Clara et les chics types


Ce titre était initialement destiné à un billet au sujet de la première saison de Clara Sheller, au printemps 2005, billet qui ne vit finalement pas le jour, par dépît après que ladite saison s'était avérée loin de me satisfaire, n'étant à l'époque pas assez bobo pour apprécier. L'étant encore moins depuis, la saison 2 risquait de ne me pas me plaire, et, paf!, c'est ce qui est arrivé. Pourtant, entre-temps, en changeant complètement son casting, Clara Sheller a complètement changé de public-cible. Il suffisait d'être un minimum attentif au casting: trouver parmi les personnages secondaires à la fois Jéréme Elkaïm ET Édouard Collin est un signe qui ne trompe pas. Clara Sheller saison 2 visait sans aucun doute possible les homosexuels masculins parisiens, une frange extrêmement minoritaire de la population (donc un pari risqué pour les audiences), mais une frange extrêmement classouille par ailleurs.

Pris sous un certain angle, éventuellement peu crédible, c'eût pu être un peu drôle. D'un niveau de drôlerie qui fait qu'on a un peu honte de rire (sans pour autant avoir un remake de La Cage aux folles), mais quand même drôle... Sauf que non, voyons, Clara Sheller saison 2 est au-dessus de ça et ne s'abaisse pas dans ce vulgaire cliché selon lequel les pédés, c'est fun... Oh là, non!, Clara Sheller saison 2 est une série hautement réaliste. Il suffit de voir combien Anny Duperey est marquée par son cancer à la fin de la série! Elle se portait beaucoup mieux lors de son premier, dans Une famille formidable.

Ainsi, Clara Sheller saison 2 offre une vraie plongée au cœur de la vraie vie parisienne (une vraie vie parfois surarticulée, mais peut-on demander à Jérémie Elkaïm de jouer naturellement?), où Clara vit depuis trois ans avec Gilles qui veut un enfant mais pas elle, travaille toujours dans son journal, et n'est toujours jamais loin de son ami pédé Jipé, qui n'a toujours pas de vie sentimentale fixe mais qui se tape un très très improbable Brad (Édouard Collin, nu de dos sous tous les angles, mais peut-on réellement chercher d'autres qualités à Édouard Collin?), mi-follasse furieuse qui move son body sur le dancefloor en oubliant de lire des livres le jour, mi-drama queen qui parle suicide avant de repartir la tête pleine de gel et son chien sous le bras. Ensuite, ça évolue, un peu, beaucoup, les gens se séparent, les gens couchent ensemble... Ou, plus exactement, les hommes couchent ensemble. Sous la douche ou dans un lit, puis encore, et avec des détails de mise en scène qui ne peuvent pas laisser insensible, surtout quand François Vincentelli est impliqué.

Et puis, bien sûr, ces gens font une psychanalyse, parlent beaucoup, se remettent en question, ou pas, puis finalement si, bavardent encore, toujours, jusqu'à l'excès. Alors, finalement, il y a bien quelques bonnes idées de mise en scène (l'épisode 5 aurait pu être absolument fabuleux, avec ses indices distillés dans le désordre, au fil -justement- des analyses de chacun, sur l'après-coït entre Gilles et Jipé), quelques idées amusantes (comme la rivalité entre Clara et Marie-France Pisier, des sous-titres de leurs pensées à leur bagarre finale), mais je dois avouer que, au terme des six épisodes de Clara Sheller saison 2, j'avais surtout envie de me pendre.

Pas sûr que je serai là pour la saison 3 dans trois ans...
Quant au casting, qu'il change ou pas, c'est pareil: qui se souvient de ce qui arrive aux personnages trois ans plus tard?

(Mais François Vincentelli, c'est quand tu veux, où tu veux)

Commentaires

Anonyme a dit…
Je crois que la saison 3 devrait changer elle aussi intégralement de casting. Non pas que les comédiens-saison 2 furent moins bons que les précédents, mais c'est juste que ça pourrait créer une nouvelle mode dans les séries: une refonte complète de la distribution à chaque saison. Et là, et seulement là, Clara Sheller deviendrait effectivement une série innovante et précurseure.
Pour ce qui est du contenu de cette saison 2, je dois dire que mon attention est allée décroissant au fil des trois mercredi. La performance d'Édouard Collin m'a un peu dépité, celle de Zoé Félix ne m'a pas convaincu mais ne m'a pas anéanti pour autant.
Je conçois qu'on puisse vouloir se pendre après ces épisodes. La seule raison est cette fâcheuse manie de tout dire, de se poser toutes ces questions existentielles tout haut, de réfléchir et encore réfléchir. Et toutes les bonnes idées ne m'ont pas franchement emballé, en particulier les sous-titres de pensées entre ZF et MFP (surtout à cause du mauvais jeu d'actrice de ZF précisément lors de ces passages) et les trop nombreuses scènes d'amour.
Au final, je crois que je regarderai la saison 3 dans trois ans, même si l'idée de ce que pourra être ma vie dans trois ans m'angoisse.

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