Super Loser

Quand SuperGrave commence, avec son logo old school de la Columbia, son générique aux couleurs fluo qui peut aussi faire parodie des pubs iPod avec des gens qui ne savent pas danser, son plan d'ouverture avec une vieille voiture, la musique funky qui sort de l'autoradio ou le look du conducteur, on pourrait croire, si l'image n'était pas aussi nette, que le film a été tourné dans les années 1980 et aurait été condamné bien longtemps à dormir dans les cartons du studio. Et puis Seth arrive chez Evan et ils échangent ce dialogue:
- J'te dis pas... Comment j'suis jaloux qu't'aies sucé ses nichons quand t'étais bébé!
- Ouais bah, c'est rien, t'as bien sucé la bite de ton père!
Et le ton est donné: d'un coup, plus rien ne les arrête et SuperGrave offre un festival lexical intarissable à base de bite, chatte, moule, bite dans la chatte, queue, fellationner, fuck, fourreur de chattes, tafiolle ou tapette lors des dialogues entre les deux acolytes précités qui vivent l'une des dernières occasions de ne pas arriver vierges à la fac, mais aussi l'une de leurs dernières soirées avant leur séparation, le premier n'ayant pas été accepté dans l'université du second, ce qui n'est pas le cas de la troisième roue du carrosse du couple, Fogell le loser, avec lequel Evan partagera même sa chambre, ce qu'il n'a d'ailleurs pas réussi à avouer à son meilleur ami Seth. Fogell, cependant, ne sert pas complètement à rien, puisqu'il a une fausse carte d'identité, au nom de McLovin (sans prénom, parce que c'est plus cool) et qu'il va permettre au trio d'apporter l'alcool à la soirée de Jules (prononcez Djouls et considérez que c'est une fille), en faire des héros et se retrouver suffisamment torchés et au milieu de filles suffisamment torchées aussi pour que tout ce petit monde se déniaise joyeusement...

Sauf que rien ne se passe comme prévu et qu'un passage raté à l'épicerie se transforme en une quête désespérée de plus d'une heure, au cours de laquelle Seth et Evan -interprété par Michael Cera à mille lieues de son personnage de George-Michael Bluth dans Arrested development- croisent l'oncle Eddie de Parents à tout prix ou le matheux Charlie Eppes, tandis que "McLovin" découvre la vie et philosophe (
"Le problème avec les filles, c'est pas de s'en sortir, c'est d'y rentrer..." dit-il, trop la classe) avec deux flics très très étranges. Il se dégage alors du film une très étrange impression que SuperGrave ne sait pas où il va, ou bien qu'il ne va nulle part, mais c'est bien aussi le résumé parfait de l'adolescence.

Et puis, quand tout ce petit monde arrive à la fête, le côté un peu décalé du film disparaît pour devenir rien d'autre qu'une sorte d'American Pie où on passe à l'acte ou on vomit, mais avec des bons gars cachés dessous ces airs un peu rustres propre à l'ado en rut, qui ont finalement ce qu'ils méritaient dans une dernière scène qui pourrait faire pleurer les âmes sensibles (en tout cas, celles qui auraient su ne pas s'outrer du vocabulaire employer). Là, SuperGrave devient un teen-movie comme tant d'autres, sans plus aucune surprise et qui se clôt sur une exposition de dessins de bites géantes. Tout ça pour ça, c'est un peu dommage, mais l'essentiel est que le film fait rire tout le long, même si c'est principalement parce qu'il ose tenir des propos particulièrement crus, et qu'il en ressort par moments une sensation de super-absurde.

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