Neuf minutes pour convaincre (14): Estonie, Albanie, Autriche

Saviez-vous que le Te Deum de Marc-Antoine Charpentier, aka l'indicatif de l'Eurovision, est un titre de la fin du XVIIe siècle, qui tomba dans l'oubli pendant quelques années, jusque vers 1953 ou approximativement, quand il fallut trouver un indicatif pour les émissions diffusées en Eurovision? Veuillez noter que cet indicatif est en fait une adaptation du prélude de ce Te Deum, qui, normalement, dure plutôt 1'30. Je remercie Monsieur Carl de Nys de l'avoir raccourci à quelques secondes, car je n'aurais pas supporté d'en entendre 1'30 une cent soixante de fois depuis deux semaines...
Mais, quoi qu'il arrive, aujourd'hui, c'est fini. Le Grand Tour d'Europe touche à sa fin, alors même que Catherine Lara et Laurent Boyer invitent Amaury Vassili en prime-time sur France 3. Avant de commenter la Grande Soirée de Samedi, avec le plus grand sérieux, disent-ils (mais c'est ce qu'ils disent tous, avant de craquer au bout de deux heures d'émission, même si c'est Michel Drucker).
Et justement...
Et si?

Saviez-vous que, s'il vous prenait de miser 1€ chez les bookmakers en prévoyant une victoire française, et si cette victoire se réalisait vraiment, vous ne gagneriez parfois que 50 centimes? Alors que les répétitions sont désormais finies, que tout un chacun a pu montrer au monde s'il savait chanter aussi bien que dans son vidéo-clip, Amaury Vassili est bel et bien le super-hyper-giga-méga-favori chez tous les bookmakers. Mais il faut rester serein, car rien n'est joué et, si les jurés nationaux peuvent adorer, il faudra encore que la ménagère qui regardera l'émission sur sa télévision en noir et blanc, dans son salon au fin fond du Caucase, pas trop fort pour ne pas réveiller les voisins parce qu'il sera 2h du matin, soit suffisamment convaincue pour appeler l'opératrice et voter 11! Il ne faudrait pas que, poussée par ses hormones à cause d'une libido en berne depuis dix-neuf ans, elle préfère finalement voter pour les Blue, les 14, qui sont donnés deuxièmes favoris (même si leurs répétitions les ont fait reculer), avec des cotes allant de 6,5/1 à 9/1.
Car oui, il se pourrait que l'Eurovision se joue entre la France et le Royaume-Uni... à moins que le dernier favori, avec des cotes de 8,5/1 à 11/1, se démarque au dernier moment, profitant d'une situation géographique plus favorable. Alors, l'Estonie organiserait l'Eurovision 2012, ce qui serait bien plus pratique que la France, où ça tomberait en pleines campagnes électorales...
Voilà, c'est ça, il ne faut pas y croire, surtout pas.
Et c'est pour ça que ce tour d'Europe s'achève avec l'Estonie (et l'Albanie et l'Autriche, mais OSEF).

Getter Jaani - Rockefeller Street (Estonie)


Aurela Gaçe - Feel the passion (Albanie)


Nadine Beiler - The secret is love (Autriche)

Le classement du jour, sans réfléchir, sans trop y revenir:

• Estonie, 7 points (Estonia, seven points): je regrette l'absence de clip, parce que je trouve la chanson très sympathique, avec ce qu'il faut de rupture pour attirer l'oreille dans un concours aussi long, et que j'aurais aimé l'entendre dans une version propre. À moins que, même lissée, la voix de la demoiselle (ou d'une de ses choristes?) m'agresse parfois l'oreille? En tout cas, en l'état, j'attends d'entendre ce que ça peut donner en live jeudi.
  
• Autriche, 6 points (Austria, six points): là encore, une chanson qui cherche à casser l'ambiance. L'intro sans instruments attire (dommage qu'elle passe deuxième de sa demi-finale, alors que le public n'a pas encore les oreilles explosées). La suite est un peu plus plate, une ballade classique, mais la montée finale est vraiment bien faite.
  
• Albanie, 5 points (Albania, five points): le début était prometteur, un peu mystérieux, même s'il m'évoquait tout aussi mystérieusement Zazie. Le refrain tranche un peu, mais n'est pas désagréable... C'est juste un peu long, en fait.