Tout le monde est là, même ceux qu'on n'attend pas (la playmate du mois)

À défaut de côtoyer la grippe, ma soeur a quand même chopé un méchant rhume, un de ceux qui la feraient passer pour une tuberculeuse, avec la discrétion qui la caractérise quand elle tousse. Mais comme elle n'a pas la tuberculose mais juste un rhume, elle passe aussi sa vie à se moucher (avec, il semblerait, le défi de faire sortir coûte que coûte un peu de substance blanche en même temps que ses trop banales mouchures). Et elle éternue...

Par exemple, hier, tandis qu'elle lisait mon Playboy...

Hmm, oui, je lis Playboy... Mais vous savez, ça a beaucoup changé, Playboy. C'est un vrai magazine, avec des articles signés Frédéric Beigbeder dedans et plus du tout un torchon avec une fille en train de se toucher en couverture... Bon, si, il y a toujours une fille en train de se toucher en couverture, mais c'est Vahina Giocante qui pose et Karl Lagerfeld qui prend la photo, alors, franchement, c'est pas du tout porno. Pour se tripoter, il y a Penthouse ou Newlook, mais pas Playboy! Playboy, c'est sérieux, ça fait des interviews de Julien Doré pour lesquelles il pose nu... Allez, j'ose le dire même si je ne suis pas certain que ça se dise, Playboy, c'est cathartique, ça me permet de crier au monde les pulsions physiques incontrôlables et inattendues que provoque Julien Doré sur moi, au point de s'insinuer jusque dans mes rêves et de les rendre particulièrement torrides...



Mais je m'égare, retenons que Playboy n'est pas un magazine fait pour se palucher, oh la non, et que ma soeur le lisait, ce que la morale ne réprouve donc pas, malgré la présence de la demoiselle alanguie et peu vêtue sur la page centrale à détacher et accrocher dans son camion. Et, alors qu'elle tournait les pages en papier glacé, elle a soudainement eu l'idée saugrenue d'éternuer, prétextant que ce sont des choses qui arrivent quand on est enrhumé. Certes... Mais cela justifie-t-il pour autant qu'elle n'ait pas mis sa main devant sa bouche, projetant des millions de microbes sur MON magazine, MON Playboy à 6 euros que j'ai été acheté à l'autre bout de la ville pour être certain qu'aucun élève ne me verrait!

Tel sacrilège ne pouvait rester impuni et il fallait donc que l'affaire éclate lors d'un conseil de famille.
"C'est un scandale, elle a envoyé ses miasmes sur MON magazine à 6 euros! Si j'achète un magazine à 6 euros, les seuls miasmes autorisés dessus, ce sont les miens!" que j'ai dit.
Pas sûr que la défense était la bonne...

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