude des comédies musicales sur scène (et de toute façon, une comparaison avec Le Roi Lion me semble osée), mais je crois bien que ce Cabaret
de Sam Mendès et Rob Marshall est un chef-d'œuvre. La mise en scène est totalement débridée, à l'image du Kit Kat Club et de son maître de cérémonie, absolument déjanté, Emcee (hier, David Alexis, épatant). Les Folies-Bergère sont littéralement transformées en cabaret et le spectacle n'est pas tout le spectacle. Les acteurs se promènent sur la scène et dans la salle avant le lever de rideau (qui n'existe pas, puisque sinon, on ne les verrait pas, cachés derrière le rideau) en fumant leur clope malgré la loi Évin et en testant leurs instruments. Une fois le show commencé, Emcee passe dans les rangs pour faire le baisemain, tandis que les comédiens en attente observent la scène, perchés dans les escaliers, et tout un chacun met autant de conviction à s'embrasser, à s'enculer (pas pour de vrai, hein), qu'il soit au cœur de l'action ou figurant dans le fond (absolument subjectivement, je citerai Victor, le saxophoniste, incarné par Éric Jetner, habitué des caméras: Attention Mesdames et Messieurs ou Entrée d'artistes). Beaucoup de sexe très ambigu, un peu de drogue, beaucoup de musique jouée en live par un orchestre perché face au balcon, Cabaret offre un spectacle rythmé où le spectateur trouve forcément quelque chose à regarder. Du moins pendant le premier acte! Pendant le deuxième, nettement plus court (une quarantaine de minutes, sur 2h20), on ne plaisante plus. Le nazisme est là, les beaux projets sont avortés, Sally Bowles (hier, Virginie Perrier) chante seule dans la lumière un Cabaret impeccable et vocalement scotchant, jusqu'au final, qui fait froid dans le dos.

Commentaires

Jeanne ou Serge a dit…
Quoi??? Tu n'avais pas encore vu West Side Story??? Honte sur toi... Quel film! Et les numéros de danse... Cultissime!

Posts les plus consultés de ce blog

Lilly-Fleur Pointeaux nue (n'est pas dans ce billet)

À lit ouvert

The boys from Ipanema