Le compteur et la chanteuse

Depuis hier, les questions fusent dans mon esprit. Je profite de cette tribune que je m'accorde à moi-même pour en faire part, et me libérer du même coup. Le Téléthon va-t-il pour la première fois ne pas battre son record de l'année précédente, comme le craignait Sophie Davant cette nuit vers 1h, constatant que le compteur bloqué aux 7000000 avait deux millions d'euros de retard par rapport à 2006? Nathan Lesermann, Laurent Artufel et les acteurs de Cœur Océan, y compris Alexis qui a donc survécu à sa greffe, vont-ils suffire à combler ce retard ce matin à la place de KD2A, tout comme la diffusion en morceaux d'un Change ta chambre de myopathe? La diffusion du premier prime sur une chaîne aussi confidentielle que France 3 n'a-t-elle tout simplement pas pourri la visibilité du Téléthon, malgré une énigme rapide dans la catégorie Événement à La Roue de la Fortune et un appel aux votes dons en fin de Star Academy? Alizée a-t-elle vraiment cru que la nouvelle réorchestration pop-rock punchy de Moi... Lolita pour se démarquer de la version dépressive de Julien Doré ferait oublier son audacieuse prise de risque beuglant faussement et avec un accent anglais particulièrement original "Hey mister didgé peut the raggadon i wanna dence wiz maï beïbé" pour citer Music de son idole Madonna dans le texte? N'aurait-elle pas pu, pendant les quatre dernières années où elle a eu un peu de temps libre, particulièrement maintenant qu'Annily sait marcher toute seule, toutoutoutoute seule, et que Jérémy est là pour s'en occuper, prendre un ou deux cours de chant qui lui auraient permis de ne pas faire éclater les tympans des gens en massacrant les couplets (le deuxième, surtout, un carnage) de sa propre chanson à elle, Mademoiselle Juliette, sous le simple prétexte qu'elle devait danser avec Maureen en même temps, alors qu'elle savait depuis sa dernière tournée (la seule... pour le moment?) qu'elle n'était pas forcément irréprochable dans l'exercice? Que faut-il vraiment penser de Psychédélices, le premier album d'Alizée sans Mylène, celui qui lui ressemble tellement qu'elle ne pourra plus jamais faire un disque qui lui ressemble autant (dixit elle-même dans Libération)? Avec toute la neutralité qui m'habite, sans me laisser corrompre par le sourire d'Alizée, qui est belle en vrai parce que, finalement, elle n'a que 23 ans et pas encore besoin du Photoshop, mais qui m'a aussi complètement pourri mon album à moi en édition collector en écrivant dessus avec un gros marqueur noir, sans faire attention à écrire autour du logo intérieur comme j'aurais pu lui demander si j'avais réussi à dire autre chose à la demoiselle que "Bonjour, pour Pierre, merci" après deux heures de queue, voici mon avis sur cette question brûlante.

Commençons par le commencement: le premier titre qui fait aussi premier single, Mademoiselle Juliette, qui n'est pas transcendant mais qui donne le ton de Psychédélices. Attention, en onze titres, Alizée qui a quitté Mylènetlaurent va tenter de faire du Mylènetlaurent, au moins dans la partie texte, faisant passer souvent les jeux de mots ou de sons avant le texte.
Comme une icône
Sous le Nikon
Fifty Sixty confirme cette impression, tandis que les musiciens rejettent (et tant mieux) les synthés de Laurent Boutonnat qui avaient pourri la production de Mes Courants Électriques... au siècle précédent ou presque, pour tenter des trucs qui font bien parce que, attends, hé, quand même, à côté de Jérémy Chatelain, on trouve les noms de Bertrand "Élu produit de l'année" Burgalat, Daniel "Cœur sacré" Darc ou même Jean Fauque qui est, paraît-il, ultra connu. Du coup, il faut bien que le tout soit hype, avec plein de bidouillages partout, comme des petits "Oh-ohoh" en fond sonore de Mademoiselle Juliette ou des "Yeahhh! Wouuuuh" sur Fifty Sixty. Comble du chic, Alizée parle alors de "taxi jaune". Ce pourrait être un hommage discret à la carrière de la lolita d'avant et son ami Joe le taxi, mais c'est aussi un teaser fantastique du titre numéro 3, Mon Taxi driver, une chanson bien plus posée, trop posée, avant que le moteur ne redémarre sur Jamais plus, un truc vaguement efficace (mais pas plus d'une fois) mais pas franchement original. Psychédélices, qui donne son titre à l'album, rime avec supplice. C'est lent, encore, trop lent!

Au numéro 6, l'espoir renaît, avec Décollage, signée Oxmo Puccino et Kore (de feu Kore&Skalp, forcément). Alizée rappe, c'est rigolo. Un peu pompé sur les prestations de Gwen Stefani, son idole numéro 2 après Madonna, mais rigolo, rythmé, punchy, surprenant, bien fait. L'idole numéro 3 d'Alizée après Madonna et Gwen Stefani doit être Nelly Furtado, tant
Par les paupières commence comme All Good Things de la chanteuse canadienne. Mais Alizée a raison de plagier s'inspirer, c'est bien, même si sa déclaration d'amour est étrange...
Traverser l'hémisphère
À cheval sur la lumière
Tu deviens mon héliport
Et puis soudain, ambiance western! Welcome, bienvenue à Lilly Town Valley, la chanson qui va enfin au bout du bout de son délire psychédélique. Ça ne veut absolument rien dire, on ne comprend pas les mots, mais ça sonne bien à l'oreille... La ville de Lilly, "où l'on s'écrit des mots doux comme Allez Simone Al et Simone", c'est le jeu de mots ou la vie! 1000 dollars de récompenses à qui fournit une explication non vaseuse de cet extrait:
Ad libitum
Fut le voyage
Balai delay
Faire Bree et le ménage
Ravie
Du bleu du ciel
Et des fa si fa sol
Des autres étoiles, aussi vu
Le do, scellées au sol
Coco lait chocolat cookies macadamiam
Et chaque soir des hommes
Qui jouent aux dames
Forcément, après Lilly Town, tout semble fade. Lonely List, surtout.
Forcément, après Lonely List, tout semble bien. Idéaliser, qui ne parle pas de Mylène Farmer, notamment. Au point que ce titre qui ne parle pas de Mylène Farmer aurait fait une belle conclusion. À la place, c'est une berceuse pour sa fille, L'effet, qui ne peut pas ne pas accomplir sa mission, même si Annily fait ses dents.
Forcément, du coup, dans l'ensemble, Psychédélices est loin d'être un échec mais n'est pas totalement transcendant, pas vraiment psychédélique et trop bancal pour être délicieux. Surtout, l'album devrait difficilement devenir un objet hype, ou Alizée une chanteuse encensée par Les Inrocks, même si le packaging de l'édition collector est particulièrement classe, et que le film Spychédélices, quatre six minutes vingt d'Alizée en voiture avec rien d'autre qu'un texte moyennement audible de Jean Fauque revisitant Psychédélices en accompagnement, est un must en matière d'arty.

Commentaires

Scarlett a dit…
Ah toi aussi tu es allée à la dédicace !

Moi je me suis présentée devant elle, lui ai tendu mes disques en oubliant de lui donner mon nom, la honte...et c'est la qu'elle m'a fait "c'est pour qui ?"

Je suis d'accord avec toi sur la critique...en tout cas si j'avais su je n'aurais pas pris l'édition collector, parce que le DVD, franchement...bon je me tais.

Les textes sont pas mal du tout (meme si on en comprend pas la moitié), mais bon, dans l'ensemble je trouve que ca ne décolle pas assez, une magie est perdue...

Je retourne écouter Gourmandises.

Bisous

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