Cachez ces séries que je ne saurais voir

Avec l'avalanche de séries diffusées par les chaînes, il y en a qui ont droit au prime-time, et puis il y a les autres. Et parmi les autres, il y a des inégalités, car il est évidemment plus pratique de passer le lundi soir après un téléfilm standard de TF1 (donc à heure fixe) que le dimanche soir après un film plus ou moins long... Et pourtant, il y a des chaînes qui osent les cases alternatives, si possible en limitant le plus possible les rediffusions, parce qu'il n'y a rien de mieux pour qu'une série se démarque que de pousser le téléspectateur à se démener pour la regarder. En ce qui me concerne, j'en ai suivi cinq qui le méritaient au cours du premier semestre, que voici.

Dans la catégorie «série du dimanche soir, tard»:
Daybreak (TPS Star)

L'inspecteur Brett Hopper (Taye Diggs) est accusé du meurtre du procureur Gerza, et il l'apprend un matin, en rentrant chez lui après une nuit passée chez sa petite amie, quand il se fait arrêter avec dynamisme et qu'on retrouve l'arme du crime. La journée est bien mal commencée, et pourtant elle parvient à empirer encore un peu, puisqu'il est enlevé dans sa prison et qu'il se retrouve face à un homme bien mystérieux, apprend que sa fiancée a été tuée et se fait piquer avant de s'endormir... Quand il se réveille, tout recommence, et l'inspecteur Hopper va pouvoir changer son destin. Malheureusement, il est le seul à se souvenir de tout ce qui lui est arrivé à lui, quand il se réveille, chaque matin à 6h18.

À la fin des deux premiers épisodes, j'aurais pu renier toutes mes certitudes en souhaitant ardemment d'en avoir un peu plus. Parce que Daybreak est une série hautement addictive, et très vite, menée avec le même rythme effréné (et épuisant) que 24 heures chrono. Elle nécessite même encore plus d'attention, tant chaque épisode, chaque nouvelle journée, apporte son lot de situations nouvelles et d'informations nouvelles. Cette multiplication des pistes empêche toute lassitude, mais empêche aussi de trop espacer deux épisodes, sous peine de ne plus rien comprendre. C'est sans doute une des raisons de l'arrêt prématuré de la série aux États-Unis. Heureusement, Daybreak a une vraie fin, à l'issue du treizième épisode, qui est peut-être un peu frustrante finalement au regard de tout ce qui s'est passé avant (et notamment du fantastique dixième épisode, qui offre une fin en apothéose, mais une fin très ouverte)...

Étaient également candidates: Tell me you love me (TPS Star), John from Cincinnatti (TPS Star), mais le dimanche soir tard est un horaire complètement ingérable.

Dans la catégorie «série du samedi soir, tard»:
Flight of the Conchords (TPS Star)

Jemaine et Bret sont des musiciens; ils forment le groupe Flight of the Conchords. Ils ont quitté leur Nouvelle-Zélande natale pour tenter de percer aux States, avec l'aide très approximative d'un manager débutant, Murray, mais soutenus par leur première et plus grande fan (et l'unique): Mel.

Flight of the Conchords est une série absolument improbable, inrésumable. Mais s'il vous est déjà arrivé de porter un grand panneau dans la rue, que ce soit rémunéré ou non, peut-être vous sentirez-vous plus proche de Bret. Si vous ressentez le besoin irrépressible de faire l'appel à chaque début de réunion, en vous appelant vous-même à voix haute avant de voux cocher comme présent, vous comprendrez complètement Murray. Si vous portez des lunettes hideuses mais que vous êtes pourtant un vrai sex-symbol qui n'emballe pas trop mais quand même, alors vous êtes connecté avec Jemaine. Dans Flight of the Conchords, on s'amuse aussi souvent de quiproquos dûs à l'accent néo-zélandais (et c'est plutôt rare, finalement), et bien sûr, des déboires de deux bras cassés qui font une musique plutôt expérimentale, mais absolument géniale. Car, en plus de ses qualités, Flight of the Conchords permet aussi de découvrir deux nouveaux morceaux des Flight of the Conchords dans chaque épisode, puisque c'est une série autobiographique (ou pas du tout...).

Était également candidat: personne... c'est complètement con de diffuser une série le samedi à 22h40, ou parfois à 23h35. La remarque s'applique aussi à la catégorie suivante.

Dans la catégorie
«série diffusée à un horaire improbable et changeant»:
Hard (Canal+)

Sophie a une vie très polissée, mais un jour, son mari meurt bêtement en tombant du toit et elle se retrouve projetée dans un monde nouveau pour elle. Car ce que Sophie ne savait pas, c'est que son mari dirigeait une boîte de porno sur internet, sobrement appelée Soph'X, comme un clin d'œil à l'amour de sa vie. La voilà donc à la tête d'une petite entreprise dans laquelle elle veut apporter sa touche (finis les animaux, vive les films à scénario), tout en devant s'occuper aussi de ses enfants, en particulier son fils qui se renferme complètement.

Qui aurait pu croire que le Maîîître du Zodiaque était une bonne actrice? Certainement pas moi, mais je dois reconnaître que, en bourgeoise très coincée, Natacha Lindinger est excellente. Et elle n'est pas la seule, loin de là, la seule faiblesse du casting étant peut-être les (vraies?) actrices roumaines ou polonaises à l'accent à couper au couteau et qui jouent très bien l'actrice de film X qui ne sait pas jouer. Les coulisses de la production sont plutôt réjouissantes, et donnent même une bonne image du milieu, ce qui est rassurant quand on sait que Cathy Verney (la surveilante de Saint-Ex, nos années pension!) s'est documentée sur place. Et Hard a aussi la grande idée de mettre en scène François Vincentelli, qui est absolument parfait en amoureux transi un peu maladroit et très touchant.

Dans la catégorie «série de tous les jours»:
La petite mosquée dans la prairie, saison 2 (Canal+)

Dans la petite ville de Mercy, dans la campagne canadienne, la vie continue pour la petite communauté musulmane et les quelques réfractaires locaux. Baber est toujours aussi extrêmiste mais doit faire face à l'adolescence de sa fille parfois rebelle, Sarah et Yasir adaptent encore et toujours l'islam à leur train de vie mais tentent d'opérer un rapprochement entre leur fille Rayyan et un certain JJ, tandis qu'Amaar, qui aime bien Rayyan, montre de plus en plus ses talents d'imam, mais aussi qu'il a souvent besoin de son collègue chrétien...

La petite mosquée dans la prairie ne révolutionne définitivement pas le genre sitcom mais montre une évolution positive dans cette deuxième saison (qui s'achève, en plus, sur un cliffhanger!). Elle confirme ainsi qu'elle appartient aux bonnes séries «communautaires» (comme Tout le monde déteste Chris pour les Noirs), celles qui savent se moquer de leurs travers, tout en étant accessible même aux néophytes, avec en plus un message de tolérance très discret (et c'est toujours appréciable, la discrétion). Baber est séduit par une femme qu'il a croisé dans la rue et dont il n'a pu voir que les yeux à travers son voile, Amaar est extrêmement gêné à l'idée d'avoir vu les cheveux de Rayaan par la plus grande des mégardes... ce genre de situations existe-t-il ailleurs?

Étaient également candidates: How I met your mother (saison 2, Canal+), 30 rock (Canal+), dont j'ai vu entre un et une dizaine d'épisodes, soit par oubli pur et simple, soit par heure de sieste, soit par concurrence d'Un dîner presque parfait et manque énorme de promotion autour de la diffusion, tout en le regrettant amèrement...


Dans la catégorie
«série diffusée en prime-time mais sur une chaîne chère»:
Le diable et moi (Canal+ Family)

Pour son 21ème anniversaire, Sam découvre que ses parents ont eu l'idée bizarre de vendre son âme au Diable avant sa naissance. Le voilà donc obligé désormais de travailler comme chasseur d'âmes, en plus de son job moyen au Casto local. Il est aidé par ses deux meilleurs amis, et heureusement, parce que le Diable n'est pas toujours de bon conseil. Mais parfois si, et il lui arrive même de l'aider à séduire sa collègue Andi, qui ne voit que des relations amicales entre eux...

Dans Le diable et moi, on peut constater que, même s'il est souvent mis en valeur dans les premiers épisodes, Bret Harrison n'a plus la forme de l'époque Parents à tout prix. De toute façon, son personnage n'a plus grand chose à voir avec celui de Brad (et il n'a même plus la même voix française). Il est certes une sorte de loser, mais de la bande des trois, c'est le moins pire. On peut aussi déplorer le manque de moyens de la CW, tant les effets spéciaux semblent en toc. La série ne semble heureusement pas trop se prendre au sérieux, et il en ressort plutôt un côté sympathique, à l'image du clin d'œil à Dead like me (dans lequel les «faucheurs d'âme» sont aussi des «reapers», comme Sam en VO) et l'intervention de Dolorès Sapper. Le trio d'acteurs est efficace (en particulier Tyler Labine et ses cheveux), comme le Diable (Ray Wise) est diaboliquement impeccable. D'autant que Le diable et moi évite la routine en cassant très vite le rythme de narration qu'elle présentait au départ (réveil de Sam, découverte du vaisseau, recherche de l'âme).

Était également candidate: Mes plus belles années (saison 2, Série Club), mais quelle idée de diffuser des trucs le jeudi soir, même en rediffusant le dimanche après-midi?!

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Lilly-Fleur Pointeaux nue (n'est pas dans ce billet)

À lit ouvert

Le cadeau de Noël