Grandeur et décadence

Il était une fois, à la fin des années 1990, un jeune acteur nommé Jérémie, avec un i et un e (contrairement à Jérémy de la Star Academy et même à la plupart des Jérémys). Il avait compris, bien avant Édouard Collin, que sa belle gueule pourrait lui permettre de décoller un peu plus rapidement dans le métier que des acteurs aussi bons que lui, si pas meilleurs, mais au physique plus approximatif. Pour cela, sa méthode, la plus efficace: devenir une égérie gay, ce public si cultivé et surtout tellement fidèle et tellement en quête de reconnaissance qu'il pourrait trouver absolument brillante l'idée d'un remake de La Cage aux Folles avec Steevy Boulay dans le rôle principal.

Ainsi, après un premier rôle dans un court-métrage de François Ozon où il partage le même lit qu'un garçon (sans que personne ne puisse présager de ce qui arrive par la suite, puisque personne n'a vu en vrai ledit court-métrage), le jeune homme lance sa carrière d'un coup d'un seul avec un film acclamé par Têtu, dans lequel il fornique sauvagement sur la plage avec Stéphane Rideau des Roseaux sauvages et se tripote joyeusement sous la douche dans sa salle de bains, le tout avec une affiche explicite de Pierre et Gilles, lui valant l'énorme privilège de voir doubler le nombre de photos le concernant selon qu'on filtre ou non les résultats sur Yahoo! Images. Évidemment, on retiendra surtout que Presque rien est une magnifique histoire d'amour impossible, dont j'aimerais beaucoup qu'«on» m'en explique la fin.

Par la suite, Jérémie Elkaïm, car il est plus que temps de donner aussi son nom, cultive une image d'acteur un peu underground en jouant dans Le Pornographe, avec Ovidie et Titof (et Jean-Pierre Léaud, aussi...) puis dans Sexy Boys, avec Matthias Van Khache et Julien Baumgartner dans lequel il se retrouve aux urgences pour une sombre histoire de bouteille mal placée, après avoir ravi ses amis en leur offrant un succulent plat de pâtes avec lesquels il s'était masturbé. Sentant qu'il a commis un impair avec ce dernier film, pourtant nettement plus supportable qu'American Pie, il se recentre sur ce qu'il fait de mieux et drague le même Julien Baumgartner dans À cause d'un garçon diffusé en prime-time un mercredi soir sur M6. Une histoire bouleversante sur la découverte de l'homosexualité, on dira (pour faire plaisir).

Comme Jérémie ne voudrait pas que cette odieuse manœuvre se voit trop, il se fait inviter dans Good As You, émission ultra-communautaire de Canal Jimmy. Bien lui en a pris, on ne le revoit qu'en 2006, quatre ans plus tard, dans Le Bureau, adaptation française de The Office acclamée par la critique jusqu'à la diffusion de la version américaine et l'annulation d'une saison 2 pourtant annoncée. Il y joue Paul, employé finalement tout aussi détestable que tous ses collègues qui passe ses heures de bureau à draguer la secrétaire. Ce rôle le remet néanmoins sur les rails, en lui permettant d'élargir sa palette de jeu à l'hétérosexualité. En ce début d'année 2008, cet effort paye enfin et l'ancien acteur prometteur se voit enfin récompensé. Au même titre que nombre de grands acteurs, tel Pierce Brosnan pour L'Oréal, Philippe Bas pour Mennen ou Louise Monot pour Bourjois, l'ex-égérie gay est devenue une égérie publicitaire.

(Et il est quand même toujours super sexy)

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