Le régime Alice Nevers

Le jeudi, TF1 innove désormais en diffusant deux séries policières de 52 minutes à la suite. Pour lancer cette nouvelle case, qui n'a absolument RIEN à voir avec les soirées deux polars que France 2 a créées il y a des années de cela et qui sont le vendredi soir (donc vraiment rien à voir), TF1 met les femmes en avant dans deux nouvelles séries: Femmes de loi et Alice Nevers, le juge est une femme. Ou plutôt, techniquement, deux séries du lundi qui montent en grade, atteignant enfin le statut de série policière de la Une (tant envié par la concurrence). Car il faut bien l'admettre, jusqu'à présent, on mentait aux téléspectateurs de TF1 les plus naïfs qui regardaient certains lundis Femmes de loi ou Alice Nevers, le juge est une femme en pensant assister à un spectacle policier pourtant réservé au jeudi. Non! Femmes de loi est d'abord une série centrée sur les gros seins d'Ingrid Chauvin, tandis que Alice Nevers, le juge est une femme est une série humoristico-sentimentale à propos d'un triangle amoureux, celui formé par Alice Nevers (parce qu'il manquerait plus qu'elle ne soit même pas dans la série, avec un titre aussi long!), Romance et Guérand, le dernier tendant quand même au statut de troisième roue du scooter.

Mais tout ça, c'était avant! Au doux temps du 90 minutes...
Depuis, Ingrid Chauvin a été remplacée par une actrice moche qui a trop réparti la masse mammaire de la précédente sur son seul visage. Et surtout, parce que je ne m'abaisserai pas à parler plus longtemps de Femmes de loi, Romnace et Guérand ont quitté Alice Nevers. À moins que ce ne soit Alice Nevers qui soit partie, loin d'eux, loin de tout, et même loin de la procureure qu'elle considérait un peu comme sa mère, avec son greffier pour seul bagage. Parce que Romance ne s'est jamais décidé à la serrer dans un coin du tribunal, alors qu'elle n'attendait visiblement que ça (tout comme Florence Larrieu a désespérément attendu une audace sexuelle de la part de ses policiers attitrés). Parce qu'elle n'arrivait pas à dire à Guérand que, non, vraiment, ça va pas être possible, parce qu'elle le trouvait sympathique et ne voulait pas lui faire de peine en l'attaquant sur son physique...

Cinq ans plus tard dixit Marine Delterme lors de la promo de la nouvelle saison (mais pas du tout dixit l'épisode 1 qui veut nous faire croire que tout est tout à fait normal), on retouve donc Alice Nevers, épanouie, libérée comme ses cheveux. Comme une nouvelle Alice dans une nouvelle vie! Mais toujours son investissement extrême dans les affaires qui pourraient faire dire aux mauvaises langues (et aux détracteurs de la série) qu'elle est un peu trop une super-flic, alors même qu'elle est juge (d'où l'importance de l'autre moitié du très long titre de la série).

Pour le côté flic, à la place des deux ex-minets qui se faisaient la guéguerre, elle fait équipe avec le Commandant Marquand (malheureusement incarné par Jean-Michel Tinivelli). Le Commandant Marquand est un peu macho sur les bords, pas du genre à avouer qu'il a un contrôle fiscal sur le dos, mais il tient à Alice Nevers, pour laquelle il est tout inquiet après qu'elle a été empoisonnée par mégarde et qu'elle a subi un double lavage d'estomac et un petit coma, qui ne l'empêchent pas d'être sur pied en une demi-heure parce que, même si on peut prendre des congés parfois particulièrement quand on est impliqué dans l'affaire et qu'on cherche qui NOUS a empoisonné, il faut savoir établir comme priorité que justice soit faite. Marquand a bien un collègue, mais aucune rivalité n'est possible pour séduire Alice, car il s'agit d'un jeunot, presque un bleu, qu'il a pris sous son aile (interprété par Grégori Baquet qui ne sera jamais vieux).

Et de toute façon, on s'en fiche, parce qu'on est dans une série du jeudi, un vrai policier, tragique et sombre comme il faut, qui sait utiliser les technologies modernes comme la messagerie instantanée et oser les thèmes d'actualité comme l'adoption par un couple de femmes ou les malversations financières. Avec notre nouvelle Alice, c'est fini, les génériques qui défilent devant une image fixe d'Alice regardant son associé d'un petit air taquin ou qui s'esclaffe à gorge déployée en penchant légèrement la tête en arrière... Notre Alice a mûri, elle sait que, comme Lily Rush, elle envoie aussi des gens en prison, et elle les regarde passer devant elle, menottes aux poignets, sur fond de ballade pop. Elle est l'héroïne d'une vraie série moderne, Alice! Elle ne s'abaisserait plus à jouer dans un générique dans lequel on la verrait maîtriser un brigand armé rien qu'en lui tenant le bras, alors qu'elle pourrait avoir un beau truc à la z'Experts!
C'est bien, c'est vrai... Mais avec lequel elle a couché?