Des paillettes plein les yeux

Pour ce deuxième jour officiel de vacances (en faisant abstraction des sept précédents qui comptent pour du beurre), j'ai été au cinéma. Histoire de voir la seule séance quotidienne de La revanche des Crevettes pailletées avant sa très probable disparition de mon UGC, parce que c'est pas chic, ce four monumental qui touche le film. Même si, trois ans plus tard, je ne sais toujours pas si Les Crevettes pailletées était un film fun et sympathique, ou un film certes rigolo mais quand même coincé dans une représentation flirtant avec La Cage aux folles et Priscilla, folle du désert et, de toute façon, je ne me sens vraiment pas légitime à avoir un avis sur cette question. 

Le fait est que La revanche des Crevettes pailletées est une suite des Crevettes pailletées, évidemment, mais en étant totalement différent. Avant tout parce que ce n'est pas une comédie. Ou plus exactement, parce que, à partir d'un moment, ce n'est plus une comédie. Ce qu'on ne devine pas pendant le générique, probablement la séquence la plus réussie du film: une magnifique choré en costumes sur Oops... I dit it again (qui aurait gagné à être un lipsync, quitte à pousser les curseurs à fond, mais ça coûtait peut-être moins cher de faire chanter les comédiens plutôt que d'avoir la voix de Britney). Car, pour leur revanche, les Crevettes pailletées vont au Japon, avec un nouvel élément qui est fort au water-polo, lui (sans ça, on oublierait presque que c'est une équipe de water-polo, vu qu'on les voit dans une piscine pendant approximativement 2 minutes 17), mais en faisant escale en Russie. Un pays où, quand on allume la télé, on tombe sur les Little Big qui chantent Uno, mais aussi sur des discours hyper homophobes. Et là, quand l'un des héros matche sur Grindr, et qu'il tombe dans un guet-apens, on ne rit plus trop. On se fait courser par des Russes avec des matraques, on se fait arrêter, on se fait invisibiliser, on se fait enfermer, on se fait rééduquer... Il y a quand même quelques blagues ici ou là, mais on est un peu tendus, ma foi!

Je ne sais pas dans quelle mesure le film présente une vision réaliste, ni si c'est vraiment pertinent en 2022 de convoquer Orange mécanique dans la mise en scène d'une rééducation mentale, mais en tout cas, ça ne donne pas du tout envie d'aller en Russie. Il y a des gens sympas (ils sont tous de la communauté LGBT+), mais ils sont peu. Et en plus, visuellement, ces étendues de blanc avec forêt enneigée ou lac gelé (et ces villes moches, aussi), ce n'est pas la Russie, puisque le film a été tourné en Ukraine.

Et l'Ukraine, c'est pas la Russie.

(et ouais, Vlad, on n'a pas peur de dénoncer, ici!)

Ce qui nous ramène justement aux cinq chansons suivantes.

 
Kalush Orchestra - Stefania (Ukraine)

 
Intelligent Music Project - Intention (Bulgarie)

 
S10 - De Diepte (Pays-Bas)

 
Zdob şi Zdub & Advahov Brothers - Trenuleţul (Moldavie)

 
MARO - Saudade Saudade (Portugal)

C'est fou, toutes ces chansons pas en anglais. C'est l'effet post-Måneskin/Barbara Pravi/Gjon's Tears?

  • Portugal, 2 points: c'est joli, oui, mais il y a un je-ne-sais-quoi qui me gêne... Je trouve ça un peu dissonant, en fait. Et globalement chiant, mais c'est aussi ça, la touche portugaise.
  • Bulgarie, 4 points: ça a changé, Daft Punk, depuis la séparation... L'Italie a gagné en faisant du rock 2000, alors la Bulgarie s'est dit qu'il fallait faire pareil avec du rock 90. Bon Jovi votera peut-être pour ce titre, mais ça reste du rock très gentillet. Distrayant, un peu ringardounet mais pas marquant.
  • Pays-Bas, 4 points: ça sonne comme une chanson belge ou néerlandaise (d'ailleurs, c'est officiel, les Netherlands ont perdu leur the?), mais plutôt dans le haut du panier. Je doute que ça marche fort en live, mais c'est une chanson pop qui (si elle n'était pas en néerlandais) pourrait facilement passer en radio. Elle pourrait finir par marcher sur moi, sans garantie.
  • Moldavie, 6 points: au premier abord, les Zdob şi Zdub reviennent plus sobres que précédemment, mais je présume que la mise en scène saura apporter un peu de folie. Le refrain est entêtant, on veut chanter Folklore, Rock n' roll, Chișinău et București en battant la mesure et en dodelinant de la tête... ça peut marcher. Et puis, un message de rapprochement entre les peuples (roumain et moldave), c'est positif!
  • Ukraine, 7 points: le mélange chant traditionnel en costume/rap a déjà été tenté par la Pologne, et ça avait marché grâce, sans doute, aux gros seins en plus pour attirer le chaland (hétéro). Mais l'Ukraine a d'autres arguments, certes. C'est dommage que vocalement, ça ne soit pas plus agréable, parce que c'est quand même franchement catchy.

Commentaires

Nataka a dit…
Elle tombe en plein dans l’actu ta programmation ciné, et pourtant ça a l’air daté. Je t’avoue que je n’ai absolument pas entendu parler, ni des crevettes pailletées, ni de leur revanche. C’est bien à voir quand même ou il faut passer son tour ?

Aujourd’hui on va être plutôt d’accord.

Ukraine. En temps normal ça aurait été une chanson sympa qui finirait en milieu de la partie gauche du tableau, encore qu'en terme de mélange tradi/moderne ça ne vaut pas Shum. Clairement ce n’est pas pour les qualités musicales de la chanson ou du groupe qu’ils sont en tête des sondages, et c’est compréhensible mais c’est dommage. J’aime bien les refrains ceci dit, et si c’est bien tenu vocalement c’est joli. Puis c’est une chanson sur sa maman, c’est pas mal à 2 semaines de la fête des mères.

Bulgarie. Ouais j’ai pensé Bon Jovi aussi. Bah c’est du gros rock classique, la mélodie est un peu catchy mais ça n’est pas hyper surprenant.

Pays-Bas. Ah oui c’est vrai que les Pays-Bas sont dans les N et plus dans les T, y a plus d’articles. C’est pas souvent qu’on a des chansons en néerlandais, c’est chouette ça. Le refrain qui commence par les ouh ouh m’entraine assez bien dans la chanson, c’est une espèce de faux calme avec de la puissance contenue. On est bien dans du pop folk rock comme on aime, et effectivement ça passerait fort bien en radio.

Moldavie. Moi je le prend direct, ce train. Peut-être pas pour aller à Bucarest, mais bon c’est le voyage, pas la destination, tout ça. On est dans le fun, moi j’ai carrément envie d’aller faire une ronde sur la piste de danse. C’est sûr que ça fait fête au village ou bal de mariage, et que c’est un poil répétitif. C’est normal pour ce type de chanson, et je suis sûre qu’il y aura de l’animation sur scène pour que ça ne paraisse pas long.

Portugal. Bon alors ça y est, c’est vraiment fini les chansons tout en portugais, ils vont faire comme tout le monde. Je trouve l’instrumentalisation un peu dissonante aussi, je pensais que le son était mauvais mais comme c’est toujours pareil sur toutes les versions, j’imagine que c’est exprès. Sinon c’est joli, mais essentiellement chiant.
Pierre a dit…
Écoute, je ne sais vraiment pas dire si ces Crevettes pailletées valent le déplacement ou pas. Je dirais oui, mais peut-être pas...

La chanson ukrainienne ne va pas dans le même registre que Shum. Effectivement, ça ne vaut pas Shum. Je me suis demandé si l'Ukraine allait pouvoir tenir jusqu'au concours, parce que j'avais compris que la télé nationale avait été détruite, j'imaginais que ça coincerait potentiellement pour la retransmission ou les frais de diffusion. Là, à une semaine du Concours, je ne vois pas pourquoi l'Ukraine ne participerait pas... et donc pourquoi la chanson ne récupérerait pas des votes de sympathie de la part des jurys et des téléspectateurs. Alors que même 1944 a gagné sans doute sur ce seul motif, quand ce n'était plus tout à fait l'actualité. C'est dommage parce que c'est censé être un concours de chanson, mais... Comment cette situation peut-elle être gérée, finalement? Rendre visible l'Ukraine (et disqualifier la Russie), c'est à peu près tout ce qui était possible, probablement.
Nataka a dit…
Ah mais je crois effectivement qu'il fallait disqualifier la Russie, et la Biélorussie aussi tant qu'à faire, et assister l'Ukraine pour tous les aspects de sa participation qui pourraient être compromis. C'est très bien, ça. Mais alors il aurait fallu aussi le faire l'an dernier pour l'Arménie, et disqualifier l'Azerbaïdjan.
Et du point de vue des spectateurs potentiellement votants, encore une fois je comprends, et même si la chanson est moins thématique que 1944. Mais oui, vu que c'est un concours de chanson, je trouve ça dommage. Et ça me pose 2 problèmes : je ne vois pas l'Ukraine en capacité d'accueillir le concours l'année prochaine. Même en étant très optimistes sur l'évolution de la situation, et on a des raisons de l'être, ils vont avoir d'autres chats à fouetter. Et par ailleurs, je me demande toujours quel genre de victoire ça représente pour un artiste d'être reconnu pour des raisons extérieures à sa musique. ce n'est pas vraiment un compliment, et ça n'est pas vraiment juste, ni pour celui qui gagne ni pour les autres.
Pierre a dit…
On peut féliciter la Biélorussie pour avoir pris les devants en se faisant disqualifier dès l'année dernière, pour pas faire trop d'un coup. Mais oui, la question de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan se pose forcément. Je t'avoue que j'ai dû retourner sur Wikipédia pour me rappeler de la guerre de 2020 (j'en étais resté à ce conflit larvé qui dure depuis toujours); on devait avoir d'autres choses à penser à l'époque. Il y a certainement un aspect plus loin du centre de l'Europe, et le fait que Vladimir Poutine est déjà bien connu. Mais avec tout ça, oui, ce sera difficile de déterminer dans quelle mesure la chanson ukrainienne reçoit des points pour ce qu'elle est, et éventuellement impossible d'affirmer que la chanson ukrainienne aura gagné parce qu'elle était la meilleure. Mais est-ce vraiment si grave de gagner ou ne pas gagner un concours de chant? (mais bon, d'un autre côté, évidemment que l'Ukraine ne pourra pas accueillir le concours l'année prochaine, quand bien même la guerre serait finie alors)
Nataka a dit…
La seule chose grave qui pourrait arriver à l'Eurovision c'est que ça n'ait pas lieu.
Ou un accident de roue de hamster géante.
Rhum Raisin a dit…
J'avais bien aimé "Les crevettes pailletées", moi. Et j'ai vaguement entendu parler de cette suite, mais comme tu nous la décris, ça ne donne plus vraiment envie...

Mon classement du jour :
N°5 - Ukraine : J'ai détesté. Rap agressif, avec une voix désagréable.
N°4 - Bulgarie : Nous sommes donc trois à avoir pensé à Bon Jovi. Et avec une pincée d'Avril Lavigne.
N°3 - Pays-Bas : Rien d'exceptionnel, et ça ne me touche pas.
N°2 - Portugal : Oui, c'est vrai, la chansons a un côté chiant (et non, ce n'est pas la touche portugaise, Pierre), elle ne décolle jamais vraiment, mais elle a aussi un côté enthousiasmant et humanitaire qui me plaît.
N°1 - Moldavie : Hormis le fait que je me suis agacé de ne voir commencer la chanson qu'au bout de 1 minute de clip, j'ai été surpris de me retrouver en Acadie, alors que ce sont des Moldaves. C'est assez rigolo ; épuisant mais rigolo.
Nataka a dit…
RR, comment la chanson portugaise est-elle enthousiasmante, quand on dirait la musique de fond d'une scène de montage mélancolique dans un film dramatique ?
Et surtout, qu'est-ce que tu entends par "humanitaire" ? Je crois que c'est la première fois que je vois cet adjectif appliqué à une chanson (à part les trucs type we are the world évidemment).
Pierre a dit…
J'ai lancé une playlist Portugal dans mon ordinateur.
Alors, bon, tout n'est pas atrocement chiant, mais il y a quand même un petit côté possiblement chiant qui se dégage souvent (surtout sur les dernières années).
Nataka a dit…
Comme ça je dirais qu'à part Luta é alegria ou Quero ser tua, et évidemmentAmar pelos dois qui était beaucoup trop joli pour être chiant, la programmation portugaise est en effet souvent un peu chiante.
Rhum Raisin a dit…
J'entends pas "humanitaire" une chanson qui pourrait justement être une sorte de "We are the world" portugais. La formulation est bizarre, je te l'accorde.
Mais vous n'aimez pas les chansons portugaises, c'est chiant !
Pierre a dit…
Nataka, je citais effectivement les deux mêmes que toi pour les chansons pas chiantes. Mais en revanche, j'inclus totalement Amar pelos dois dans le lot. C'est joli, oui, mais ça atteint le chiant pour moi avant la fin.
Nataka a dit…
Ok alors il vaut mieux que le Portugal ne fasse jamais dans l'humanitaire, parce que les chansons chiantes n'incitent personne à mettre la main au portefeuille.

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