Trop de souvenirs télé (part III : 2001 - 2008, plus le number one)

Alors que Philippe Bas a choisi de s'occuper de la fille d'Elsa Lunghini sans même demander l'avis de sa femme Christiana Réali dans ce qui devrait devenir un grand moment de ma mémoire télévisuelle (comme toute apparition de Philippe Bas, plus encore lorsqu'il a des lunettes), il est temps de s'intéresser aux derniers de la liste, qui sont aussi les derniers en date, auxquels s'ajoutera le plus grand de tous les souvenirs, celui qui est aussi marquant que la musique de la publicité Ripolin (on peint, perlin pinpin, on peint Ripolin: c'est bel et bien, Ri-po-lin!), mais en encore mieux.

18. «Le plat, il a tombé
» et autres pensées profondes
La toute première émission de Loft Story 2 a montré tout le potentiel de la télé-trash en une soirée. Et cette seconde saison n'a jamais déçu avec son casting absolument explosif, qui a probablement dépassé les attentes les plus folles des producteurs. Alors que les téléspectateurs commençaient à admettre qu'on pouvait prendre du plaisir à voir des gens forniquer dans une piscine, le Loft 2 allait encore plus loin, en montrant une ribambelle de gens incapables de se supporter, des gens qui ne rêvaient que de coucher avec d'autres qui refusaient, des gens qui étaient incapables de sortir une phrase sans fôte grammaticale. Entre Félicien, Lauryne, Kamel, Sandra, Thomas, Karine et Romain, Lesly, David et Angela et les autres, la télé a montré la médiocrité dans toute sa splendeur, même de ceux qui se croyaient plus cultivés. Au final, le Loft 2 a montré des gens qui se haïssaient pour des raisons obscures, qui construisaient des passages pour être sûrs de ne pas rencontrer les gens de l'autre clan, les pires bassesses et manipulations... un festival jamais retrouvé ensuite, mais néanmoins dans Les colocataires dont les seins de Jessica, les manigances de Gia, les manières de Michel et les jeux culturels de Sébastien resteront dans ma mémoire.

19. L'agression de Joey
J'ai découvert Dawson pendant un été de rediffusions. Pourquoi ai-je accroché à cette série pour ados là alors que j'étais resté hermétique à celles d'avant, c'est sans doute une question de bon timing. En tout cas, je suis assez vite devenu très très fan de ces jeunes gens très propres sur eux qui s'aiment mais tu vois c'est compliqué on est des âmes sœurs mais bon, je vais plutôt sortir avec ton meilleur ami... J'ai suivi en direct la saison 3, tandis que j'étais au lycée, puis les suivantes, en attendant vraiment impatiemment le samedi vers 16h (ou le dimanche, selon les diffusions), et regardant avec toujours le même plaisir les rediffusions en semaine. Le petit plus dans la série réside à mes yeux dans les titres des épisodes, qui font allusion à des titres de films et qui sont parfois le summum du jeu de mots improbable (ah, Joey Potter à l'école des C! je ne m'en suis jamais remis). Au cours de la saison 5, Dawson ose un épisode sans personne d'autre que cette pénible Joey, qui se fait agresser puis va à l'hôpital au chevet de son agresseur. L'épisode en lui-même est marquant parce qu'il est très différent des autres, mais aussi et surtout parce qu'il est mauvais. Ou bon. C'est en tout cas le débat mené avec Sira au téléphone juste après la diffusion, comme après bon nombre d'épisodes de Dawson, mais aussi de Alias et Friends. Justement, je crois bien que le dernier débat de ce type était au sujet du final de Friends...

20. La mort de Mark
J'ai beau avoir ri pendant des années à gorge (très) déployée devant Friends, je peux déclarer à qui veut l'entendre que la meilleure série du monde est Arrested development, j'aime défendre avec ardeur l'indéfendable en prétendant que Alias est une série géniale, la plus grande de mes madeleines américaines est forcément Dawson, le plus grand moment de série de ma vie appartient à Urgences, quand, à la fin de la saison 8, les scénaristes tuent Mark Greene. Ils avaient déjà fait très fort deux ans plus tôt lorsque Carter et Lucy avaient été poignardés, mais la mort de Mark, qui s'étend sur deux épisodes, l'un à Hawaï et l'autre autour d'une lettre au Cook County, est un sommet du genre, bien au-dessus de toutes les autres morts de toutes les autres séries. J'ai un temps considéré que l'épisode La lettre était plus efficace parce qu'il réussissait à faire pleurer sans rien montrer, en reposant exclusivement sur l'attachement du téléspectateur envers Mark, mais force m'a été de constater en finissant en larmes, de même que ma sœur et une de ses copines, lors d'une rediffusion l'an dernier, que l'épisode Sur la plage était quand même complètement imparable, malgré un excès de pathos a priori. Enfin, cette tragédie est le dernier grand moment de Urgences qui a mis trois ans à se remettre de cette disparition en accumulant les situations beaucoup trop dramatiques et en mettant en avant des personnages bien moins sympathiques, comme Carter et Kovac.

21. Les magnétos d'Éric Dussart
Voilà bien un souvenir pour lequel il va m'être difficile de développer ma pensée, d'autant que lesdits magnétos existent toujours, même s'ils se trouvent maintenant sur Paris Première.
Mais le travail d'Éric Dussart me sidère, parce que je n'imagine même pas le temps qu'il faut passer à regarder des programmes plus ou moins de qualité pour finalement en extraire une toute petite citation de deux secondes trente et faire une allusion à Dorothée. Depuis, les chroniqueurs voix-off/chroniqueurs qui n'hésitent pas à détourner les images qu'ils commentent pour se moquer plus ou moins gentiment sont légion, comme Jérôme Pittorin dans Nouvelle Star, Yann Barthès dans Le grand journal (qui n'aurait peut-être pas dû sortir de l'ombre même s'il est particulièrement télégénique), Jean-Luc Lemoine dans On n'est pas couchés ou plus récemment Loïc Prigent dans L'édition spéciale. Qui est d'ailleurs le seul à pouvoir ravir son statut de best of the best à Éric Dussart dont, il faut bien le reconnaître, les effets commencent à se répéter.

22. Un chanteur malheureux
On peut dire tout le bien qu'on pense du Lettre à France de Houcine et Nolwenn, l'une de mes prestations préférées de télé-crochet est le fait de Pierrick Lilliu, qui avait enflammé Baltard et su me convaincre avec des aptitudes inattendues sur Un chanteur malheureux de Claude François, qu'il chantait pourtant avec beaucoup d'efforts sur sa voix et un air constipé. Il y avait eu les prestations de Steeve Estatof, les Je suis malade de Thierry Amiel, les coups de gueule -déjà- de Marianne James, mais il y a bien, pour moi, un avant et un après Pierrick Lilliu.
Même si, en vrai, la Star Academy me procure bien plus de plaisir, en particulier parce qu'elle est une vraie émission de télé-réalité qui propose du contenu aussi entre deux primes. C'est aussi ce qui explique, sans doute, que mes saisons préférées soient les deux et trois, celles que j'ai suivies en direct 22h/24 ou presque, au point même de passer mon Halloween 2002 seul devant les élèves du château déguisés qui recevaient les enfants de Dammarie-lès-Lys.

23. Cadeaux Show
La plus grande émission du monde est arrivée un après-midi sur XXL qui, à ma grande surprise, diffusait des trucs dans la journée et pas seulement de la musique urbaine de médiocre qualité. Cette émission, c'était Cadeaux show, un marathon de quatre heures chaque jour avec des gens dont la mission était de nous occuper et de nous inciter à jouer pour espérer gagner des cadeaux mais possiblement aussi un fond de stock de dévédés à deux euros. Muriel était la meilleure, avec son léger accent belge qui trahissait le lieu de tournage des émissions, mais Xavier était le plus étonnant, capable qu'il était de nous parler de sa vie et de nous donner son adresse MSN pour qu'on communique avec lui. Cadeaux Show a été le compagnon idéal de mes révisions en licence et une raison de plus pour ma mère de dire que, parfois, je regardais n'importe quoi. Cette première émission de télé-tirelire sans contenu, avec de gros moyens puisque filmée dans un faux loft très alléchant (après une période cave), était absolument fascinante. Et AB a su rééditer l'exploit grâce à L'Appel gagnantMicheline-Euphrasie Myriam et Maud usaient de tous leurs charmes pour inciter le téléspectateur perdu dans la nuit en manque de films érotiques à téléphoner. Il a fallu que le CSA s'en mêle et depuis, même Star6Music n'a plus la même saveur...

24. Gulli avant Gulli
Je n'ai jamais autant regardé Gulli qu'avant que la chaîne soit effectivement lancée, et qu'elle se contentait de montrer un écran vert et le logo de la chaîne, tandis que des enfants répétaient sans se lasser sur un air entraînant G-U-LLI-Gulli, entre deux Takatakatakatakatakatakata. J'ai toujours adoré assister au lancement des nouvelles chaînes, aux magnétos diffusés en boucle les jours précédents (quelle classe, ceux de Disney Cinémagic!) et je regrette un peu de ne pas avoir vu la fin de La 5 (mais j'étais jeune, je pensais surtout à l'inauguration de EuroDisney, en direct dans un numéro spécial du Disney Club). De même que j'ai toujours attaché une importance particulière aux logos, tiqué dès la première apparition des logos France 2, France 3, France 5 en 2001, et observé l'évolution progressive du remplissage du M dans celui de M6. J'ai longtemps regretté les habillages publicitaires de TF1 après 1994 (de même que l'ellipse du matin de Canal+, disparue à la même époque et qui constituait mon premier programme de la journée, invariablement), avant de trouver l'habillage 2000 complètement horrible et bien trop lourd avec son envahissant bandeau noir ou blanc au retour des pubs. Quant aux premiers logos et typos de France Télévision, en 1992, ils ont réussi à me convaincre que ces chaînes devaient vraiment être trop chiantes sérieuses.

25. Les ravages des soirées trop alcoolisées chez une actrice de seconde zone
Un soir, Noémie Lenoir a été invitée dans On n'est pas couchés pour promouvoir Gomez VS Tavarès, film ô combien nécessaire s'il en est. Noémie Lenoir est une actrice assez médiocre et une demoiselle pas franchement classe malgré son métier de mannequin. C'est probablement sa voix de charretier qui fait tout, mais je m'éloigne, je ne cherchais pas à déverser mon fiel. Néanmoins, force est de constater que, ce soir-là, la charmante et grâcieuse Noémie Lenoir était visiblement bourrée comme un coing. Florence Foresti avait déjà quitté Laurent Ruquier et, Jean-Luc Lemoine ne suffisant plus à remplir le quota humour de l'émission, Jonathan Lambert y faisait l'une de ses premières prestations, dans le rôle d'un faux camarade de classe de star. Cette prestation s'est avérée complètement surréaliste, tandis que chaque nouvelle information faisait un peu plus vaciller les certitudes déjà peu nombreuses de cette brave Noémie qui se demandait si elle n'était pas folle, ce qui expliquerait qu'elle ne reconnaisse que vaguement cette camarade.

Cet événement semble moins marquant mais il marque aussi une période où ma surconsommation de télévision et d'internet, parfois simultanément, cause essentiellement un grand magma informe où se mélangent beaucoup trop d'images sur lesquelles je ne sais plus trop m'arrêter. Et puis, il me rappelle un moment précis, une personne précise et c'est ce qui le distingue, malgré tout... En voilà donc fini des 25 grands moments de ma télévision... Mais il en reste pourtant un qu'il me faut évoquer, et qui tient une place à part...

La dernière émission du Club Dorothée, le 29 août 1997
Je n'ai pas vu cette émission en direct, parce que je prenais l'avion au même moment, pour rentrer de vacances, mais quelques heures plus tard, parce que ma mère avait accepté de l'enregistrer,
malgré sa voix clairement désapprobatrice au téléphone suite à cette demande. Même si je n'avais pas fait des efforts démesurés pour en suivre la dernière saison que mes cours du mercredi matin de quatrième m'empêchaient de suivre et mon stock limité de cassettes vidéo m'interdisait d'enregistrer en dehors des inédits de Dragon Ball Z (jusqu'à ce qu'ils soient supprimés, comme les derniers Sailor Moon), c'était là la fin d'une émission à laquelle j'avais été fidèle pendant presque dix ans. Et puis, ma mère me devait bien cet enregistrement: je ne lui ai jamais pardonné de ne pas avoir appuyé sur la touche AUTO de notre magnétoscope (celle qui fait qu'un enregistrement programmé est effectivement enregistré) quand elle avait programmé un Club Dorothée d'un mercredi matin où je devais aller au centre aéré, et dont le programme semblait alléchant dans Télérama qui indiquait le Bonjour comme premier programme. Je devais avoir 5 ans, grand maximum, et son amende honorable quatre ou cinq ans plus tard n'avait pas suffi à effacer le premier traumatisme de ma vie, quand elle avait daigné m'enregistrer L'Amour en fuite, un programme pour Adultes/Ados (selon le TV Magazine de mes grands-parents), catégorie à laquelle j'avais prétendu appartenir, n'en connaissant pas le sens exact en vrai, du haut de mes dix ans...
Cette dernière du Club Dorothée (sans compter le best-of de Pas de pitié pour les croissants diffusé le lendemain) est en tout cas le souvenir le plus marquant de cette liste. Du haut de mes treize ans, une vraie page se tournait.

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