Ceci n'est pas un tweet

Je suis donc du genre à aller à Bruxelles juste pour m'asseoir dans un parc et écouter Les nouveaux romantiques de Karen Chéryl à la radio.

En vrai, si je me suis retrouvé face à un jet d'eau très énergique, comme j'aurais très bien pu le faire juste en allant à deux cents mètres de chez moi (sans redouter le coup de vent qui rend humide, en laissant la poisseuse impression d'être parfumé du même coup), c'est simplement parce que j'étais très en avance sur le planning de mon week-end-au-milieu-de-la-semaine à Bruxelles, en sortant plus vite que prévu du Musée Magritte, au bout d'une heure et demie, ce qui fait court pour 8€.

Il y a un premier problème, il faut dire: c'est que, de Magritte, je ne connais rien ou presque. Un homme avec un chapeau melon et une pomme, des tas d'hommes qui pleuvent comme dans les chansons de Geri Halliwell ou une pipe qui n'en est pas une. Et aussi un énorme caillou qui vole. Heureusement, d'ailleurs, que je le connaissais, puisque ça me faisait au moins une œuvre que je connaissais que j'ai pu croiser dans le Musée Magritte, au milieu d'une tonne de variations sur les pommes, les chapeaux melon, les pipes, les nuages ou les boules bizarres. Ça pourrait sembler ennuyeux que le Musée Magritte n'abrite pas les tableaux en top priorité sur la liste de Google Images quand on tape justement Magritte (du moins, quand on tape son nom sur le clavier), mais cela permet naturellement de mettre en valeur le reste de son œuvre, qui s'étale des années 1920 aux années 1960, en commençant par des pubs très «années 20», avec une grosse vague de surréalisme et quelques incursions dans l'impressionnisme et la sculpture.

La Joconde, René Magritte, 1962

Je n'ai pas eu d'idée, je n'ai pensé qu'à une image.
René Magritte

Seulement j'ai un problème, et pas des moindres, si je trouve les tableaux de Magritte globalement beaux sur un plan esthétique (au moins les plus pleins de nuages, de chapeaux melon, de pommes, de boules bizarres, voire de pipes) et parfois drôles, je suis absolument incapable d'y trouver un sens ou même de savoir par où chercher... voire de croire résolument qu'il en existe toujours un. Et puis, au détour d'une des citations gravées sur les murs, Magritte déclare:
Le terme «composition» suppose une «décomposition» possible sous forme d'analyse par exemple. Dans la mesure où mes tableaux sont valables, ils ne se prêtent pas à l'analyse.

Il n'en fallait pas plus pour accepter d'être un béotien et me contenter du côté «joli» des tableaux. Et dans ces conditions, une fois passé tout le travail autour du langage et des images qui m'a un minimum interpelé (même sans le «ceci n'est pas une pipe»), il m'était impossible de rester dix minutes à contempler chaque tableau. D'autant que le Musée dispose d'un léger problème dans sa scénographie. Les murs intégralement noirs sont du plus bel effet, comme les citations gravées sur les murs, les points biographiques sont concis et placés au début de chacun des trois étages (avec une progression chronologique loin d'être respectée dans les étages), mais on ne voit rien! On est réellement au-delà de l'ambiance tamisée... Et si c'est pour protéger la peinture (qui en a besoin, les aplats de noir se craquellent fréquemment, gâchant un peu l'effet voulu), il est dommage d'avoir éclairé les toiles de telle sorte qu'il faille impérativement se mettre vers la gauche pour ne pas être gêné par le reflet des lampes sur les vitrines.

La poésie est une pipe.
René Magritte

J'ai donc finalement déambulé devant les tableaux, comme un peu tout le monde, puis, une fois finie ma visite des trois étages, je suis juste sorti, sans être terriblement bouleversé, ni complètement subjugué.
De toute façon, je ne suis pas dans le même trip que Magritte; ceci n'était effectivement pas un tweet.


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