Un billet idéalement placé à la date anniversaire de ma mère

Être seul au cinéma, c'est cool, ça donne un peu l'impression d'assister à une projection privée. Mais ça peut aussi être déroutant. Par exemple, quand j'avais envie de sourire, ou même de rire, devant J'ai tué ma mère, était-ce vraiment l'intention de Xavier Dolan, ou alors était-ce juste la faute de l'accent québécois et de cette manière si convaincante et convaincue de dire «Hey!» qui se suffirait probablement à elle-même dans les épisodes de Têtes à claques?

Comme je n'assume pas de me moquer des accents, je vais croire que certaines disputes entre Hubert Minel et sa mère avaient effectivement pour vocation de faire sourire, parce que certaines de leurs remarques sont vraiment décalées, tandis que leurs disputes ne sont pas bien dramatiques, juste une relation normalement compliquée entre un fils un peu rebelle un peu con (et terriblement mal coiffé) et sa mère un peu larguée.

Dans ces conditions, cette relation qui se dégrade quand l'un ou l'autre refuse de comprendre se suit sans virer au pathétique, atteignant un point d'orgue vers une heure de film et une décision radicale. La suite est malheureusement un peu plus laborieuse, quand le film s'attarde davantage sur l'homosexualité d'Hubert, tout en délaissant nettement sa relation avec sa mère, et en traînant un peu avant son générique.

Mais finalement, J'ai tué ma mère est un objet cinématographique prometteur tantôt amusant, tantôt émouvant, tantôt onirique et un peu déroutant en voyant les personnages filmés dans un coin de l'écran en pleine conversation avec quelqu'un seul dans l'image, mais dans l'autre coin, parfois partiellement... bien que visuellement inspiré par Michael Haneke (et je n'ai pourtant vu que deux films de lui, voire un seul en double). Et tantôt pas clair, aussi, tant le sous-titrage (ou plus précisément le choix de ce qui devait être sous-titré ou non) semble très hasardeux.