Où j'épilogue sur mon voyage en Belgique, parce qu'on ne va pas faire dix-neuf billets pour même pas trois jours sur place...

Le moment est donc venu d'évoquer le but premier de mon voyage, qui n'était pas réellement Bruxelles (et j'espère qu'elle me pardonnera cette légère infidélité). Mais cette année, Bruxelles n'est pas the place to be quand on veut visiter un nouveau musée sur un grand artiste belge.
Enfin, si, éventuellement, avec le Musée Magritte. Mais Magritte est-il cité dans The Reader?
Évidemment non, alors que Tintin, si.
Ce qui prouve l'importance du Musée Hergé.

En route, donc, pour Louvain-la-Neuve, riante cité universitaire située à une heure de la Gare du Midi, ses commerces, sa gare, ses commerces, son université, ses commerces, son cadre terrrrrrriblement authentique et son Musée Hergé qui apparaît au détour d'une rue à l'orée de la forêt, par-delà l'autre côté du petit pont de bois.


Une première précision s'impose: si c'est bien Tintin qui regarde vers le ciel (oui, oui, je vous assure que c'est lui, même s'il est de dos), c'est «Hergé » qui est écrit en gros à côté. Voici donc un musée consacré à toute l'œuvre de Hergé, à Tintin, mais aussi à Quick et Flupke, à des personnages inconnus et à ses travaux publicitaires des années 1920/30. Pour cela, une dizaine de salles réparties sur trois niveaux, pour 9€, audio-guide compris dont je ne pourrai rien vous dire, car j'ai eu la prétention de croire que je pouvais m'en sortir sans (je continue de le croire, mais j'ai su après que l'audio-guide proposait aussi des petits quizz et des jeux, que j'aurais adoré faire pour avoir des bonnes notes ou pour être dégoûté d'une éventuelle mauvaise réponse et juger la question fondamentalement mal formulée). Quiconque ne s'est pas plongé dans les fondamentaux de la littérature hergéenne, ne connaîtrait pas Tintin et le Thermozéro, ne serait pas au fait des affres sentimentaux de l'auteur, ignorerait même qu'il existe trois versions de L'île noire et pourquoi la deuxième et la troisième existent, aurait par contre tout intérêt à utiliser l'audio-guide, car il ne trouvera de toute façon presque aucune information sur les murs.

Le visiteur trouvera quelques phrases de Hergé sur les murs, une ligne ou deux à l'entrée de chaque salle, ainsi que les dates des planches exposées comme des tableaux (avec les matériaux utilisés), mais ne saura pas qui sont ces gens sur les photos de famille exhumées, quel est ce film des Marx Brothers projeté, qui a fait ces ébauches de bateau. Les planches ne sont pas là pour raconter une histoire, mais pour être exposées (à l'inverse de l'exposition à Beaubourg et de sa salle consacrée à l'intégralité des planches du Lotus Bleu). Mais à tant laisser l'œuvre parler pour elle-même, on pourrait presque croire que le Musée tend à minimiser l'importance des collaborateurs du Studio Hergé. Pourtant, quand on regarde une planche originale de L'île noire version 1965, ce n'est pas tant le travail d'Hergé que celui de Bob de Moor qui est exposé. Il suffirait de comparer avec la planche équivalente de la version 1943, juste à côté, et bien plus épurée dans les décors, pour le comprendre. En passant cet élément sous silence, on en viendrait presque à se demander (j'en suis venu à me le demander, en tout cas) dans quelle mesure Hergé était lui-même l'auteur de ses planches, au vu du fourmillement de détails dans certaines cases du Sceptre d'Ottokar ou sur la couverture de On a marché sur la Lune, qui ressort d'autant plus avec les planches originales.


À côté de ça, il suffit de regarder les extraits choisis du Lotus Bleu (antérieur à toute collaboration au dessin) pour se convaincre du talent d'Hergé, de la grande lisibilité de ses planches, de leur clarté, qui tend à disparaître quand Hergé prend de l'âge et délègue de plus en plus, pour ne garder que le dessin des personnages. Mais le Musée ne se contente pas d'exposer des «tableaux». Deux salles les mettent en perspective avec des photos d'actualité d'époque, une autre consacre une vitrine à chaque personnage emblématique des Aventures de Tintin, et une dernière -la plus intéressante- met en perspective un album de la série avec les différentes influences cinématographiques possibles à sa création. En descendant, l'une des dernières salles choisit de mettre en parallèle, malheureusement d'une façon un peu brouillonne, différentes séquences de l'œuvre avec la documentation utilisée par Hergé, sur les peuples d'Afrique, les Incas ou l'Asie. Il se dit que le Musée Hergé prévoit de changer régulièrement les pièces exposées (il y a de la matière!), ce sont principalement ces salles-là qui devraient être concernées, que ce soit pour un simple changement de planches ou même d'un autre album examiné, d'une autre séquence mise en exergue.

Il faut dire qu'en sortant du Musée, qui contient également une salle sur les Studios Hergé et une salle sur la gloire d'Hergé, on ne peut qu'avoir envie d'en voir encore plus, que ce soit de la main exclusive d'Hergé ou que ses collaborateurs (plutôt brillants, de toute façon) y aient participé. D'autant que la visite du Musée est très agréable, des douces couleurs utilisées pour les murs aux passerelles à chaque niveau qui montrent chaque fois un nouveau recoin, dont certains sont encore inexploités.

Commentaires

Vincent a dit…
Et ils disent si Tintin est pédé, au final, ou bien ?
Pierre a dit…
Rho! Déjà qu'ils ne disent rien sur d'éventuelles relations collabos de Hergé pendant la Guerre, alors tu penses bien que les penchants sexuels de Tintin sont encore cachées au public.
Jeanne ou Serge a dit…
Mince, je vais relire mes classiques et mener mon enquête... Une telle révélation après tant d'années...

Posts les plus consultés de ce blog

Lilly-Fleur Pointeaux nue (n'est pas dans ce billet)

À lit ouvert

Le cadeau de Noël