Jeu sans frontières

Avant, le summum du jeu télévisé, c'était de se retrouver face à Marie-Ange Nardi et, accompagné d'une merveilleuse musique d'ascenseur, de lui dire deux ou trois mots, comme rapace, faucon et Eiffel pour espérer qu'elle soit dans un bon jour et réponde vautour. Mais désormais, les choses ont changé... Certes, ce genre d'échanges revient à la télévision ces derniers temps, avec même des gens encore plus incompétents que Marie-Ange, mais l'atmosphère n'est plus la même.

Finie la franchouillardise: maintenant, quand on passe dans un jeu télé, on n'est pas là pour plaisanter, on est là pour jouer sa vie! Et tout est fait pour que chacun chez soi ressente aussi la pression terrible qui se joue sur le plateau, pour que l'émotion gagne finalement quand s'ouvre la boîte à 500000 euros. À défaut d'avoir Arthur comme animateur (ce qui n'est pas forcément génial), toute la réussite d'un jeu dépend de l'ambiance, de la lumière, de la musique, des couleurs, de codes précis, de quoi faire monter le suspense à son paroxysme... Tout ça depuis que Qui veut gagner des millions? est apparu.

En 2006, Qui veut gagner des millions?, ses jingles et sa mise en scène permettaient même à Mon meilleur ami d'éviter d'être juste une grosse bouse, parce que, entre deux questions de Jean-Pierre Foucault à Dany Boon, les lumières et la musique un peu anxiogène propres à l'émission avaient le pouvoir de provoquer des frissons. Ce qui est d'autant plus méritoire quand on se demande depuis plus d'une heure l'intérêt du film et où il est censé être drôle... Heureusement, grâce à Danny Boyle et à Slumdog Millionaire, Qui veut gagner des millions? est réhabilité au cinéma!

Parce qu'il est difficile de ne pas être ému au moment de la toute dernière question du jeu, plus encore de sa réponse (d'autant que celle-là est curieusement moins compliquée que d'autres, concernant éventuellement un poète indien) -non, je ne vous spoile rien, vous le saurez dès le début du film car l'essentiel n'est finalement pas là... Mais si cette émotion tient de la mécanique du jeu, elle résulte aussi et avant tout des presque deux heures qui précèdent, qui sont un chef-d'œuvre. Car à ce moment précis où Jamal Malik donne l'ultime réponse, toutes les pièces du puzzle se sont remises dans l'ordre et on sait pourquoi il joue sa vie. Au travers des questions du jeu (d'un nombre indéterminé, mais qui ne semble pas coller avec la version française, ce qui n'est pas la seule différence) et de l'autre interrogatoire auquel il est soumis, ce sont autant d'allers-retours dans sa vie qui nous sont proposés, parfois drôles, parfois beaucoup plus tragiques.

Slumdog millionaire évoque ainsi au passage quelques événements de l'Histoire de l'Inde méconnus ici, des icônes culturelles aux problèmes religieux. Alors, tant pis si, finalement, ce n'est pas parce qu'on chante Mignonne allons voir si la rose qu'on sait que c'est du Ronsard et qu'on peut répondre au Jean-Pierre local! Le tout est absolument passionnant, de bout en bout, par son montage ultra-maîtrisé, ses changements d'intrigue ou l'histoire d'amour impossible en toile de fond (à laquelle on ne peut pas rester insensible), rythmé par une bande originale excellente qui finit en apothéose au cours d'un générique de fin assez surprenant et fabuleux (finalement un peu cliché Bollywood, mais on s'en fiche!). Quant aux acteurs, ils sont parfaits, en particulier les différents Jamal Malik qui sont étonnants de ressemblance.

Commentaires

Anonyme a dit…
Marie-Ange NARDY incompétente?!
on serait pas séparés par tant de kilomètres t'aurais eu droit à une sévère punition
Anonyme a dit…
(D'abord, Marie-Ange était bien souvent meilleure que Laurent Broomhead, tu ne peux pas écrire des méchancetés comme ça)
Malgré mon adoration pour les jeux télé, la bande annonce de ce film ne m'emballe pas. Peut-être parce que ça ne se passe pas en France, et que ça me fait un peu bizarre de voir que les jeux télé que je connais chez moi ne sont que des importations présentes un peu partout dans le monde, sans aucune personnalisation. En plus, je ne suis pas très Bollywood, donc je n'irai pas.
Et sinon, dans la traduction en français, ils ont repris la formule "C'est votre dernier mot ?" ?
Pierre a dit…
Vous m'accorderez, je l'espère, le fait que Claire Gautraud (nue) était bien meilleure que Marie-Ange Nardi et que celle-ci était tellement moins bonne que Patrice Laffont en présentatrice.

RR, si c'est juste ton amour pour les jeux télé qui te pousse éventuellement vers ce film, n'y va pas, ce n'est pas ça (au fait, as-tu vu Mon meilleur ami?). Si c'est le côté Bollywood qui te rebute, ne te prive, ce n'est pas ça, à l'exception d'une scène, que tu peux t'éviter facilement. Quant à la phrase, elle n'a rien à voir en anglais d'Inde, mais la mécanique du jeu semble assez différente, sans paliers. À moins qu'il y ait eu quelques arrangements avec la réalité. Après tout, le présentateur n'est même pas vrai.
Anonyme a dit…
(Non, je n'ai pas vu Mon meilleur ami)
En fait, tu n'es pas le premier à m'inciter à aller voir ce film, et donc, j'essaie tant bien que mal de trouver des arguments plus forts que de seulement dire "Je n'ai pas envie d'y aller" pour prouver mon absence d'enthousiasme à aller voir ce film, fut-il excellent.
Anonyme a dit…
Je me joins au choeur des protestations pour dire que Marie-Ange était trop forte en "maîtresse mot" et que tu n'es qu'un jaloux, même si en écrivant cela j'ai l'impression d'entrer dans la peau d'un fan de Mylène (même si en écrivant cela je réalise que c'est une formulation un peu à double sens quand on parle des fans de Mylène).
Anonyme a dit…
Je reviens ici après avoir vu Slumdog Millionaire...(donc je pense que personne ne verra mon comm à part toi mais bref...)
Donc je partage complètement ton avis sur ce film (et on parle plus de Marie Ange là !) J4ai vraiment été touché par cette vie en Inde moi...

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