Une étude sociologique succinte avant d'être complètement en vacances...

Contrairement à une rumeur trop souvent relayée par l'Éducation Nationale, l'élève de sixième ne vit pas que pour apprendre. Parfois, même, apprendre, il n'en a rien à faire. Par exemple, lâché dans le département des Antiquités Égyptiennes du Musée du Louvre avec deux fiches de questions à remplir en se basant sur les panneaux descriptifs proposés par le Musée, il est possible que l'élève de sixième préfère étudier les bancs régulièrement disposés par l'architecte pour se reposer et/ou contempler les momies, les sarcophages et les autres pièces de la collection. Peut-être même que, de son épopée parisienne, il gardera un meilleur souvenir de la partie en métro à essayer de ne pas tomber dans les virages mais sans se tenir (ce qui sera sans doute le cas d'au moins un des professeurs -moi- qui, même s'il aime beaucoup l'Égypte des Pharaons et que les élèves ne manquent pas de lui faire remarquer sans tact pendant le voyage qu'il n'aurait pas dû se faire couper les cheveux et qu'il a les sourcils difformes, préfère la sécurité du transport en commun au vaste monde et les élèves en liberté sans avoir le temps de regarder soi-même les pièces exposées).

Un autre exemple, pour les plus sceptiques...
On propose à un autre échantillon de sixièmes de travailler en groupe (de deux, soit une table, car il faut quand même rester raisonnable) pour le dernier cours de l'année, à tenter de résoudre les problèmes du concours Kangourou. L'élève de sixième, naturellement, s'enthousiasme, même si son intérêt retombe un peu lorsqu'il apprend que ce n'est pas noté. Mais qu'importe, grâce à un stratagème particulièrement machiavélique consistant à faire offrir au professeur par certaines des meilleures élèves des crocodiles Haribo, que le professeur ne peut que consommer immédiatement pour ne pas gâcher, rendant délicate une réponse négative à la question "Vous mangez? Alors on peut manger aussi?", les élèves les moins motivés peuvent se consoler en dégustant les restes sucrés de la boum organisée pendant l'heure précédente. C'est là, inéluctablement, que le drame se noue, car, d'un coup, les élèves se retrouvent impliqués dans la plus classique des luttes des classes. En effet, seuls les "bi-langues" ont eu droit à la boum, tandis que les autres ont eu droit à un cours beaucoup plus banal et chiant. Et presque subitement, quiconque sort un bonbon de sa poche attire vers lui une horde d'élèves en manque de sucre, la bave aux lèvres ou presque (sauf N., occupé à en profiter pour copier quelques réponses de-ci de-là...). L'expérience montre alors que, face à un si grand nombre de crevards prêts à se jeter
pleins d'espoir sur un papier vide, même la résolution d'un problème de maths ne permet pas de retrouver le calme et l'ordre, et que donc, parfois, l'élève de sixième s'en fout d'apprendre.
Et grave.

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