Eau précieuse et cheveux gras

Il semblerait que 17 ans encore soit un film destiné aux filles. En tout cas, dans la salle où je me trouvais aujourd'hui, la proportion de filles était digne d'une projection de 27 robes, et peut-être même encore plus écrasante. Il y avait bien quelques garçons ça et là, mais la plupart semblaient être des pères de (qui sacrifiaient là une partie de leur temps pour l'éducation de leur fille pendant que leur femme préparait le dîner ou faisait les courses à Carrefour) ou des petits-amis de (qui sacrifiaient là une partie de leur temps dans l'espoir de pouvoir profiter du noir pour peloter leur copine par dévotion totale et pure envers leur petite amie). Il y avait aussi un potentiel fils de, ce qui est un peu curieux vu qu'il semblait trop jeune pour pouvoir être qualifié de mignon de ma part mais néanmoins au-delà de sa potentielle phase de rébellion, ainsi qu'un duo de garçons venus simplement accompagnés de pop-corns et par amour du cinéma, sans doute. Et il y avait moi, donc. Et il semble que cette séance ne fut pas une exception, si j'en crois les deux employés chargés du nettoyage de la salle pendant le générique de fin (et je n'ai aucune raison de ne pas les croire, puisqu'ils semblaient prêts à rendre à son propriétaire le Sony Ericsson qu'ils avaient trouvé et qui était passé de mode depuis environ dix ans), qui évoquaient les «gamines» qui attendaient en transe la séance suivante pour voir leur héros.

Bref, 17 ans encore est sans doute un film fait pour les filles, et c'est sans doute pour ça qu'il s'ouvre sur Zac Efron, les cheveux très moches pour faire plus 1989, mais avec une virilité à son paroxysme, le réalisateur mettant parfaitement en valeur son torse musclé lors de ses essais de paniers à trois points. Et que dire de cet arrêt sur images, offrant un Zac Efron torse nu, musclé, en sueur, et au summum de sa masculinité avec des poils sous les bras? Il n'y eut pourtant pas de «ohhh» général dans la salle, à cause de ces atroces cheveux probablement, preuve que les filles sont très superficielles et seraient capables de jeter tous leurs posters des New Kids on The Block juste parce qu'elles auraient appris que Jonathan était gay. C'est sans doute un peu pour ça que le film s'ouvre curieusement sur une scène de basket et de choré endiablée de pom-pom girls digne de High School Musical 3: Nos années lycée, comme si les filles avaient besoin de ça en voyant Zac Efron! Mais ce Zac Efron-là est décidément loin de Troy Evans, puisque non content de mal se laver les cheveux, il est incapable de mener de front la danse, le basket ET un enfant qu'attend sa fiancée de dix-sept ans.

Il faut reconnaître que cette introduction mettant en scène Zac Efron dans un film où il aurait pu n'apparaître que plus tard était par ailleurs indispensable pour être bien convaincu que Zac Efron pouvait être la même personne que Matthew Perry, parce qu'il aurait bien morflé, même si Matthew Perry a effectivement été mignon pas mal dans la saison 4 de Friends charmant en partie grâce à son personnage de Chandler Bing... Mais finalement, Matthew Perry n'apparaît qu'une dizaine de minutes à tout casser, ce qui est peu pour une motivation première pour voir ce film puisque je déteste Zac Efron, avec mon goût de 30 ans sinon rien ou Freaky Friday, dans la peau de ma mère. Si ce n'est que le schéma est ici inversé par rapport à ces deux films, et j'ai juste eu envie de partir au bout d'une petite demi-heure... Et cette blague sur les femmes qui seraient lapidées en Afghanistan si elles osaient sortir avec un homme alors que leur divorce n'est pas encore prononcé n'était pas du meilleur goût.

Pourtant, à parler des problèmes des filles-mères (celles qui n'ont pas la chance d'avoir un accident de voiture et de ne pas aller au bout de leur grossesse sans avorter, des grossesses terribles qui durent trois ans, puisque la fille de Zac Efron a elle aussi 17 ans, bien que la grossesse ait été annoncée vingt ans plus tôt, et bien que Michelle Trachtenberg ne soit sans doute plus si jeune, depuis le temps qu'elle joue les jeunes) ou à avouer que les ados de terminale ont une sexualité (même si l'abstinence serait bien mieux), 17 ans encore sort un peu de la routine très moralisatrice habituelle. Un peu, parce que, en voyant Zac Efron prôner l'abstinence avec tant de ferveur, à évoquer le sexe uniquement dans l'optique du mariage, comment les filles ne pourraient-elles pas craquer?

Et puis, au fil du film, Zac Efron défend son fils contre le caïd du lycée, avec lequel sort justement sa fille, tout en dragouillant vaguement sa future ex-femme (et donc mère de son nouveau meilleur ami). On ajoute le personnage du meilleur ami nerd probablement puceau bien que censé etre le père du héros et obnubilé par la proviseure, et hop, un petit miracle se produit: le reste du film est on ne peut plus plaisant, même émouvant (ce qui tend à prouver que Zac Efron apprend progressivement à jouer), jusqu'au générique fin et son excellente idée d'illustrer les noms donnés par des photos des gens à 17 ans ou environ.
Y compris de Zac Efron, avant qu'il ne réunisse toutes ses dents, ce qui a valu quelques rires, preuve que les filles sont bien ingrates.

Commentaires

Vincent a dit…
Hmmmm, j'ai vraiment une grosse hésitation à y aller, quand même...

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