Comme t'y es tête à pelle

Si je devais imaginer ce qui peut bien occuper la vie des ados dans ma ville, en me basant un peu sur la vie de mes troisièmes, j'aurais eu tendance à évoquer des journées à regarder les skaters sur l'esplanade de l'Hôtel de Ville tout en partageant leur salive de temps à autre (pour les filles) ou des sorties entre potes au cinéma qui finissent par une course-poursuite avec les vigiles qui les aspergent avec une bombonne pressurisée, comme ce à quoi j'ai pu assister cette semaine (pour les garçons). Il y a aussi probablement une frange de la jeunesse qui, comme moi, ne fait pas grand chose, parce qu'elle ne sort pas le soir, ni même le mercredi après-midi quand il y a des devoirs à faire, des gens qui aimeraient bien avoir un peu l'impression malgré tout d'exister pour autre chose que pour aider à faire des devoirs, mais qui s'accomodent très bien des programmes télé pour occuper leur vie et développer une culture générale plus ou moins utile.

Du moins, c'est ce que j'aurais dit jusqu'à il y a quelques semaines, quand j'ai appris que certaines de mes troisièmes avaient non seulement le droit de réveillonner loin de leur famille, mais aussi de se bourrer la gueule, au point que l'une d'entre elles en fit un coma éthylique de deux jours... Du coup, il me paraît possible que les jeunes de par ici aient des points communs avec la jeunesse très bécébégé du film LOL (Laughing Out Loud)® -que je me contenterai dorénavant d'appeler LOL si jamais je devais le reciter d'ici la fin de ce billet, tant le titre intégral est lourd. En ce qui me concerne, puisque je ne suis pas une fille (et encore une des troisièmes évoquées ci-dessus), puisque je n'ai pas moins de quinze ans, puisque je ne suis pas fan de Sophie Marceau et puisque j'exècre les cheveux des BB Brunes, on ne peut pas dire que je me sois extasié devant LOL.

À vrai dire, j'ai même eu une envie irrépressible de taper les personnages, tous, sans exception, et en particulier l'héroïne, cette pôôôvre Christa Théret (vue dans Et toi, t'es sur qui?), la «Lol» du film que personne n'appelle jamais Lol en fait, qui a une vie tellement difficile parce qu'elle est amoureuse toussa toussa, alors forcément, elle ne peut pas avoir de bonnes notes en plus... Et je ne vois pas comment il est même humainement possible, quand on n'est plus un élève, d'avoir un semblant de sympathie pour ces élèves qui donneraient envie d'enseigner immédiatement à ceux de Entre les murs (même si on ne peut pas trop leur en vouloir de ne pas trop aimer leur prof de SVT tendance rétrograde ou de fantasmer sur leur prof de maths). Le trop plein de nouvelles technologies du début du film n'arrange rien, entre la page Myspace des garçons qui font un groupe (comme dans Hélène et les garçons), les plans cam ou les fenêtres MSN avec le bonhomme qui clignote carrément à l'écran et toutes les phrases qui commencent par une majuscule...

Le film se prétend être le successeur moderne de La Boum, alors c'est plutôt rigolo d'entendre Reality de Richard Sanderson en musique de supermarché, mais en fait, LOL est surtout le À nous les petites anglaises des années 2000. Parce que, heureusement, les choses s'arrangent au détour d'un voyage scolaire à Londres (dont on se demande pourquoi la prof d'anglais l'organise, alors qu'elle se fait martyriser par ses élèves). Les gags se font un peu plus nombreux, même s'ils alternent entre le déjà vu et le navrant, tandis que l'intrigue s'intéresse un peu plus aux adultes (Sophie Marceau, Alexandre Astier et Jocelyn Quivrin), qui sont tellement moins casse-couilles ou donne au moins de vraies raisons à Lola de l'être... De quoi faire un peu passer la pilule quand on a payé sa place, mais sinon, le film sera parfait en multi-diffusions l'été à 22h30 sur TF1.
Mais pas de quoi voler les après-midis des vacances de Noël aux rediffs de La Boum et La Boum 2.

- Tu sais ce que c'est qu'un vecteur?
- Bah euh, ouais, un vecteur de dévédés.
Un exemple de blague navrante, mais un peu drôle quand même

Commentaires

Anonyme a dit…
LOL !
Vincent a dit…
Si tout est marrant du niveau de la balgounette de fin, alors c'est vraiment sûr, cette fois: j'irai pas !
Vincent a dit…
"blagounette"... gné.
Jeanne ou Serge a dit…
D'un autre côté, c'est pas top délire des vecteurs...
Anonyme a dit…
Qui est le masochiste qui passe une vingtaine d'heures par semaine entouré d'ados et qui va les voir au cinéma pendant son temps libre ? Sinon,c'est vrai ? Ils font de vraies phrases sur Msn dans ce film ?
Pierre a dit…
À peu près, Monty... Une fois, la fille dit Uéééé. Heureusement, elle garde la majuscule! Je pense que c'est là que se situe la vraie fracture sociale entre les riches et les pas-riches...
Anonyme a dit…
Peut-être que les blagues sont drôles à force d'être navrantes ? En tout cas, j'avais pas prévu de le voir, ce film, et tu me confortes dans mon choix.

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