Blogueur en vacances
À défaut d'avoir alimenté ce blogue à foison pendant ma première semaine de vacances qui s'achève déjà, je suis allé au cinéma. J'ai vu Ce que pensent les hommes (apparemment, c'est important que le verbe soit en vert), dont je ne dirais pas beaucoup de bien si je me mettais en tête d'en dire quelque chose, mais comme il est difficile d'en dire quoi que ce soit, je ne dirais rien. Par contre, j'ai vu Slumdog Millionaire, une troisième fois, soit autant que Hairspray et rien d'autre, et j'en pense énormément de bien. J'ai craint, pendant une partie du film, que la troisième fois soit «la fois de trop», celle où on voit surtout les faiblesses du scénario, celle qui ne doit surtout pas exister juste après avoir lu le livre original. Mais finalement, la lecture des Fabuleuses aventures d'un Indien malchanceux qui devint milliardaire m'a permis de pointer exactement pourquoi Slumdog millionaire peut prétendre à une bonne place au panthéon de mes films préférés, entre Jurassic Park et Maman, j'ai raté l'avion! (et d'autres films, quand même). Je vais même tenter d'expliquer pourquoi juste après la photo, au-delà de laquelle je vous supplie de ne PAS aller si vous n'avez pas encore vu Slumdog millionaire, d'autant que vous n'y comprendriez rien (et que c'est long).
Si vraiment vous y tenez, laissez la fenêtre de votre navigateur là où elle est, allez à la prochaine séance près de chez vous, puis revenez et reprenez votre lecture. Ou bien même revenez plus tard, éventuellement. Mais arrêtez votre lecture ici.

Il faut d'abord préciser qu'une des particularités, et pas des moindres, de Slumdog millionaire, est qu'il s'agit d'une adaptation d'un livre de Vikas Swarup, Les fabuleuses aventures d'un Indien malchanceux qui devint milliardaire (un titre fabuleux, qui s'avère néanmoins être une fantaisie du traducteur, le titre original étant Q and A), mais une adaptation tellement libre qu'elle n'a qu'un seul point commun avec l'œuvre originale: dans un cas comme dans l'autre, le personnage principal, un Indien qui n'a pas forcément la vie la plus simple du monde, participe à un jeu télé et répond correctement à toutes les questions qui lui sont posées. Mais que ce soient les questions, les situations et même les personnages, tout est différent ou presque. Même le personnage principal!
Parmi les exceptions, il y a la scène se déroulant au Taj-Mahal, qui est sans doute l'une des plus drôles du film et qui finit de rendre Jamal Malik (joué à ce moment du film par Tanay Hemant Chheda) éminemment sympathique, grâce à sa description personnelle du bâtiment. Et pourtant, cette scène n'a a priori pas sa place dans le film, puisqu'elle n'apporte de réponse à aucune question du jeu. Elle n'est même pas utilisée pour résoudre l'un des grands mystères du film: pourquoi les enfants parlent-ils désormais anglais, alors qu'ils parlaient hindi? Si on tient à trouver une raison à cette scène, on peut éventuellement penser que c'est là que Jamal obtient le billet de 100 dollars (qui, lui, est important), même s'il est assez peu probable qu'un jeune garçon des rues et son frère choisissent de garder plusieurs jours/semaines une telle somme d'argent, surtout alors qu'ils retournent à Mumbai (où le fameux billet intervient explicitement).
Les liens entre la vie et le jeu sont mises à mal à deux ou trois autres reprises... À la limite, quand on interroge Jamal sur l'inventeur du revolver, on peut considérer qu'il a eu la chance de ne pas se faire braquer par un browning ou un Smith & Wesson (et c'est finalement aussi ce qui se produit dans le livre, cette question étant la seule commune aux deux œuvres, mais il est dommage d'avoir repris la moins convaincante et de changer le récit, sans chercher à le rendre plus convaincant). Par contre, sa connaissance de l'auteur de la chanson Darshan Do Ghanshyam est plus étonnante (surtout qu'il semblerait qu'aucune des réponses proposées ne soit la bonne). Enfin, comment se fait-il que Jamal ne soit capable d'aucune déduction quand on lui demande la devise de l'Inde en lui suggérant, par exemple, «Fashion alone triumphs» et autres absurdités qui font rire le public? Un peu plus tard, pourtant, est-ce parce qu'il est moins stressé?, il est capable de situer le Cambridge Circus à Londres, parce qu'il sait qu'on y trouve déjà l'Oxford Circus et qu'on lui a parlé des courses entre Oxford et Cambridge... C'est plutôt osé.
Ces approximations n'existent pas dans le livre, dont la construction est plus rigoureuse: chaque chapitre relate une partie de la vie du héros et se termine sur la question du jeu (dont le lecteur sait donc lui aussi la réponse, à chaque fois, s'il est un peu attentif à ce qu'il lit), là où le film pose la question tantôt avant le récit lié, tantôt après. Ces défaillances ont failli faire de cette troisième séance, celle du déclin de mon intérêt pour Slumdog millionaire, à force de faire des rapprochements avec un livre avec lequel il ne partage presque rien. Pour un peu, je n'aurais plus considéré Slumdog millionaire que comme un très bon film.
Oui, c'est comme ça, même décevant, ça restait très bon. C'est que les quelques situations inspirées du livre sont les plus intéressantes (celle du Taj Mahal, par exemple), celles au moins capables d'éviter de ralentir un film au rythme effréné. Ceci grâce à la réalisation absolument impeccable et visuellement sublime de Danny Boyle, mais aussi grâce au scénario de Simon Beaufoy. Le scénariste de The Full Monty, le grand jeu a eu le nez creux en se libérant complètement de l'histoire de Ram Mohammed Thomas, le héros des Fabuleuses aventures d'un Indien malchanceux qui devint milliardaire, tout en prenant quelques éléments croisés au détour d'une page mais en ajoutant une autre histoire, bien plus tragique, bien plus cinématographique. Peut-être un peu plus prévisible, aussi... Ou hollywoodienne.

Pour s'en convaincre, il suffit de s'intéresser aux épilogues. Celui du livre tient en deux pages, dans lesquelles tout est résolu, après un dernier chapitre relativement court dans lequel on apprend les vraies intentions du héros, au milieu d'autres nombreux événements. La fin du film commence avec la fin de l'interrogatoire, trente minutes avant le générique. Il y a la dernière question, mais surtout les vraies intentions de Jamal Malik y sont dévoilées, en particulier le but de sa participation au jeu. Et la version film est bien plus romantique que celle du livre et donne forcément envie de tomber un peu amoureux de Jamal.
Slumdog millionaire, c'est une succession d'histoires touchantes, amusantes, tragiques, un panorama de l'Inde dans sa diversité. Mais c'est surtout un film où l'amour au premier regard et pour toujours triomphe à la fin, dont la dernière scène m'a fait sortir de la salle avec un sourire ultra-brite. C'est ainsi que, même la troisième fois, Slumdog millionaire est un chef-d'œuvre à mes yeux.
Si vraiment vous y tenez, laissez la fenêtre de votre navigateur là où elle est, allez à la prochaine séance près de chez vous, puis revenez et reprenez votre lecture. Ou bien même revenez plus tard, éventuellement. Mais arrêtez votre lecture ici.

Il faut d'abord préciser qu'une des particularités, et pas des moindres, de Slumdog millionaire, est qu'il s'agit d'une adaptation d'un livre de Vikas Swarup, Les fabuleuses aventures d'un Indien malchanceux qui devint milliardaire (un titre fabuleux, qui s'avère néanmoins être une fantaisie du traducteur, le titre original étant Q and A), mais une adaptation tellement libre qu'elle n'a qu'un seul point commun avec l'œuvre originale: dans un cas comme dans l'autre, le personnage principal, un Indien qui n'a pas forcément la vie la plus simple du monde, participe à un jeu télé et répond correctement à toutes les questions qui lui sont posées. Mais que ce soient les questions, les situations et même les personnages, tout est différent ou presque. Même le personnage principal!
Parmi les exceptions, il y a la scène se déroulant au Taj-Mahal, qui est sans doute l'une des plus drôles du film et qui finit de rendre Jamal Malik (joué à ce moment du film par Tanay Hemant Chheda) éminemment sympathique, grâce à sa description personnelle du bâtiment. Et pourtant, cette scène n'a a priori pas sa place dans le film, puisqu'elle n'apporte de réponse à aucune question du jeu. Elle n'est même pas utilisée pour résoudre l'un des grands mystères du film: pourquoi les enfants parlent-ils désormais anglais, alors qu'ils parlaient hindi? Si on tient à trouver une raison à cette scène, on peut éventuellement penser que c'est là que Jamal obtient le billet de 100 dollars (qui, lui, est important), même s'il est assez peu probable qu'un jeune garçon des rues et son frère choisissent de garder plusieurs jours/semaines une telle somme d'argent, surtout alors qu'ils retournent à Mumbai (où le fameux billet intervient explicitement).
Les liens entre la vie et le jeu sont mises à mal à deux ou trois autres reprises... À la limite, quand on interroge Jamal sur l'inventeur du revolver, on peut considérer qu'il a eu la chance de ne pas se faire braquer par un browning ou un Smith & Wesson (et c'est finalement aussi ce qui se produit dans le livre, cette question étant la seule commune aux deux œuvres, mais il est dommage d'avoir repris la moins convaincante et de changer le récit, sans chercher à le rendre plus convaincant). Par contre, sa connaissance de l'auteur de la chanson Darshan Do Ghanshyam est plus étonnante (surtout qu'il semblerait qu'aucune des réponses proposées ne soit la bonne). Enfin, comment se fait-il que Jamal ne soit capable d'aucune déduction quand on lui demande la devise de l'Inde en lui suggérant, par exemple, «Fashion alone triumphs» et autres absurdités qui font rire le public? Un peu plus tard, pourtant, est-ce parce qu'il est moins stressé?, il est capable de situer le Cambridge Circus à Londres, parce qu'il sait qu'on y trouve déjà l'Oxford Circus et qu'on lui a parlé des courses entre Oxford et Cambridge... C'est plutôt osé.
Ces approximations n'existent pas dans le livre, dont la construction est plus rigoureuse: chaque chapitre relate une partie de la vie du héros et se termine sur la question du jeu (dont le lecteur sait donc lui aussi la réponse, à chaque fois, s'il est un peu attentif à ce qu'il lit), là où le film pose la question tantôt avant le récit lié, tantôt après. Ces défaillances ont failli faire de cette troisième séance, celle du déclin de mon intérêt pour Slumdog millionaire, à force de faire des rapprochements avec un livre avec lequel il ne partage presque rien. Pour un peu, je n'aurais plus considéré Slumdog millionaire que comme un très bon film.
Oui, c'est comme ça, même décevant, ça restait très bon. C'est que les quelques situations inspirées du livre sont les plus intéressantes (celle du Taj Mahal, par exemple), celles au moins capables d'éviter de ralentir un film au rythme effréné. Ceci grâce à la réalisation absolument impeccable et visuellement sublime de Danny Boyle, mais aussi grâce au scénario de Simon Beaufoy. Le scénariste de The Full Monty, le grand jeu a eu le nez creux en se libérant complètement de l'histoire de Ram Mohammed Thomas, le héros des Fabuleuses aventures d'un Indien malchanceux qui devint milliardaire, tout en prenant quelques éléments croisés au détour d'une page mais en ajoutant une autre histoire, bien plus tragique, bien plus cinématographique. Peut-être un peu plus prévisible, aussi... Ou hollywoodienne.

Pour s'en convaincre, il suffit de s'intéresser aux épilogues. Celui du livre tient en deux pages, dans lesquelles tout est résolu, après un dernier chapitre relativement court dans lequel on apprend les vraies intentions du héros, au milieu d'autres nombreux événements. La fin du film commence avec la fin de l'interrogatoire, trente minutes avant le générique. Il y a la dernière question, mais surtout les vraies intentions de Jamal Malik y sont dévoilées, en particulier le but de sa participation au jeu. Et la version film est bien plus romantique que celle du livre et donne forcément envie de tomber un peu amoureux de Jamal.
Slumdog millionaire, c'est une succession d'histoires touchantes, amusantes, tragiques, un panorama de l'Inde dans sa diversité. Mais c'est surtout un film où l'amour au premier regard et pour toujours triomphe à la fin, dont la dernière scène m'a fait sortir de la salle avec un sourire ultra-brite. C'est ainsi que, même la troisième fois, Slumdog millionaire est un chef-d'œuvre à mes yeux.
Commentaires
Je vais profiter de mes vacances qui commencent pour enfin aller voir ce fameux film.
J'ai arrété à Slumdog...
Et j'suis triste que tu n'ai pas aimé Ce que pensent les hommmes, mais c'est parceque tu n'es pas allé le voir le soir de la Saint Valentin en fille célibataire !:)
(ça fait aussi tellement longtemps que je n'ai pas commenté ici, même si je lis toujours, évidemment, que tu ne sais même pas que j'ai finalement vu Slumdog millionaire, alors que je m'étais promis de ne pas aller le voir (ce que je devrais cesser de faire, d'ailleurs, parce que ça ne sert à rien; j'ai même vu LOL, et ri un peu, c'est dire). Et en fait, j'ai aimé. J'ai même adoré la danse Bollywoodienne finale.)
(quant aux commentaires que je dois accepter, je comprends le désagrément causé, mais c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour ne rater aucun commentaire sur les vieux billets, que ce soit toi ou un fan de Donia voire une rivale qui s'intéresse à Jérémy, le système de gestion des commentaires étant très différent de sur WLS)
Je sais que tu es très fort, mais quand même.