Buzze-moi

Dans la vie, si on veut devenir riche, on peut faire de longues études et, une fois celles-ci terminées, se ruiner à la tâche en multipliant les heures supplémentaires, parce qu'un jour, peut-être, on gravira tous les échelons et on finira Roi du Monde ou, au pire, licencié avec un golden parachute. Mais tout ça, c'est beaucoup d'efforts, alors quand on est fatigué rien qu'en lisant la méthode, il faut trouver autre chose. Ça s'appelle la télé.

Seulement, la télé, c'est comme la vraie vie. Beaucoup d'appelés, mais peu d'élus. Et si certains réussissent à gagner des millions à Qui veut gagner des millions?, la masse doit généralement se contenter de sommes à cinq chiffres. Pire encore, il n'est pas rare de devoir partager la moitié d'un dû difficilement acquis avec un t
éléspectateur qui n'en branle pourtant pas une chez lui et qui, si ça se trouve et comble de l'horreur, est chômeur.
Il faut dès lors féliciter les producteurs qui osent dénoncer ces inégalités. Pensons aux quatre élèves de l'Athénée Charles Janssens d'Ixelles qui, parce qu'ils ont remporté la saison 2006/2007 de Génies en herbe, ont gagné 1250€... pour leur école! Ou encore à nombre de candidats de Êtes-vous plus fort qu'un élève de dix ans? qui, parce qu'ils se croient à tort plus forts qu'un élève de dix ans, repartent les mains dans les poches et les poches vides (une fois qu'ils en ont enlevé leurs mains, naturellement). Mais ce n'est pas encore parfait, loin de là: les premiers ont gagnent en même temps une quantité non négligeable de dictionnaires pour les longues soirées froides d'hiver, tandis que les seconds peuvent tout à fait s'arrêter s'ils réalisent à temps qu'ils auraient dû aider leurs enfants à réviser leurs leçons plutôt que de les coller devant TooWam pendant qu'ils jouent à Halo 3 sur leur plasma.

La solution, c'est la TNT qui l'offre.
W9. Punaise que cette phrase était brève.
Chaque jour, à 16h puis à 16h30, Bertrand Amar, télévisuellement ex-Des souris et des rom, ex-Cajou, ex-Zboggum, ex-Re7 (le tout jamais loin des jeux vidéo et toujours sur Canal J, entre 1994 et 2007) mais radiophoniquement actuel Monsieur 9/12 sur NRJ, anime Buzz le jeu musical sur la petite sœur de M6. Punaise que cette phrase était longue.
Le Monsieur Jeux vidéos de Canal J aux commandes du premier jeu télé adapté d'un jeu vidéo, Buzz méga quiz, c'est logique. Le Monsieur Matin de NRJ aux commandes d'un jeu musical, c'est logique aussi. Il faut quand même constater que le résultat est un peu bancal par moments, mais ce n'est pas parce que Bertrand Amar veut absolument appeler le leader des Babyshambles Peter Doherty qu'il est inculte en musique. Ce n'est pas non plus parce qu'il attend parfois que le temps soit écoulé pour énoncer les différentes possibilités qu'il est un mauvais animateur de jeu. De toute façon, la prestation de Bertrand Amar n'est pas le sujet, d'autant qu'il fait quand même ça bien, et que je ne vais pas dire le contraire d'un animateur de mon enfance.

La vraie force de Buzz, le jeu musical, c'est sa gratuité! Tu te fais éliminer en première manche, parce que tu n'as pas assez bien chanté pendant l'épreuve de rattrapage à la Singstar? Tu repars bredouille! Tu te fais exploser la face virtuellement pendant la deuxième manche? Tu repars bredouille, sans même un petit jeu vidéo Buzz pour PS2! La seule chance de gagner de l'argent est de gagner la finale, et c'est bien normal. Et pour gagner le méga jackpot de 5000€, il faut le mériter en reconnaissant dix interprètes de chansons à partir d'un extrait de 10 secondes, puis 9 secondes, puis 8 secondes, puis 7 secondes, puis 6 secondes, puis 5 secondes, puis 4 secondes, puis 3 secondes, puis 2 secondes, puis 1 seconde, avec un seul joker si on a un moment de doute parce qu'on n'est plus capable de retrouver qui chante Hey Ya! même si on est sûr que ce ne sont pas les Black Eyed Peas, et sans aucun droit à l'erreur, nécessitant donc une culture musicale allant de L'agitateur de Jean-Pascal à Contact de Kyo en passant par Gwen Stefani, Jenifer, Tom Jones, Las Ketchup, Outkast ou Tragédie...
Un truc infaisable, en quelque sorte. De quoi juste paraître inculte à la télé.
Heureusement que les candidats doivent être déguisés en Elvis, en rappeur, en DJ ou en lolita pour jouer. Ça leur évite d'être ridicules en rentrant chez eux.

Commentaires

Anonyme a dit…
Je ne vois pas où est le problème. Il faut bien de la difficulté. Sinon, on retombe dans le "Fa si la chanter" de Pascal Brunner, et il n'y a aucun intérêt. C'est comme si on refaisait aujourd'hui une version de "La Fureur" identique à celle d'Arthur. Bien sûr, c'est pas évident de se souvenir d'Outkast, vite, comme ça, mais c'est faisable.
(Et j'aime ton titre.)
Pierre a dit…
Je n'ai rien contre la difficulté, ça me donne encore plus l'impression d'être extraordinairement bon. C'est juste que, même si je déteste les candidats en général, je trouve logique que celui qui extermine la concurrence ait au moins un petit pin's parlant en souvenir.
Quant au titre, je te remercie, je suis assez fier de moi.

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