Constat d'échec

Le mois de juillet commence bien mal: j'ai échoué dans mon respect de ma programmation pour ma Fête du Cinéma et n'ai pas réussi à aller voir le moindre film hier mardi, à cause d'une réunion bien trop longue qui aura confirmé le mal que je pense de certains collègues et d'une soirée d'au revoir qui aura confirmé le bien que je pense de certains collègues, d'autres, combinées à une chaleur improbable et un manque de sommeil. Pourtant, tout avait si bien commencé vendredi, en découvrant, réjoui, les bandes-annonces juste avant (le dispensable) Las Vegas 21, et j'étais ravi d'avance à l'idée de pouvoir entendre six fois Les limites de Julien Doré en son cinéma pour profiter encore plus de cette phrase où la musique décolle dans laquelle il parle de se retrouver au bagne, d'aller casser des cailloux en Guyane, de contempler six fois Édouard Collin s'afficher dans le métro dans la publicité (ratée) associée, d'entendre six fois le thème de Aux frontières du réel dont je découvrais juste qu'il me donnait des frissons alors même que je n'ai vu que trois ou quatre épisodes de la série dans ma vie, et tant pis s'il me fallait aussi supporter cette horreur de publicité pour Red Bull qui donne des aiiiles ou me navrer pour les comédiens de Internity dont il n'y a aucun magasin à côté, contrairement à ce qu'ils déclaraient.

Dès dimanche matin, 10h, en présence de quelques élèves (étonnament matinaux pour certains), ce fut une première douche froide, en découvrant que les publicités ne changeaient pas mais les bandes-annonces intercalées, si. Et que, en lieu et place de X-Files : Dégénération Régénération, j'avais droit à Voyage au Centre de la Terre en 3D (tout comme Madagascar 2 remplaçait Babylon A.D., La Momie: La tombe de l'Empereur Dragon et Wanted: Choisis ton destin restant inchangées). Heureusement, le film qui suivait allait tout arranger car il prouvait que Éric et Ramzy pouvaient enfin faire un film avec des blagues qui faisaient rire, même si le scénario de Seuls Two n'est pas forcément génialement exploité. Il faut néanmoins voir ce film si on est fan du duo (mais ça, c'était évident), ou encore si on trouve incroyable que Benoît Magimel puisse faire rire (Élodie Bouchez aussi, bien qu'elle l'ait partiellement prouvé sans l'avoir forcément voulu). Et puis, des films dédiés à Pierre et Marie Curie, il n'y en a vraiment pas assez!

Il est l'heure d'un aparté.
De Bruges, je ne me souviens que la ballade en calèche et la ballade en barque, le tout dans le froid de novembre, l'un à la suite de l'autre pour pousser au maximum l'aspect touriste, mais je ne me souviens plus de l'église ni de quoi que ce soit que j'aurais pu regarder.
C'était bien, non?

En voyant Bons baisers de Bruges, j'ai repensé, dès la deuxième minute, à tous ces souvenirs émouvants (et précis) que j'avais enfouis avant de constater que non, vraiment, la ville de Bruges, ne m'avait pas marqué du tout. J'ai donc craint, un instant, de m'ennuyer devant un film qui se déroule uniquement dans cette ville, avant de constater que Colin Farrell pensait comme moi.

Un autre aparté? Oui!!!
J'en étais resté aux photos de Colin Farrell où il semblait en bonne voie de devenir une sorte de Sean Finnerty ou de Robbie Williams, mais en fait, quelle surprise de constater qu'il est juste sexy, si, si. Et puis, quel talent dans tous les jeux de sourcils dignes d'un petit garçon renfrogné à l'idée de devoir se coltiner Bruges by night.
Voilà, voilà...

Au final, Bons baisers de Bruges est une vraie surprise, un film à l'humour très anglais que ne renient sans doute pas les Belges (pas même les habitants de Bruges dont la ville est si magnifiquement filmée qu'on ne peut pas croire que le réalisateur ne soit pas de l'avis de Brendan Gleeson et Ralph Fiennes, en parfait désaccord avec Colin Farrell), excellemment bien servi par son casting. Bien loin du doublage français qui surprend au premier abord tant il semble daté, et surtout de l'atroce phrase d'accroche de l'affiche (non, vraiment, ça donne envie: «La Belgique: ses moules, ses frites et ses tueurs à gages»?!).

La journée de dimanche devait se terminer sur Le Monde de Narnia Chapitre 2- Le Prince Caspian, suite ultra-bien vendue par sa bande-annonce d'un film que je n'ai même pas vu (Le Monde de Narnia Chapitre 1- Le Lion, la Sorcière Blanche et l'Armoire Magique, pour les moins attentifs) mais qui semblait rythmé et sombre comme les meilleurs Harry Potter. C'était oublier que le film dure quand même 2h30, que l'acteur principal a beaucoup trop de faux airs de Joan Faggianelli (si, ça me gêne, moi) et surtout qu'un film Disney ne peut pas être trop sombre. Du coup, Le Monde de Narnia Chapitre 2- Le Prince Caspian, tel Pocahontas, une légende indienne, ne montre pas la moindre goutte de sang, y compris dans les combats les plus sanglants, quand les épées restent toujours immaculées. Seulement, au-delà d'une scène de combat effectivement épique et bien réalisée (mais vaguement gâchée par un happy-end guimauve), il n'y a pas de vraie portée aux luttes de pouvoir des protagonistes, qui semblent aussi utiles que le renversement de Tapioca par Alcazar dans Tintin et les Picaros, et ce n'est pas le manque de charisme du chef de la rébellion (qui n'est même pas vraiment le chef, d'ailleurs...) qui rend crédible le fait qu'il puisse suffire, par sa seule présence à la tête de l'état à résoudre une crise vieille de mille ans.

Le second jour (puisqu'il n'y en eut pas de troisième, comme je l'ai reconnu dès l'introduction, plaçant définitivement cette Fête-ci sous le signe du 2) devait quant à lui débuter par le probablement très bon Témoin amoureux, qui aurait dû être suivi de Sans Sarah, rien ne va, mais il fallut que je sorte trop tôt du travail, et que j'arrive assez tôt pour La personne aux deux personnes (qui a justement failli être vu par deux personnes, heureusement que mon planning fut bouleversé). Un film finalement très loin du buzz fait autour de Flou de toi, si ce n'est le coté décalé (encore) de la chose. La personne aux deux personnes est un moment de grand flottement, qui met en scène des personnages improbables (mais tellement bien interprétés), pour lesquels les réalisateurs Nicolas et Bruno n'hésitent pas à repousser les limites de la médiocrité, déjà très entamées dans (la fabuleuse série) Le Bureau. Je défie quiconque de trouver une once de goût dans l'appartement de Daniel Auteuil qui est encore plus vert que le mien! Mais en allant à un stade où personne ne pourra se sentir concerné, Nicolas et Bruno peuvent permettre à tout le monde de se moquer sans vergogne et de trouver ces personnages franchement pathétiques. C'est très étrange, au final, mais réussi.

Enfin, l'imprévu frappant parfois, il était écrit que tout finirait Au bout de la nuit («sans vie, je m'enfuis», disait Mylène F., vingt-deux ans avant d'écrire Sextonik et Appelle mon numéro), avec Keanu Reeves, Chris Evans et Amaury Nolasco, quel programme réjouissant! Au final, il s'agit d'une histoire de flics véreux, de flics ultra-véreux et d'un bon flic au milieu, le tout sans qu'on sache qui est qui, pas même Marie-Ange Nardi, avant le dénouement. Et pour continuer dans la mouvance de l'ultra-réalisme de rigueur depuis The Shield, c'est un peu violent et très beaucoup sombre, voire too much (un anti-Narnia?), même si les dialogues désamorcent un peu l'ensemble par moments -à moins qu'ils soient involontairement drôles, mais j'espère que ce n'est pas le cas... C'est bien joué, pas ennuyant, mais ça n'est pas le film du siècle, ni de l'année, ni du mois. Il restera quand même un énorme clin d'œil énorme d'Hugh Laurie au docteur House.



Commentaires

Anonyme a dit…
Je m'étais fait un programme pour la fête aussi. J'avais plannifié 15 films en quatre jours (en commençant dès le samedi)et finalement j'en ai vu 7, ce qui est déjà pas mal, j'ai battu mon record, et qui m'a valu deux jours de migraine ophtalmique. Certains des films étaient évitables de toute façon.
Jeanne ou Serge a dit…
fan d'Eric et Ramzy, je vais donc aller voir "Seuls two", en espérant que toutes les blagues ne soient pas dans la bande annonce!
Pierre a dit…
Nataka, 15 films en 4 jours, je m'incline... Tu n'avais pas un UGC près de chez toi, pour continuer la fête du cinéma le mercredi? Et finalement, quels sont tes films que tu aurais pu éviter? Et ceux qu'il FAUT voir?

JoS, tu as trouvé la ba,de-annonce de Seuls Two drôle? Parce que j'avais justement un peu peur en ne riant même pas devant... Mais non, je t'assure, il y a d'autres gags. Au passage, en tant que fan d'Eric et Ramzy, tu as vu SteaK?

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