A bug's life

L'automne est arrivé, avec la pluie, et bientôt l'hiver sera là, précédé probablement des premiers frimas. Pour lutter contre cet état de fait, comme pour contrecarrer les plans trop bien établis de la nature toute-puissante ou pour se rassurer dans un monde si empli d'incertitudes en ces temps de crise économique intergalactique, le chauffage est déjà mis en marche, et la chaleur s'invite en permanence en mon foyer, qui devient dès lors immédiatement accueillant malgré ses murs tellement vert pistache.

Hier, Gilbert était tout à fait de ce point de vue, au point qu'il est venu accompagné de trois potes, Nestor, Jacques et Michel, qui ont un peu trop cru que c'était la fête en courant dans tous les sens et en montant sur les meubles... Devant ce comportement assez peu urbain, j'ai été obligé de sévir et de les mettre à la porte, quitte à sacrément pourrir l'ambiance. Mais Gilbert s'est rebellé. Un coup de chausson sur la tête pour l'assomer, il s'en moque! Un deuxième coup sur le coin de l'œil, il s'en carre! Un troisième kick dans sa face, il s'en fout (ce qui ne fut pas le cas de Jacques, qui a assez mal vécu le mawashi-geri qu'il a reçu dans la foulée)! On le pousse, il bouge à peine! Un voyage en l'air sur une pelle, il fait encore et toujours le fier! Une chute de quarante fois sa hauteur personnelle avec, au passage, un léger choc contre la paroi, no problem pour lui qui bougeait encore ses petites papattes pour faire son kakou alors qu'il faisait la planche, pépèrement, dans l'eau des toilettes...

Depuis hier, je vis dans la crainte d'une vengeance de Gilbert, qui remonterait les canalisations pour me nuire encore et je ne peux me raccrocher qu'à l'idée que Gilbert n'était pas un cafard bionique et qu'il est forcément loin de ce monde, dorénavant... Mais il était la preuve que le génocide programmé de son espèce dans l'immeuble a été un échec. Et que, tel Godzilla après la destruction atomique de la faune et de la flore des fonds pacifiques, les survivants en sont revenus encore plus forts.
Oui, un jour, les cafards domineront le monde entier.