Cours Astérimsque, cours!

Nous sommes en 50 avant Jésus-Christ. Toute la Gaule est occupée par les Romains... Toute? Non! Un village peuplé d'irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l'envahisseur. Mais pas à l'amour, parce qu'on ne résiste pas à l'amour. Ainsi, le jeune et beau (et tatoué) Alafolix aime la belle et blonde Irina d'amour fou, qui l'aime aussi d'amour passionné. Ils ne se sont jamais rencontrés, car il vit en Gaule et elle en Grèce (et heureusement, car eût-elle habité en Égypte, elle se serait appelée Alis). Elle est tombée sous le charme de ses écrits si poétiques, si beaux, si émouvants, si romantiques, l'amour n'en demandait pas plus. Malheureusement, le père d'Irina ne l'entend pas de cette oreille, et il espère bien que sa charmante fille épousera le fils du Grand César, le fabuleux Brutus. Mais Brutus est un rustre, et Irina ne l'entend pas de cette oreille, car elle veut épouser Alafolix, qu'elle ne connaît pas mais qu'elle aime déjà et qui, parce qu'il l'aime aussi, a fait le voyage depuis son Armorique pour la rencontrer enfin. Et, parce que le coup de foudre est confirmé, un pari fou est lancé: Irina épousera le plus grand champion du Monde Antique, celui qui gagnera les Jeux Olympiques!

Pendant ce temps, en Gaule, et parce qu'il fallait bien que Astérix aux Jeux Olympiques emprunte quand même quelques éléments de l'album homonyme qu'il adapte et dont le scénario a fait ses preuves en la matière depuis 40 ans, Astérix et Obélix rencontrent le légionnaire Cornedurus, du genre "tout dans les muscles, rien dans la tête", candidat déclaré au titre de vainqueur des Jeux Olympiques très vite abattu par les pouvoirs surhumains de ces irréductibles Gaulois dopés à la potion magique qui comptent bien troubler la fête organisée par César, étant donné qu'ils sont Romains, eux aussi, puisqu'envahis. Cette phrase unique est indigeste, mais elle ne pouvait pas prendre trop de place dans cette critique. Car les Gaulois passeront la plus grande partie du film à leur gloire au second plan (et c'est bien dommage, parce que Clovis Cornillac s'en sort finalement plutôt bien, malgré des mimiques un peu trop exagérées, et qu'il est même plutôt séduisant en blond).

Au second plan d'une histoire d'amour assez peu représentative de la série adaptée et absolument insensée (parce que finalement, le si romantique poète Alafolix a un nègre... un certain Obélix). Et aussi d'un show de Benoit Poelvoorde qui, au moins, a l'air de s'amuser, lui. Ce qui n'est pas le cas du spectateur, mais c'est fait exprès. Car, qu'on ne s'y trompe pas! Malgré la présence à son générique d'acteurs dits comiques comme Élie Semoun, José Garcia ou le fantastique Alexandre Astier, malgré sa filiation a priori avec Astérix et Obélix: Mission Cléopâtre, il n'y a rien dans
Astérix aux Jeux Olympiques qui soit fait pour faire rire.

Enfin, si, il faut savoir être honnête et rendre à César ce qui est à César et à Thomas Langmann ce qui est à Thomas Langmann... Il y a bien deux ou trois clins d'œil amusants, évoquant tantôt Peter et Sloane, Diam's ou Dany Brillant (c'est dire le niveau... et encore pour le spectateur polonais, sans doute absolument familier de ces univers artistiques si internationaux), ou encore l'ensemble de la prestation de Jérôme Le Banner, mauvais au possible, mais tout cela reste anecdotique. Et puis, parmi les bonnes idées des réalisateurs, on peut aussi évoquer celle de ne faire durer le film que 1h45, quand une légende urbaine évoque que le film initial durait vingt minutes de plus... Coupées pour caler une séance de plus par jour plutôt que par amour du cinéma, mais le bienfait est malgré tout évident pour le film! Il suffit de regarder la séquence de la course de chars, celle avec Michael Schumacher
, juste longue et chiante, pour s'en convaincre. Et si la réalisation sans une once de talent ne suffisait pas, ladite scène est complètement noyée sous la brosse à reluire passée dans le dos du Grand Champion (pour satisfaire le public allemand?), beaucoup trop mis en avant, comme son char Ferrari et son directeur d'écurie Jean Todt.

En un sens, c'est une bonne nouvelle. Peut-être bien qu'Astérix aux Jeux Olympiques n'est pas une adaptation de la bédé d'Uderzo, mais juste un grand film de potes qu'on fait tourner parce qu'on les aime bien, mais des potes qui seraient Alain Delon ou des vedettes du sport. Comme ça, on pourrait comprendre que les cinéastes n'aient même pas cherché à se soucier de créer une continuité dans la franchise. Après tout, il y a déjà eu deux César et deux Panoramix, et le vrai Astérix n'a pas resigné... Alors pourquoi ne pas engager Éric Laugérias en Abraracourcix (Michel Galabru dans Astérix et Obélix contre César) ou Franck Dubosc en Assurancetourix (précédemment Pierre Palmade). Étrangement, Sim a survécu en Agecanonix (un comble, pour un type que tout le monde croit mort!) mais se voit affublé d'une Adriana Karembeu détestable en lieu et place d'Arielle Dombasle. Sauf que ce changement-ci s'explique tout à fait lorsque Jamel Debbouze débarque, dix minutes avant la fin comme un cheveu sur la soupe, avec Amélie Mauresmo qui ne parle même pas ou Zinédine Zidane et Tony Parker qui parlent quand même trop, surtout Zizou.

Car le dernier exploit de Astérix aux Jeux Olympiques est aussi de laisser Jamel Debbouze en roue libre, là où il était parfaitement canalisé par Alain Chabat. En cinq minutes chrono, l'acteur livre ici un best-of de son œuvre, plutôt efficace mais à mille lieues du Numérobis authentique (et du reste du film), incluant notamment son face-à-face avec la poitrine d'Adriana, qui l'avait rendu célèbre. Et conclut même par un tacle inutile envers Christian Clavier, dont on peut espérer qu'il n'est rien d'autre que la seule touche d'esprit visible des dialoguistes-producteurs rancuniers.

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