Une bonne blague...

C'est forcément une blague...
On est le premier avril, alors on a voulu faire croire que la Fox sortait un film sur Dragon Ball, mais demain, on nous dira que non, DragonBall Évolution, c'est juste une blague, que ça n'existe pas. Que le vrai film sur Dragon Ball sortira un peu plus tard, pour fêter dignement les vingt-cinq ans de la série, le temps que les scénaristes lisent les mangas et regardent quelques images de l'animé...

Parce que je ne vois aucune objection à adapter l'histoire, l'actualiser, choisir de commencer avec un Goku presque adulte (Justin Chatwin) qui va au lycée, un peu comme Sangohan dans la saga Boubou, à la fin de Dragon Ball Z, le faire vivre avec son grand-père encore vivant qui l'entraîne... On s'éloigne un peu du concept du petit garçon qui a vécu des années seul au fin fond de la forêt sans rien savoir du monde extérieur mais qui semble doté d'une force prodigieuse et qui a tué son grand-père en se transformant en singe géant une nuit de pleine lune, mais c'est un parti-pris scénaristique qui peut éventuellement se défendre. Sauf que, à transformer Goku en ado très normal qui rêve devant une fille de sa classe qui lui propose d'aller marcher un peu après l'avoir invité à sa fête, on n'est plus du tout dans Dragon Ball, quand bien même Goku aurait reçu pour ses dix-huit ans une boule à quatre étoiles et aurait les cheveux tellement figés que même un pot de Vivelle Dop Fixation Extrême ne suffirait pas à les coiffer correctement...


Et dans le genre «clin d'œil à la série d'origine», on peut se demander pourquoi ce Goku qui connaît la vraie vie (et si ça se trouve, les boutons d'acné) ne semble pas connaître les capsules de Bulma (Emmy Rossum, avec une mèche bleue pour faire japonaise) qui prétend pourtant être multimillionnaire grâce à elles, ce qui lui laisse visiblement beaucoup de temps libre pour apprendre à manier le pistolet et anticiper les attaques derrière elles. Pourquoi Muten Roshi (Chow Yun-Fat) n'a même pas une petite carapace de tortue pour justifier son qualificatif de «Maître des Tortues»? Ou encore pourquoi Goku évoque les Nameks sans expliquer qui ils sont, ni même si Piccolo en fait partie. Et d'ailleurs, ce Piccolo (James Marsters, méconnaissable en vert mais néanmoins grotesque dans son costume), d'où vient-il, que fait-il? Comment s'est-il libéré de sa prison au fin fond de la Terre? Pourquoi recherche-t-il les Dragon Balls? Quel est son véritable plan? A-t-il une puissance au-delà de celle d'un Dark Vador qui vous étouffe à distance quand il n'est pas content, qui justifierait qu'il fasse si peur et que personne, dans le clan des gentils, n'évoque même l'hypothèse de le battre plutôt que de demander l'aide de Shenron Shen-Long?

Il faut dire que, même si les sous-fifres du terrible démon Piccolo qu'il crée à partir de son sang dans son laboratoire ultra-secret sont franchement faiblards, c'est aussi le cas de Goku, même pas capable de sortir du pauvre trou dans lequel il est tombé à cause de Yamcha (Park Joon, en blond, pour faire jeune japonais décadent, probablement). Ce brave Goku ne serait même pas capable de réunir son qi pour faire un petit kaméhaméha s'il n'avait pas Chichi Tchi-Tchi pour le motiver en lui promettant des tas de choses probablement cochonnes. Ce qui n'est pas bien grave, puisque, dans le monde de DragonBall Évolution, le kaméhaméha sert surtout à allumer des bougies tandis qu'une petite manip manuelle suffit à les éteindre toutes d'un coup. Dans DragonBall Évolution, James Wong préfère se concentrer sur les petits combats de merde, éventuellement avec armes à feu, mais toujours avec des effets spéciaux dignes de Charmed (qui étaient déjà une référence en leur genre il y a dix ans) parce qu'il sait que l'humour grivois et les combats à coups de vagues d'énergie, c'est ce que les fans de Dragon Ball aiment le moins, ce qui explique même pourquoi Dragon Ball Z marche aujourd'hui bien mieux que Dragon Ball. C'est un fait, Dragon Ball Z est une série avec des arts martiaux réalistes uniquement...


De toute façon, le combat final (le seul, donc) est absolument hideux, à l'image de la transformation en singe, qui elle-même n'a aucun sens dans ce scénario (ni ailleurs), sans parler du twist final, au milieu du générique fin, qui est absolument pathétique, et même pas digne d'une série Zède (zède zède). Il y avait des choses à faire avec le gentil Crokor, même avec peu de moyens et ce côté kitschouille qui me donnait envie de voir ce film, en passant chaque matin depuis dix jours devant l'affiche de trois mètres de haut devant mon cinéma, mais ça, je ne m'y attendais certainement pas et j'en suis resté bouche bée...

Heureusement, demain, ce sera le deux avril, et on saura que DragonBall Évolution n'a jamais existé.
Ou alors quelqu'un devra partir à la recherche des boules de cristal pour demander à Shenron de faire en sorte que cette daube monumentale n'ait jamais existé.

Commentaires

Monty a dit…
Je dois être le seul à préférer Dragon Ball, son humour débile, ses personnages enfantins et la quête des boules de cristal à DBZ, ses combats interminables (une centaine d'épisode par adversaire ?) et ses guerriers créatinés.
Pierre a dit…
Monty, je ne crois pas, au contraire. En ce qui me concerne, je préfère DBZ en animé, mais en version manga, c'est la première partie qui a ma préférence, tellement elle est drôle. Mais dans ce DragonBall Évolution, qui n'est donc pas une version du Z, il n'y a rien, ni de DB, ni de DBZ. Et visiblement, même mes élèves n'ont pas aimé, vu qu'ils m'ont accueilli aujourd'hui par un "vous avez dû regretter le film d'hier" (puisque nous étions dans la même salle...).
Monty a dit…
Tu leur as expliqué que tu étais allé voir le film pour être plus proche de leurs goûts, dans un but pédagogique ? :)
Nataka a dit…
C'est un film américain, n'est-ce pas ? Et comme être américain et en même temps posséder des notions du manga ou de la culture japonaise en général signifie qu'on est geek à 100%, et par conséquent pas quelqu'un dont l'avis importe, il fallait s'attendre à ce qu'il y ait des changements, innacceptables pour les français de notre âge pour qui DB et DBZ sont des monuments.
Alors certes, ils auraient pu en faire quelque chose de mieux. Mais quand on voit, déjà, ce que Jackie Chan a fait de Nicky Larson...
Pierre a dit…
Monty, non, j'ai même presque débattu avec eux, en niant tout souvenir de ce médiocre film.

Nataka, en l'occurrence, le Nicky Larson de Jackie Chan n'est pas américain, ce qui tend à prouver que les américains ne sont pas les seuls à pourrir les œuvres japonaises. Mais je ne suis pas spécialement d'accord avec toi, quand tu dis qu'il fallait s'attendre au pire, dans la mesure où DBZ fait partie des mangas à succès aux États-Unis, qui ont même eu droit avant nous à une version non censurée en dévédé (qui vient juste de sortir ici), même si leur précédente version datait seulement de la deuxième moitié des années 90, avec encore plus de censures que pour nous et même des musiques refaites.

Posts les plus consultés de ce blog

Lilly-Fleur Pointeaux nue (n'est pas dans ce billet)

À lit ouvert

Le cadeau de Noël