Un vendredi comme les autres

Je ne sais pas qui s'occupe de tirer les ficelles de ma destinée, mais je crois qu'il faut impérativement qu'il arrête de boire. Trois jours consécutifs à la suite (ça, c'est normal, pour l'instant), et pas un seul jour sans événement bizarre, c'est perturbant! Mercredi, c'était les gens qui me tutoyaient, comme ça, dans la rue, et les gens qui riaient aux éclats de mon magnifique tee-shirt (je sais que je l'ai déjà dit ici, mais je pense aux retardataires qui n'auraient pas lu ledit billet, même s'il est juste en-dessous -en tout cas, pour l'instant, puisque quand ce billet que vous êtes en train de lire là maintenant sera arrivé en bas de page, le billet précédent sera sur la page suivante, et donc plus du tout en-dessous).

Jeudi, j'étais parti pour travailler un peu... Non, ce n'est pas ça l'événement bizarre, et je vous merde, vous n'êtes même pas drôle. Je travaillais, donc, quand, vers 17h25, alors que Face caméra commençait sur France 4, la secrétaire de mon principal m'appelle, ce que je n'ai su qu'en décrochant.
- Dis donc, Pierre, tu n'aurais pas un peu oublié la réunion parents/professeurs de sixième?
- C'est aujourd'hui????????
- Bah oui, et il y a plein de parents qui t'attendent!
- Je pensais que c'était plus tard, ça m'est complètement sorti de la tête...
J'y suis allé, penaud, parce que je n'aime pas être en retard et que je pensais que c'était plus tard et que c'est pas professionnel et que je suis mal organisé et que je suis une sous-merde. À 18h, lors de mon arrivée, les parents qui voulaient me voir étaient globalement rentrés chez eux, sauf Adeline (prénom fictif) et son père, auquel je me voyais mal dire que sa fille devait travailler plus, alors que sa plus mauvaise note est 16. Il y en a eu six ou sept autres jusqu'à 20h, heureusement.

Vendredi, je suis rentré très tôt à Créteil, pour ne rien voir des fêtes johanniques qui aurait pu me donner envie de rester à Orléans alors que je devais voter et ramener des vêtements propres pour tenir la semaine, même si les vrais Orléanais m'ont assuré que les fêtes johanniques n'avaient pas le moindre intérêt. Mais moi, j'aime bien tous ces drapeaux dans la rue de la République et je veux voir la crémation de Jeanne d'Arc (comme j'ai hâte, vivement mardi)! Bref, j'étais de retour à la maison familiale à l'heure du déjeuner où rien n'était prévu pour moi, il restait du jambon au bouillon, quelques mini-saucissons et une Danette au chocolat, c'est déjà ça, mais ça ne fait pas une journée notable, ça va, je sais!
Juste après, Mum m'emmenait au cinéma (le terme m'emmener est un peu excessif vu que nous y avons été à pied).
Sur la route (tam-talam-talalalam), c'est bien Machine qu'on vient de croiser enceinte comme ça? Après tout, c'est pas parce qu'elle est moche qu'elle a pas le droit d'être enceinte! De toute façon, on s'en fout, je ne la connais pas spécialement, c'est surtout la grande sœur de Nicolas H. Le problème, c'est que j'ai toujours détesté Nicolas H., c'est l'exception qui confirme la règle du Nicolas, le Nicolas étant généralement un être sympathique voire plus. Nicolas en primaire, Nicolas V., Nicolas M. en première, Nicolas L. en prépa, Nicolas C. ...
Cet aparté fascinant me permet néanmoins de faire une transition logique avec la suite, et ce constat, terrible: il ne faut jamais revoir les fantasmes de son adolescence. A, fantasme de ma vie de la seconde à la terminale, quand j'étais si dégourdi dans la vie, était hier devant Carrefour quand j'y entrais, avec Mum. Je lui aurais bien parlé, malgré son choix de coiffure iroquoise (ou Cherokee, plutôt, l'iroquois a plutôt les cheveux dessus, pas derrière), d'autant qu'il était avec A (pas le même) mon meilleur ami de sixième et cinquième, si je les avais vus à côté de S que je n'ai jamais aimé en troisième et à qui je ne voulais pas chercher à parler donc que j'ai ignoré et dont je n'ai vu les comparses (A et A, donc) que lorsqu'ils sont entrés dans Carrefour, alors que je faisais la queue pour me faire agrafer mon sac Levi's par le vigile-agrafeur.
Car, pour amplifier encore un peu le côté anormal de ce vendredi, ma mère venait à ce moment-là de me pousser de force chez le célèbre marchand de pantalons de Gênes, parce que bon, Pierre, ça va aller les tee-shirts maintenant mais si tu pouvais avoir un peu plus que deux jeans, et si on pouvait te trouver une ceinture aussi... Je n'aime pas Levi's, les vendeurs sont doués. J'ai dû essayer environ dix jeans différents, du noir délavé, du bleu délavé, du 501 en taille 31/34, du 501 en taille 30/34, du 506 en toutes les couleurs du dégradé du bleu marine vers le noir, un tee-shirt, en chantonnant Relax (Take it easy) qui rentre sournoisement dans la tête quand toute une boutique le chante, puis Grace Kelly qui avait décidé de passer à la radio juste quand elle fut allumée, ou encore les wouhou yiiihou de The sweet escape. Et pendant ce temps-là, de l'autre côté du rideau de ma cabine d'essayage...
- Il fait beau, dehors?
- Oui
- Vous êtes en vacances?
- Euh... Oui
- Et vous faites quoi dans la vie?
- Fonctionnaire
- Et Monsieur? [euh, Monsieur le vendeur, tu m'appelles pas Monsieur en draguant ma mère, s'il te plaît]
- Fonctionnaire aussi
- Ah, dans la même branche?
- Non, pas du tout...
Celui-là, il me fait très maigre, celui-là est mieux, ah bah finalement pour quelqu'un qui n'aimait pas les tailles basses, enfin celui là, c'est pas un vrai taille basse, il faut les laver pour défaire les plis, mais après il faut plus trop les laver, ah on peut pas les repasser avec le pli sur le devant, de toute façon, il a passé l'âge de tâcher ses pantalons avec de la Danette, pour les laver, lessive black à 30°, mais à 30°, ils sont pas lavés, mais au moins ils sentent bon, mais c'est comme ça que ça se lave, Monsieur, ah moi je les lave à 40° quand même, qui paye celui à 95€? de toute façon, les trois sont au même prix, ah non, celui-là est à 91€...
Avec tout ça, croiser L., une de mes meilleures copines du CE2 au CM2, en rentrant à la maison (avec Mum, encore, c'est quoi cette manie de me croiser dans la rue pile le jour où je sors dans Créteil avec elle et son gilet moche et antédiluvien?!), c'était presque banal...

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