Celui qui sauvait le monde...

Dans les années 1980, le Monde allait bien. À l'époque, il faut rappeler qu'il était défendu par un arc-en-ciel courageux, rouge, rose, vert, jaune et bleu (mais ni violet, ni indigo, ni orangé): Bioman. Certes, c'est essentiellement le Japon qui était menacé par les Forces du Mal du Vide Sidéral, mais en ces temps de mondialisation galopante naissante, il était plus que logique que Bioman ait un délégué syndical jusque chez nous, qui sommes pourtant bien loin de Tōkyō. Nul besoin de préciser, évidemment, que ce fut Bernard Minet qui eut l'insigne honneur de représenter, voire d'incarner, l'ami préféré des enfants, après le Père Noël qui pourtant ne fait pas le poids face aux F.M.V.D.

Bioman France, comme tout bon Bioman qui se respecte, devait veiller à terrasser les méchants qui voudraient prendre le contrôle de la Tour Eiffel, ce qui lui laissait beaucoup de temps libre. Quant à détruire les carrières des jaloux qui travailleraient aux émissions pour la jeunesse d'Antenne 2, c'étaient Marotte et Charlie qui s'en occupaient. Du coup, aidé de son fidèle acolyte Jean-François Porry, Bioman France a enregistré un disque, sans même participer à la Star Academy, parce que c'était Bioman France et que quiconque n'était pas d'accord risquait de se prendre un Fulguro-Poing au coin de la gueule, et c'est pourquoi personne n'était pas d'accord. Le résultat sortit en 1988 sous le titre très sobre de 12 chansons de Bioman, parce que, quand on s'adresse aux enfants, il faut savoir faire simple.
À l'époque, Faustine Bollaert a huit ans.

L'année suivante, elle a neuf ans, c'est logique. Il est bien loin le temps où, tout juste âgée de trois ans, elle économisait déjà consciencieusement et précocement dix-neuf francs pour s'acheter le 45T de Hou! la menteuse que ses cruels parents lui interdisaient. Mais Bioman France sait qu'il existe encore en 1989 des enfants de trois ans qui vont régulièrement seuls chez le disquaire et qu'ils ont de l'argent dans leur tirelire depuis que leur budget Douchka ne sert plus à rien. Et comme son homologue nippon vit de toutes nouvelles aventures, narrées
le mercredi après-midi dans Bioman 2: Maskman (enfants, faire simple, blabla), Bioman France se dit qu'il pourrait sortir un nouveau disque, la France n'ayant toujours pas reçu la moindre menace des F.M.V.D. qui sont bien trop occupées à casser des murs en Allemagne et des pékins en Chine.

En plus, c'est Dis-moi Bioman, la plus belle chanson de Bioman France qui sert de nouveau générique, un émouvant duo plein d'espoir avec des Sandrine & Stéphanie apeurées par ce monde où tout va mal qu'elles découvrent à peine, elles qui vivaient encore dans une bulle, un monde de Bisounours et de petits Poneys. Le titre était déjà sur le premier album, mais il est devenu l'hymne de la série, il mérite l'ouverture du nouvel opus, imparablement intitulé Bioman 2: Maskman (enf..., faire s..., blab...). Même si son teint sur la pochette indique qu'il a probablement effectué un stage de quelques mois au Japon, Bioman France a su rester le même. Un peu trop, sans doute, parce que l'album est moins abouti que le précédent, qu'il sent un peu le recyclage. On y (re)trouve Dis-moi Bioman, mais aussi le générique de Bioman, ainsi que le titre Force rouge force jaune qu'il emprunte au répertoire de son collègue Chevalier du Zodiaque qui l'interprétait en face B de Les Chevaliers du Zodiaque. Pour le reste, une simple comparaison des titres par un enfant de trois ans maltraité montre une vraie évolution. Bioman, Dors en paix la Terre, Hey Bioman Go, La chanson des Héros, Bioman Bioman et Je voudrais être un Bioman laissent place à Dis-moi Bioman, Force rouge force jaune, Pibolo, À l'assaut, C'est Bioman et Bioman danse sur la face A, tandis qu'à Dis-moi Bioman, Force rouge force jaune, Pibolo, À l'assaut, C'est Bioman et Bioman danse succèdent Bioman, Dors en paix la Terre, Hey Bioman Go, La chanson des Héros, Bioman Bioman et Je voudrais être un Bioman sur la face B.

Ce sera là le dernier opus de Bioman France. Non pas que Bioman Japon n'intéressait plus la jeunesse de France, qui se délectera encore en 1990 de Bioman 3: Liveman, assorti d'un générique nouveau et épique, Bioman est de retour, mais l'inventeur de la cassette audio n'avait pas pensé à ça en créant son support ultra-moderne et il aurait fallu, cette fois-ci, faire plus que juste échanger la face A et la face B. Alors, Bioman France choisit de reprendre sa véritable identité, et il redevint Bernard Minet, mais c'est une autre histoire.

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