Docu-fiction

Avec Nid de guêpes, Florent-Emilio Siri prouvait dès son premier long-métrage qu'il savait filmer les combats avec des guns qui tirent dans tous les sens et le noir. Du coup, son Ennemi intime commence sans surprise dans le djebel et la pénombre, où Albert Dupontel ordonne à ses hommes de faire feu (sauf que raté, en face, ils étaient des nôtres!). Il a raison, il fait ça toujours très bien: L'ennemi intime est visuellement une réussite en tous points. Que ce soit dans les décors, magnifiques, du désert de jour ou de nuit, dans les très gros plans des acteurs qui utilisent toute la portée du cinémascope, dans la réalisation des combats, tout est maîtrisé, y compris les retouches numériques, qui savent rester légères, rendant perçants les yeux des acteurs la nuit.

La première demi-heure laisse pourtant craindre que le film, en se concentrant sur le côté "guerre" du film de guerre, soit au final un peu léger vis-à-vis de son sujet spécifique, la guerre d'Algérie, là où le documentaire de Patrick Rotman, qui co-signe ici le scénario, était particulièrement fouillé. Le personnage de Benoît Magimel, sorte d'oie blanche intègre à tout prix, semble un peu caricatural et la première tentative d'explication de texte du film, entre lui et un supérieur sur le terrain depuis déjà longtemps, qui sait bien qu'il changera d'avis, est un peu trop artificielle pour être totalement convaincante. À peine plus tard, la confrontation entre algériens, fellagha ou harkis, est elle nettement plus bouleversante. Dès lors, les séquences-chocs, parfois extrêmement violentes, visuellement ou moralement, se succèdent, mais jamais gratuitement. Pour montrer l'horreur de cette guerre, des méthodes employées dans les deux camps: tortures, massacres de villages entiers, napalm... Mais aussi pour expliquer l'évolution de Benoît Magimel, personnage tourmenté, déchiré entre ses valeurs et cette réalité.

Au final, L'ennemi intime est un film fort, éprouvant, qui cède peut-être à la facilité dans ses dix dernières minutes. Après deux séquences possibles pour clore le film sans être très clair sur le destin de son personnage principal, Florent-Emilio Siri le fait revenir en Algérie, pour ajouter une séquence émotion (certes efficace) et un dénouement plutôt prévisible. Mais finalement, le gros point négatif du film, ce sont peut-être les mèches blondes de Benoît Magimel. Tout ça ne fait pas très sérieux...

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Lilly-Fleur Pointeaux nue (n'est pas dans ce billet)

À lit ouvert

The boys from Ipanema