Je hais les enfants


Il était temps que le mois de septembre s'achève. Enfin, il en sera terminé du baby boom chez Renault et de tous ces enfants sur toutes les affiches de bus, de plan de ville ou de métro. Notez que je n'ai absolument rien contre l'idée d'exploiter des bébés uniquement pour vendre des voitures, comme je trouve légitime de montrer des bébés en roller pour vendre de l'eau minérale dans une vraie démarche évidemment mercantile (puisque c'est quand même avant tout une publicité) mais néanmoins artistique et profonde sur le sens du produit et ses vertus jeunes ou rajeunissantes sans, du tout, penser à tous les «oh, c'est des bébés trop choupi trop mignons trop craquants, je vais m'acheter cette voiture» que ça pourrait provoquer sur un public fragile ou émotionnellement perturbé.
Non!
Mon vrai problème, c'est Koleos!


D'abord, je ne comprends pas ce prénom... Je suis plutôt partisan de Mégane, j'admets qu'on puisse trouver Clio sympathique, comme un dérivé de Cléo, et, éventuellement, le prénom Laguna a un côté un peu exotique, tandis que le prénom Twingo a un côté amusant, même si ce n'est pas forcément le meilleur critère dans le choix d'un prénom que de le privilégier drôle. Mais Koleos, non, vraiment, c'est impossible, ça n'existe pas. Bien sûr, je ne cautionne pas davantage que des parents aient pu appeler leur enfant Modus, Scénic ou Kangoo rien que pour connaître une célébrité à travers eux (les parents du petit Kangoo seront de toute façon bien punis quand il fera son coming-out d'ici quelques années). Je ne compatis même pas pour ceux qui ont choisi Velsatis comme nom de baptême, pour rien finalement!, parce qu'ils espéraient que ce modèle reviendrait parce qu'il était quand même bien beau au milieu de la gamme, ce qui était justement son but.

Mais Koleos n'est pas qu'un prénom. C'est aussi et surtout cet air fier absolument insupportable qui laisse penser que, déjà à 15 mois, il sait qu'il est le plus beau et le plus fort puisque ses parents lui répètent inlassablement depuis des années. Et on sait ce que ça va donner! Dans quatre ans, Koleos va vouloir se la péter dans L'école des fans de Philippe Risoli devant ses parents extatiques, caméra au poing puis, grisé par ce succès et les filles faciles que cela implique, il va vouloir devenir acteur de cinéma et ce sera une catastrophe artistique! Ça se voit, que Koleos ne sait pas jouer!

Comme tous les enfants ou presque, direz-vous.
Je dois toutefois souligner que, très récemment, j'ai découvert sans doute l'Élu, celui qui sait encore moins jouer que tous les autres, celui qu'on voudrait bâillonner à sa moindre réplique ET cacher derrière un élément de décor, histoire de ne pas le voir cabotiner ou lutter contre son texte. Un enfant qui, si ça se trouve, n'aurait jamais été dans cette galère si ses parents avaient été lucides et honnêtes avec lui... Le vrai mystère est de savoir pourquoi le réalisateur de Simon Konianski l'a engagé quand même, à moins qu'il soit de la famille aussi...

Il y a d'ailleurs un autre vrai mystère, qui est aussi une chance: malgré le personnage de «Schmuli» (car oui, en plus de mal jouer, il est doté d'un surnom pour le moins particulier pendant tout le film), Simon Konianski est un très très bon film, à la fois drôle et surprenant. Que ce soit le personnage-titre (Jonathan Zaccaï), amoureux largué (par une goï!) qui retourne vivre chez son père avec lequel il s'oppose sur tous les sujets sensibles liés à Israël ou la religion juive, ou le personnage du père (Popeck) désespéré par le retour de son fils et prêt à tout pour le voir repartir très très vite avec un vrai travail et une vraie femme juive, en passant par l'oncle persuadé d'être encore pisté par la Stasi, les personnages sont parfaitement mis en valeur tout au long du film, qui se transforme à sa moitié en une espèce de road-movie, histoire d'aller enterrer le père en Ukraine sans dépenser trop d'argent. Un voyage qui permet à quelques secrets de famille d'être découverts, mais surtout à Simon Konianski de se rapprocher à la fois de son père et de son fils.
Mais pourvu que ledit fils (et ses parents, peut-être) comprenne que ce sont l'histoire, les effets de réalisation, Jonathan Zaccaï et Popeck qui rendent le film si réussi, et pas du tout sa performance.

Commentaires

cecilette a dit…
j'aime pas non plus ce Koleos !
Rhum Raisin a dit…
Vraiment, appeler une voiture Popeck, c'est méchant!

Posts les plus consultés de ce blog

Lilly-Fleur Pointeaux nue (n'est pas dans ce billet)

À lit ouvert

The boys from Ipanema