Plus grandir

Vers huit ou neuf ans, j'avais été voir Maman, j'ai encore raté l'avion... et je suis perdu dans New York au cinéma. Je ne me souviens plus trop si j'avais vu Maman, j'ai raté l'avion! dans les mêmes conditions, mais je connaissais forcément ce film, puisque j'étais fan absolu de Macaulay Culkin, que je considérais forcément comme mon moi idéal, mais comment ne pas rêver de lui ressembler un peu?


À la sortie de Maman, j'ai encore raté l'avion... et je suis perdu dans New York, j'étais donc extrêmement enthousiaste, parce que j'allais retrouver Kevin McCallister et les méchants, mais dans encore plus d'aventures, et en plus à New York! Et je n'ai pas été déçu, loin de là! Au contraire, j'ai adoré voir Kevin courir dans New York, les oiseaux de Monsieur Duncan, la clocharde aux pigeons, tous les pièges inventés par Kevin qui est quand même extrêmement malin mais aussi toutes les astuces déployées à base de films noirs enregistrés pour convaincre la direction de l'hôtel de la présence de son père légèrement inquiétant. Pour couronner le tout, il y a, dans Maman, j'ai encore raté l'avion... et je suis perdu dans New York, une situation absolument culte dite du passage de valise à l'aéroport, quand chacun des nombreux membres de la famille passe une valise à son voisin de droite en disant «passe à Kevin», jusqu'à ce que, arrivé en bout de chaîne, on réalise que «Kevin n'est pas là», une information qui finit par revenir à Madame McCallister, de s'écrier «Kevin» avant de tomber dans les pommes.
Fameux!

Il était donc évident que, avec son scénario plus fort, plus long, plus drôle (et son titre à rallonge), je préférais Maman, j'ai encore raté l'avion... et je suis perdu dans New York à Maman, j'ai raté l'avion. Un peu comme, quelques années plus tard, j'allais préférer Le Monde Perdu: Jurassic Park à Jurassic Park, le premier ajoutant au deuxième une extraordinaire visite de San Diego en tyrannosaure.

Mais les dernières vacances de Noël ont été une véritable révélation.
D'un seul coup, en voyant les deux films un jour après l'autre, j'ai réalisé à quel point Maman, j'ai encore raté l'avion... et je suis perdu dans New York n'était qu'une copie de Maman, j'ai raté l'avion! jusqu'à la dame aux pigeons qui fait peur (chargée de remplacer le voisin d'en face qui fait peur) ou l'usage du dictaphone. Les seuls apports de la suite sont finalement le vœu de Noël, au pied du sapin de Rockfeller Center et des gags encore qui vont encore plus loin dans la ridiculisation des bandits et la mise à mal de leur anatomie. Un côté cartoonesque que j'apprécie beaucoup moins maintenant, et c'est le moins qu'on puisse dire. Par ailleurs, j'ai redécouvert à quel point Maman, j'ai raté l'avion! était un film qui ne se prenait pas la tête, dans lequel Macaulay Culkin est réellement meilleur que dans Maman, j'ai encore raté l'avion... et je suis perdu dans New York et dans lequel l'humour repose sur les deux grands cons qui ont mal, mais aussi et très largement sur les relations entre Kevin et le monde ou sa famille, que j'avais jusque-là presque négligées.

Dis bonsoir, Kevin!
- Bonsoir, Kevin...

Madame McCallister et son fils, taquin

C'est ainsi que, après avoir finalement replacé Jurassic Park au-dessus de Le Monde Perdu: Jurassic Park, je suis en mesure de placer Maman, j'ai raté l'avion! au-dessus de Maman, j'ai encore raté l'avion... et je suis perdu dans New York. Et je crois que préférer le film original à sa suite qui reprend les mêmes codes tout en surenchérissant, c'est le signe d'une maturité grandissante.
Ouais, c'est dit, je suis un vrai grand, maintenant!
Et si vous décidiez de me féliciter pour ce bouleversement, si jamais l'occasion se présentait -un vingt-cinquième anniversaire, par exemple-, vous ne pourriez me faire plus plaisir qu'en m'offrant une paire de Heelys.
Des baskets à roulettes, ça, c'est un truc de grand!