Hugh et Nicole au pays des kangourous (un texte avec plein de spoilers d'un film que je n'ai pas trop aimé)

Il y avait au moins trois raisons pour lesquelles j'étais assez pressé de voir Australia. Le fait que le titre n'ait pas été traduit en Australie n'en fait pas partie, au contraire, mais l'anglais doit avoir un côté pittoresque un peu plus vendeur qu'un banal nom de pays en français, quitte à ce qu'il ne s'intègre pas dans la version française... Après tout, il ne faut jamais voir les films en version non originale, c'est ma faute.
Mais revenons plutôt à ces trois raisons:
  • l'Australie est, avec le Japon, le pays où j'ai le plus envie d'aller dans ma vie. Je rêve de voir l'opéra de Sydney en vrai, je rêve de voir des kangourous. C'est un peu bête, mais les séries australiennes et les animaux curieux de Bernard et Bianca au pays des kangourous m'ont toujours fait rêver, au même niveau que les dessins animés japonais (et bien sûr, je ne parle pas de Dragon Ball Z: j'ai bien conscience qu'il y a peu de super-guerriers dans les rues tokyoïtes; j'aurais plutôt cité Max et Compagnie ou Lucille, amour et rock'n roll, par exemple)
  • j'aime énormément les trois précédents films de Baz Luhrmann, pour leur côté très toc, mais aussi très chic, et finalement un peu kitsch mais tellement assumé. Moulin Rouge! est le plus grandiose des trois, mais Roméo+Juliette d'après William Shakespeare ou Ballroom dancing sont aussi de vraies réussites, sur un plan purement visuel au moins.
  • j'ai de graves lacunes dans ma culture cinématographique, et c'est ainsi que je n'ai jamais vu Out of Africa et je serai donc incapable de voir les similitudes avec Australia tellement flagrantes que tant de critiques en parlent. De même, je suis plutôt Frère des ours, Le Roi Lion voire La Ferme se rebelle et je n'ai jamais vu Lawrence d'Arabie, Autant en emporte le vent ou Pearl Harbor... Enfin, si, j'ai vu Pearl Harbor, mais je l'assume assez peu. Et, de toute façon, devant Australia, j'ai surtout pensé au Godzilla de Roland Emmerich.
Avez-vous vu Godzilla de Roland Emmerich?
Nous sommes en 1998, bien avant le fabuleusissime Jour d'après, mais après la reprise des essais nucléaires français, et Roland Emmerich réalise un remake new-yorkais d'un mythe japonais, avec Jean Reno qui ne supporte pas le café américain dedans. Il s'agit d'un film de monstres, franchement efficace quoique sorti quelques mois après l'attaque de San Diego par un T-Rex dans Le Monde Perdu, Jurassic Park. Mais il y a assez peu de temps morts jusqu'à ce que le monstre soit terrassé, grâce à une montagne de poissons, si mes souvenirs sont bons. Suit alors, à peu de choses près, un plan plutôt angoissant sur une ribambelle d'œufs, plein d'un tas de bébés Godzilla, laissant présumer la sortie inévitable d'un Godzilla 2, les fils de la vengeance... Sauf que, finalement, Roland Emmerich se dit qu'il n'a pas de vraie matière pour faire une vraie suite de qualité et propose donc cet épisode supplémentaire à la suite directe du premier, pour obtenir finalement un film extrêmement lourd de plus de deux heures, et trop long d'une heure.
Australia, c'est exactement comme Godzilla!
Mais sans les monstres...
Quoique, sur certains plans, Nicole Kidman...

Australia débute ainsi sur une très longue traversée du magnifique bush australien, avec une tripotée de bœufs à emmener d'un point A à un point B, drivés par Nicole Kidman et Hugh Jackman qui en profitent pour se tourner autour, avec quelques seconds rôles, dont le narrateur de l'histoire, un enfant aborigène aux faux airs de Mimi-Siku, un peu... Baz Luhrmann multiplie les plans à outrance, la caméra est incapable de rester en place plus de dix secondes, au point que le début du film est un peu compliqué à comprendre, avec tous ces termes techniques mal expliqués, même quand on répète la phrase trois fois. Mais, dans cette multitude d'images, aucune n'est négligée! La caméra n'est jamais placée au hasard, pour profiter au mieux du panorama, pour mettre en valeur les acteurs... Ce n'est pas franchement inédit, mais c'est définitivement sublime à regarder, comme un joli défilé de diapositives (mais des diapos réussies et pas accompagnées d'un commentaire pénible sur les dernières vacances paaassionnantes de tonton Roland). Pour accentuer encore un peu le côté carte postale (et donc un peu lisse), on peut aussi se demander si le fait qu'on accorde une telle importance à la magie des chamans tout au long du film (dans un film produit par l'Australie elle-même) n'est pas une occasion rêvée de faire passer un message très politiquement correct au monde entier, alors que les Aborigènes ont eu l'honneur d'être aussi bien traités que les Indiens aux États-Unis, mais qu'importe. La mission est rondement menée, malgré tous les obstacles, et une romance s'est installée entre les protagonistes, fin.

Mais non.
Car il faut profiter du sex-appeal plus ou moins évident de Nicole et Hugh. On ne peut pas les quitter alors qu'ils n'ont même pas fait l'amour. Alors, on leur arrange un rencard, une soirée de l'ambassadeur pour qu'ils dansent, la pluie pour mouiller leurs vêtements tandis qu'ils s'embrassent et un grand lit avec de beaux draps blancs qui volent un peu pendant qu'ils forniquent. C'est romantique, ou mièvre, selon les goûts, mais qu'importe. Hugh et Nicole, et leur aborigène, vivent heureux dans la nouvelle maison de Nicole richement refleurie grâce à la pluie (la maison, pas Nicole). On en oublierait presque le méchant à la voix de Dylan McKay, mais son sort nous est malgré tout précisé, pour bien montrer qu'il est méchant, qu'il pourrait frapper de nouveau, ouh, on tremble un peu, fin.

Mais non.
Les années passent, Mimi-Siku montre un terrible retard de croissance, Hugh et Nicole se déchirent pendant qu'elle prend son bain au sujet de l'éducation de leur non-fils, qui part et se fait enlever par le méchant qui n'aime décidément pas Nicole. Nullah est parqué, avec tous les métis ramassés par le shérif, sur une île où on l'évangélisera. Nicole est triste, Hugh a quitté la maison donc ne sait rien, le méchant relance son odieux chantage. Cette partie n'était pas absolument indispensable, mais qu'importe. S'il fallait ça pour dénoncer (ou avouer, puisque c'est l'Australie qui paye, n'oublions pas) les erreurs des gouvernements précédents, on peut admettre ce rebondissement un peu tragique et c'est habile, scénaristiquement, de laisser une ouverture, fin.

Mais non.
Car la guerre éclate, l'armée japonaise arrive de Pearl Harbor pour bombarder l'Australie. C'est un thème rare au cinéma, la guerre en Australie! La ville est en feu, les méchants autochtones comprennent que les abos sont comme eux, les garçons jouent à Full Metal Jacket pour aller rechercher Nullah et tous les enfants abandonnés sur leur île en évitant les cruels soldats japonais. La guerre passe un peu au second plan, mais qu'importe. Nullah retrouve Hugh et tout n'est pas si bien qui finit bien, car Nicole s'est pris une méchante bombe sur la tête, fin.

Mais non.
Car ce n'est pas Nicole qui se cachait sous la couverture! C'est vrai qu'on aurait pu soulever ladite couverture sans attendre dix minutes pour éviter ce rebondissement digne de Sous le soleil, mais alors, on n'aurait pas été triste pour Nullah. Si on a juste lu la presse concernée, on n'est pas triste non plus, parce qu'on sait que Baz Luhrmann a dû retourner la fin, pour y caser un happy end. Au moins, ça divertit de deviner quelle non-mort aurait dû être la vraie. Mais pour l'heure, Nullah et Hugh reviennent en ville, Nicole les retrouve, ils courent les une vers les autres au son des violons, très forts, pour pleurer un peu, éventuellement, si on y croit encore. La magie chamanique est de retour, mais qu'importe. Il aurait été juste insupportable que ce nullard d'enfant se fasse si connement tuer après avoir survécu à tout ce qui précédait: là, on le serre dans ses bras, il se réveille, pleurs, joie, fin.

Mais non.
Mais je ne voudrais pas dévoiler la fin du film...

Commentaires

Anonyme a dit…
lol...!
bon ben tu as fini de me convaincre de ne pas aller voir ce film !

Sinon moi aussi, l'Australie, le Japon, mes 2 destinations révées préférées (après New York mais ça c'est fait ^^)
Mais qui ne rêve pas de l'Australie en fait ? J'ai l'impression que c'est un peu une envie générale autour de moi, pas toi ?
Jeanne ou Serge a dit…
Bonne année Pierre!
Oui, comme toi j'ai littéralement adoré les 3 films précédents de Baz Luhrmann, voir idôlatré "Romeo + Juliet"...
Oui, comme toi, ce film m'a forcément déçue, parce que trop mièvre et voulant raconter trop de choses en même temps, avec des décors tellement mal faits que c'en était navrant... Très bien vu le coup des fins multiples!!!
MAIS Hugh Jackman, miam miam!!!
Pierre a dit…
J'ai bien tenté, en deux heures de temps et même plus, de vérifier mon intérêt pour Hugh, mais je suis au regret de t'annoncer qu'il est proche du néant, et c'est encore pire quand il a la curieuse idée de se raser, dans la deuxième partie.
Mais ça ne m'empêche pas de te souhaiter une très bonne année à toi aussi!
Anonyme a dit…
C'est sûrement le meilleur billet que j'ai lu sur Australia jusqu'à maintenant, le plus conforme en tout cas à mon envie de ne surtout pas aller voir ce film, après ce que j'en ai vu dans la bande annonce. Pour le moment, je n'ai lu que des choses très partiales, surtout basées sur des considérations de type "Aaaaah, Hugh {soupir}, Hugh..." Alors que bon, Hugh Jackman, d'accord, je suis la première à le dire, il est plus que hot, d'ailleurs je l'aurais élu sexy man de l'année dès 2006. Mais c'est effectivement beaucoup mieux quand il ne se rase pas, et puis il faut quand même un film autour.
Et surtout, j'aime de moins en moins Nicole Kidman.

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