Histoire secrète n°4 : Je suis un vrai hors-la-loi

Je suis un lâche. Je vais donc profiter d'être au cœur du mois de juillet pour confesser un vrai crime, terrible. Car oui, je l'avoue, dans ma vie, j'ai fait bien pire que contourner un système faillible; dans ma vie, j'ai volé.

Je devais avoir huit ans. L'âge est facile à estimer, ma mère devait être enceinte, ou avoir récemment accouché. Et moi, le petit garçon si fier d'être fils unique depuis tellement de temps, je me voyais imposer une rivale moche et poilue, incapable de toute conversation, qui allait entre autres mâchouiller quelques objets m'appartenant dont une règle à images multiples dont on m'accuserait surtout de l'avoir laissé traîner trop près de son parc. La situation était critique, ma mère risquait de m'oublier en devant s'occuper seule de cette sœur qui n'était, en plus, qu'une demi-sœur, et le fait qu'elle ait tenu un stand lors de la kermesse de mon école en CE2, enceinte jusqu'aux yeux et sous une châleur accablante accentuée par la bâche, ne prouvait certainement rien!

Alors, un jour qu'elle était chez le coiffeur, ou moi, et que je l'accompagnais, ou elle, je me suis trouvé avec elle face à la caisse, face à des trucs gratuits et face à un peigne en bois. Le peigne en bois n'était probablement pas gratuit, le prix indiqué sur le carton derrière le laissait en tout cas penser. Et pourtant, j'en ai pris un, puis je suis sorti, avant que ma mère ne me coure après, gênée, forcément, vis-à-vis du coiffeur qui, cependant, allait m'éviter la prison pour un vol aussi ridicule que celui d'un peigne (dont je n'allais évidemment jamais me servir par la suite), en choisissant de l'offrir, pour que tout s'arrange dans un grand éclat de rire comme dans les séries télé (mais sans les éclats de rire, en l'occurrence).

Mais il y a bien pire, car le petit garçon fils unique habitué à avoir ce qu'il demandait (généralement) a commis un jour, vers 1991, un acte terrible: il a volé sa famille. C'était lors d'un week-end dans une petite ville verdoyante de la grande couronne dans lequel on entend les coucous, comme on en faisait souvent à l'époque. Une des chambres proposait une belle collection de Journal de Mickey des années 1970/80, ceux qui contenaient Hagar Dünor et Pim, Pam, Poum entre deux bédés Disney, des infos sur Bernard et Bianca ou encore des petites têtes de Mickey à côté de Récré A2 dans les pages télé (comme il n'y en a jamais eu pour Club Dorothée, plus tard). Une collection que j'avais décidé de lire, une fois, sans pouvoir la terminer avant le départ. J'avais donc, machiavéliquement, glissé un sac plein dans le coffre, avec une maestria telle dans la discrétion que le crime ne serait découvert que le soir, quand ma mère verrait le sac dans ma chambre, avant de me faire une leçon moralisatrice. Le sac serait donc rendu la fois suivante, honteusement, et les week-ends là-bas se raréfieront de toute façon, pour d'autres raisons, m'empêchant de repenser trop souvent à mon méfait, jusqu'à presque l'oublier.

Et depuis, les tentations se sont encore présentées pour tenter de faire de moi un vrai Génie du Mal, et ce n'est que grâce à ma force d'esprit que j'ai toujours su résister.

Commentaires

Anonyme a dit…
Je dois également confesser que j'ai volé une fois dans ma vie. (Bon, il y a aussi les nombreux vols de bonbons de la station service d'à côté de l'école, entre 16h30 et 17h pour attendre l'étude du soir, sans jamais me rendre compte qu'il y avait une caméra de surveillance qui épiait mes faits et gestes depuis le début que j'avais pris cette fâcheuse habitude de voler des bonbons)
Je devais avoir huit ans, moi aussi. Nous étions dans un magasin de la galerie marchande de Mammouth, à C. Quand j'aperçois une petite peluche hideuse jaune à poils longs dont je ne me souviens absolument plus du nom, je demande aussitôt à Maman de me l'acheter. Elle me répond non. J'insiste. Non. J'insiste à nouveau. Encore non. Je pleure. Toujours non. J'étais tellement mécontent de ne pas pouvoir repartir avec cette affreuse petite créature que j'ai décidé de l'emprunter, en faisant bien attention que Maman ne s'en aperçoive pas. Nous sommes donc passés à la caisse pour payer les quelques achats, et je cachais la peluche derrière mon dos, pour que Maman ne voie rien (je me foutais par ailleurs éperdument que quelqu'un d'autre puisse voir que je partais avec une peluche sans l'acheter, et de toute façon, aucun vendeur n'a jamais rien remarqué, puisque rien n'a sonné en sortant du magasin). Ce n'est qu'une vingtaine de minutes plus tard, alors que nous étions dans un autre magasin, que j'ai montré la peluche à Maman. Et là, elle m'a dit (la la la...): "Tu sais comment ça s'appelle? C'est du vol". Bien sûr je connaissais ce mot, mais pour moi c'était quelque chose de très grave, que je pensais ne jamais faire de ma vie. Alors, j'ai pleuré (encore) et j'ai supplié pour qu'on remporte l'objet volé au magasin. Maman a dit non. Et résultat, j'ai eu ce vol sur la conscience toute mon enfance, voire même adolescence, et j'ai toujours eu peur d'aller en prison à cause de ce geste affreux, à chaque fois que je voyais la peluche chez moi, pourtant bien cachée pour éviter que tout mauvais souvenir me revienne en tête. Je la regardais méchamment pour bien lui faire comprendre que je ne l'aimais pas, notre histoire ayant beaucoup trop mal commencé.

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