Wild Wild West

Dans le Far West au XIXème siècle, c'est la loi du plus fort qui règne. Chacun est prêt à tout pour s'octroyer le plus de richesses, allant parfois jusqu'à escroquer un autre pionnier, voire un indien, mais c'est moins grave. White est de cette trempe-là, qui a mis au point un plan machiavélique afin de prendre possession de la ville entière, en accaparant la banque de Gerschwin, l'épicerie de Tong et le saloon de Luigi... Heureusement, pour contrer les plans de ces viles personnes, il y a aussi dans le Far West au XIXème siècle, de simples garçons vachers prêts à défendre la veuve et l'orphelin.

Lucky Luke est de cette trempe! Sans doute, d'ailleurs, aurait-il pu sans difficultés arrêter White et ses complices avant de repartir seul sur la route avec Jolly Jumper, mais il a beau tirer plus vite que son ombre, il n'en est pas moins homme et ne peut donc pas être au four et au moulin, aux quatre coins des États-Unis à la fois. Et justement, Lucky Luke est occupé à rejoindre la Californie en moins de quatre-vingt-jours pour empêcher un vil promoteur immobilier (et son complice de notaire qui l'accompagne) d'escroquer toute une caravane de pionniers qui ont tout misé dans un terrain tout à l'Ouest. Ça parait faisable, mais il faut encore préciser que le point de départ est New York, tout à l'Est, où Lucky Luke témoignait au procès des Dalton, au cours duquel ils se sont enfuis, avant de braquer quelques banques et de cacher leur magot dans ladite caravane, qu'ils préfèrent naturellement suivre, en espérant évidemment fausser compagnie à tout ce petit monde en cours de route. Il est vrai que, malgré tout, avec ses presque quatre-vingt aventures rondement menées, ce n'est pas une petite traversée de tout un pays encore relativement peu sécurisé avec quatre bandits et un troupeau de bras cassés (et Rantanplan) qui fournit une excuse pour que le héros ne s'occupe pas du cas White et fasse régner l'ordre partout sur son chemin... À sa décharge, parmi les bâtons dans les pattes de Jolly Jumper, on compte aussi le vil promoteur immobilier (et son complice de notaire qui l'accompagne) qui cherche par tous les moyens à empêcher Luke de l'empêcher de réussir à gagner un peu d'argent de manière fort peu morale...

Heureusement, il n'y a pas que Lucky Luke dans tout l'Ouest sauvage. Les habitants de Big City -ou plutôt leurs enfants, vu que les parents sont tous partis à la guerre contre les Indiens voisins- peuvent donc compter sur James Wayne, le plus intègre de tous les fermiers de la région, pour régler la situation, sauver La Belle, la sœur du méchant qui fait vibrer son cœur de futur célibataire endurci, résoudre le conflit avec les enfants du village indien voisin et même faire avancer (un peu) la cause des deux Noirs du village, Jefferson et Indépendance Warner (également connus sous le nom des Warner Bros.). Mais la tâche n'est pas aisée car White est un vrai fourbe.

On en voudra pour preuve qu'il a osé se faire passer pour un jeune homme d'à peine douze ans, alors qu'il en a treize et demi en vrai, juste pour ne pas aller combattre avec tous les adultes du village, les hommes (Olivier Baroux, réalisateur du très moyen Ce soir je dors chez toi, Pierre Ménès de 100% Foot, Julien Courbey du Raid duquel on croise aussi LoràntDeutsch pour un clin d'œil, Artus de Penguern de Grégoire Moulin contre l'Humanité), puis les femmes (Claire Borotra du Bleu de l'océan, Mme Bellefeuille des Filles d'à côté, Firmine Richard de 8 Femmes ), mais pas AtmenKélif (encore un de la "famille cinématographique" de Djamel Bensalah), trop neuneu, ni Eddy Mitchell, trop bourré. Plus terrible encore, le nouveau chef de la White House n'a pas d'autre ambition que de débarrasser Big City de tous les étrangers, grâce à ses complices avec lesquels il se réunit dans des réunions costumées avec des chapeaux pointus turlututu pour tabasser Wapiti de la tribu d'en face.

Big City, tout comme Tous à l'Ouest: une aventure de Lucky Luke, met en scène un Far West bourré de références, destinées parfois aux enfants, parfois à leurs parents. Dans l'un ou l'autre, on glisse un Radeau de la Méduse, un hommage à Morris et Goscinny, une Mrs. Robinson chargée de l'éducation des jumeaux Simon et Garfunkel, un patch de la paix, John Wayne... Mais ni l'un ni l'autre ne s'arrêtent à ça. Tous à l'Ouest est une aventure menée tambour battant, fourmillant d'idées graphiques comme les studios Xilam (à l'origine de la série Les nouvelles aventures de Lucky Luke) peuvent en trouver, sans manquer aussi de s'y embourber un peu, parfois, en ne sachant pas faire s'arrêter à temps une course-poursuite (trois fois, quand même...). On peut aussi regretter la voix d'Antoine de Caunes, remplacé par un Lambert Wilson beaucoup moins convaincant, et la faiblesse graphique de l'ensemble, par rapport à la série-mère. Un puriste remarquera que l'humour du film est loin de celui de Goscinny, mais surtout, hérésie!, la fin sans départ solitaire vers le soleil couchant.

Dans Big City, la réussite première est de rendre convaincants les enfants, particulièrement Vincent Valladon (un habitué des caméras du haut de ses treize ans) en cow-boy solitaire ou Charlie Quatrefages en poule de luxe trop maquillée. Mais le plus bluffant du casting reste Jérémy Denisty, dont la volonté à fouetter un Noir, fait froid dans le dos. Parce que, entre les clins d'œil rigolos et la parodie pure de western dont on retrouve tous les personnages emblématiques (comme dans Lucky Luke!), Big City a aussi un message à passer. Un truc bateau (la tolérance entre les peuples), mais voir des enfants porter le costume du KKK fait vraiment son petit effet. Comme Tous à l'Ouest, Big City connaît un petit coup de mou de temps en temps, essentiellement une fois la première tentative de putsch révélée (pas très finement, d'ailleurs, par un Eddy Mitchell pas très fin, d'ailleurs), mais l'un comme l'autre valent plus qu'un coup d'œil.

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