Le magicien d'Oz

Au dernier Festival de Cannes, quand Jacques Audiard recevait son Grand Prix du Jury, le réalisateur de la cérémonie s'apesantissait sur le sourire ultra-brite de son acteur principal, dans la salle, Tahar Rahim. Qui, contrairement à ce que tout le monde disait, n'était pas complètement un inconnu, puisqu'il tenait un rôle de premier plan dans la série La commune, honteusement zappée par Canal+ qui, dans le même temps, a trouvé intéressant d'envisager une saison 2 à Scalp (qui n'est pas une mauvaise série, mais qui aurait très bien pu s'arrêter là, là où La commune tentait une espèce de cliffhanger, sans doute initialement soutenue par la chaîne avant qu'elle ne constate que la vie d'une cité à problèmes est une thématique trop segmentente sur ses audiences).

Accessoirement, ce jeune homme visiblement très heureux du prix gagné par son réalisateur attirait naturellement l'œil, ce qui a pu jouer pour finir de me convaincre d'aller voir un film de 2h30. Entendons-nous bien, ce seul argument ne pouvait me suffire à aller voir Un prophète, ce serait comme regarder Oz pour les mecs à poil... Bien sûr, pour peu que la première diffusion tombe pile pendant la puberté, on pourra en regarder un bout juste parce que Chris Meloni est quand même pas trop mal foutu, mais l'histoire est finalement trop prenante, trop violente, pour réussir à se tripoter dans des conditions optimales devant la série, alors même que, en face, M6 diffuse encore le téléfilm érotique du dimanche soir.
Mais revenons-en plutôt à Un prophète, qui se présente donc comme un film carcéral centré sur le destin de Malik El Djebena, entre les différents clans qui règnent sur la prison, sans lésiner avec la violence pour illustrer son propos.
Ce qui n'a absolument rien à voir avec Oz, oh non...

Qu'importe, de toute façon, puisque l'arrivée de Malik dans la prison est particulièrement prenante, éprouvante aussi et il est impossible de ne pas compatir pour ce jeune homme entraîné malgré lui dans les règles du lieu, contre lesquelles il ne peut pas résister. Puis de le voir réussir à se débrouiller, à se frayer une place dans ce milieu hostile et même à prendre une envergure inattendue.
Puis Malik a droit à sa première permission et, en une seule phrase, il m'est devenu impossible de m'impliquer encore pour lui. Je sais bien qu'il n'y a pas à valider automatiquement le comportement d'un personnage quand on regarde un film, ni même que le monde n'est pas tout blanc ou tout noir, mais non, désolé: de même que je suis absolument incapable d'apprécier les remords du personnage principal de The reader alors qu'il était le maître de son destin, je ne peux pas m'investir autant dans la vie de Malik au vu des choix qu'il fait...

C'est ainsi que la dernière heure d'Un prophète m'a paru un peu longuette, avec nettement moins d'intensité. Ce qui n'empêche pas Tahar Rahim d'être absolument époustouflant de bout en bout et de mériter tous les prix qu'on pourrait lui donner pour ce film.

Commentaires

cecilette a dit…
En arrivant sur cette page, pas moins de 3 chansons ont démarré en meme temps ! au secours !
Pierre a dit…
Je te remercie de me signaler ce problème, puisque ce n'est absolument pas normal. Malheureusement, je n'ai pas de solution dans l'immédiat, puisque, de mon côté, tout est comme ça devrait être.
Par contre, je n'ai rien qui se déclenche "en même temps": il me faut avoir atteint le lecteur média pour qu'il lise automatiquement le fichier concerné, mais rien d'autre. Ça ne fait pas ça chez toi?
cecilette a dit…
non finalement c'est bon ça ne se déclanche plus tout seul. je sais pas ce qu'il s'est passé hier soir...

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