Opération Eurovision [del fyra]

On ne répètera jamais assez combien 1984 fut une des ces grandes années dans l'Histoire de l'Humanité. Je ne vais pas m'étendre sur cette évidence ici en vous imposant une interminable liste d'arguments et d'événements inoubliables qui ont si souvent changé la face du monde, car ce n'est pas le sujet qui nous occupe. Mais néanmoins, un constat, il est des dates particulières qui ne pourraient que finir de convaincre les sceptiques. Prenons par exemple, et ça tombe fichtrement bien, le 1er mai 1984. Une bien triste date car c'est exactement ce jour-là qu'on célébrait les quatre-vingts ans de la mort, à Prague, d'Anton Dvořák qui, on l'ignore trop souvent, s'appelait en réalité Antonín Leopold. On pourrait, après cette découverte, légitimement s'interroger sur comment il en a choisi Dvořák comme nom d'artiste, mais ça n'est pas le sujet, et puis surtout ça n'a aucun sens, puisqu'Antonin Leopold n'était que son prénom, tandis que son nom de famille était Dvořák.

Évoquons plutôt l’œuvre de ce Grand Homme, qu'on doit pouvoir qualifier de chef, puisque, même trente ans après les quatre-vingts ans de sa mort, on connaît encore sa Symphonie du Nouveau Monde, voire cette musique destinée à vanter les mérites (et la classe) des biscuits Delacre. Mais preuve du Génie de l'Homme, ainsi que de la multiplicité de ses talents, il a également proposé une nouvelle disposition de clavier informatique. Ce qui est d'autant plus impressionnant qu'il le fit près de trente ans après sa mort! Las!, même si nous n'étions que dans les années 1930, les doigts du monde entier savaient déjà tenir une conversation MSN dans le noir complet pour ne pas gêner le petit frère ou la petite sœur qui partageait la même chambre et il était trop tard pour que le clavier Dvorak s'impose.

On peut néanmoins supposer que Dvorak était très occupé dans son immédiat après-mort, car, sinon, il aurait eu vent, sans doute, d'un échec précédent, en 1907, pour imposer en France un clavier Zhjayscpg, ce qui est quand même très compliqué à prononcer. Ainsi, même si ce n'est qu'une traduction pas très pratique du clavier Qwerty, nous tapons sur du Azerty. Les Belges aussi, d'ailleurs, même si, les veinards, ils peuvent taper un exposant 3 sans difficultés par un simple Maj+². Les Suisses (et les Luexmbourgeois), eux, utilisent plutôt le Qwertz et on comprend mieux pourquoi ils ne nous donnent jamais de points au moment des votes, les traitres. Reste que, partout, un Ctrl-C m'aurait permis de copier le nom de Dvořák facilement et un Ctrl-Z d'éliminer quelques fautes de frappe. C'est la magie du Undo et il apparaît plus que probable que ce soit le thème de la chanson suédoise.

Sanna Nielsen - Undo (Suède)

Cristina Scarlat - Wild soul (Moldavie) 

Softengine - Something Better (Finlande)

Freaky Fortune feat. Risky Kidd - Rise up (Grèce)

Elaiza - Is it right (Allemagne) 

 Les points du jour et ça commence à devenir compliqué...

• Suède, 4 points: la mélodie du tout début de chanson me plaît bien, même si je sais que c'est la même qu'un tube radio assez récent (du Rihanna?). J'aime aussi assez la façon de dire u-u-u-undo et la voix est jolie, mais en dehors de ça, il ne se passe quand même pas grand chose et surtout rien d'original.
• Grèce, 4 points: enfin une chanson qui bouge un peu! Mais pas tant que ça, pour un titre dance et, surtout, cette espèce de klaxon finit par être très pénible. Il faudra voir en live, mais il va falloir que ces gens vendent la chanson avec beaucoup d'énergie.
• Finlande, 5 points: et encore une chanson qui bouge! C'est peut-être son seul avantage, en fait, parce que, sinon, ça lorgne beaucoup sur U2 et Coldplay (et en vrai, ce n'est pas ma grande passion). Et dans le genre pop-rock-FM, il me semble qu'on a déjà vu plus efficace à l'Eurovision.
• Allemagne, 5 points: là, pour le coup, c'est un peu moins entendu mais c'est pas encore ça qu'est ça... Malgré tout, la rengaine est plutôt pas mal, le refrain peut rentrer en tête et il y a un mime. C'est juste un peu long, peut-être?
• Moldavie, 7 points: j'aime la voix de la chanteuse et les sons hyper-synthétiques du refrain, pour faire dark. Il manque un petit truc pour que ça marche complètement (on est loin d'un Gravity, par exemple) mais ça sonne comme ce que j'aime à l'Eurovision... et vu ce qui précède, je sens que je ne peux pas trop faire la fine bouche.