Les fils des âges farouches
Quand j'avais dix ans, il a pu m'arriver une ou deux fois, de tendre mes deux bras, les mais l'une dans l'autre, comme si je tenais -au hasard- une espèce de médaillon que je montrerais face à moi, et de crier dans ma tête (autrement dit: avec force conviction mais sans qu'aucun son ne sorte réellement de ma bouche, car à dix ans, on a tout de même conscience qu'on pourrait vite être ridicule) des mots aussi improbables que Tricératops, Tyrannosaure ou Smilodon.
J'ai eu une enfance difficile, oui...
Je n'ai découvert le mot smilodon que vers cet âge-là et, il faut bien le dire, c'est un mot sacrément cool. C'est vraiment dommage qu'il ait été associé à la Power Rangers jaune, avec laquelle je n'avais vraiment aucune affinité, contrairement au Power Rangers bleu, voire au Power Rangers rouge, mais surtout au Power Rangers bleu.
Drame de la modernité, le mot smilodon n'est jamais prononcé dans le film Power Rangers, pas plus qu'aucun autre acolyte de la préhistoire ou d'avant. Et d'ailleurs, personne ne tend jamais son médaillon face caméra pour se transformer, ladite transformation laissant la place à une espèce de métamorphose pleine d'effets spéciaux, qui permet au moins de gratter une minute de film, ce qui n'est pas rien quand on a décidé de tenir 2h06 autour des Power Rangers, mais qui conduit à des costumes beaucoup trop élaborés, et franchement moches, loin des modèles épurés et kitsch des années 90.
En dehors de ça, je crois que tout est absolument parfait dans le film Power Rangers. Tout est de très mauvais goût, entre les plans de caméra peu subtils comme je n'avais jamais vu, les effets spéciaux tout crades, les ellipses bien pratiques pour faire apparaître le MégaZord sans trop expliquer le pourquoi du comment ou cette blague, dès la première minute du film, où on évoque la traite d'une vache qui n'est pas une vache... Mais tout est tellement assumé, ces acteurs font ça avec tellement d'étoiles de Power Rangers dans les yeux, la méchante est si parfaitement méchante pour mettre en œuvre son plan diaboliquement diabolique contre la Terre et l'Univers, et le Power Rangers bleu est toujours le plus sympathique de la bande, que j'ai absolument adoré ce film... Et le fait d'avoir attendu le tout dernier jour de sa diffusion dans mon cinéma a encore un peu plus contribué à cette excitation: c'était là, enfin, ce soir, après des mois d'attente et un emploi du temps tellement surchargé.
Mais tout cela n'augure probablement pas de preuves de bon goût dans ce qui va suivre.
En 2016, malgré tous les bons souvenirs qu'elle avait laissés quatre ans plus tôt, Greta Salóme n'avait pas su porter l'Islande en finale et confirmait la mauvaise passe du pays, dont la dernière finale remonte à 2014. Une mauvaise passe que connait aussi la Biélorussie et dans laquelle ni Chypre ni les Pays-Bas n'aimeraient retomber, eux qui ont connu tant d'années d'éliminations brutales, avant l'embellie, tout comme l'Autriche, qui doit encore confirmer qu'il y a un après-Conchita Wurst.
Tout ça manque beaucoup de Go go Power Rangers à mes oreilles, mais bon...
J'ai eu une enfance difficile, oui...
Je n'ai découvert le mot smilodon que vers cet âge-là et, il faut bien le dire, c'est un mot sacrément cool. C'est vraiment dommage qu'il ait été associé à la Power Rangers jaune, avec laquelle je n'avais vraiment aucune affinité, contrairement au Power Rangers bleu, voire au Power Rangers rouge, mais surtout au Power Rangers bleu.
Drame de la modernité, le mot smilodon n'est jamais prononcé dans le film Power Rangers, pas plus qu'aucun autre acolyte de la préhistoire ou d'avant. Et d'ailleurs, personne ne tend jamais son médaillon face caméra pour se transformer, ladite transformation laissant la place à une espèce de métamorphose pleine d'effets spéciaux, qui permet au moins de gratter une minute de film, ce qui n'est pas rien quand on a décidé de tenir 2h06 autour des Power Rangers, mais qui conduit à des costumes beaucoup trop élaborés, et franchement moches, loin des modèles épurés et kitsch des années 90.
En dehors de ça, je crois que tout est absolument parfait dans le film Power Rangers. Tout est de très mauvais goût, entre les plans de caméra peu subtils comme je n'avais jamais vu, les effets spéciaux tout crades, les ellipses bien pratiques pour faire apparaître le MégaZord sans trop expliquer le pourquoi du comment ou cette blague, dès la première minute du film, où on évoque la traite d'une vache qui n'est pas une vache... Mais tout est tellement assumé, ces acteurs font ça avec tellement d'étoiles de Power Rangers dans les yeux, la méchante est si parfaitement méchante pour mettre en œuvre son plan diaboliquement diabolique contre la Terre et l'Univers, et le Power Rangers bleu est toujours le plus sympathique de la bande, que j'ai absolument adoré ce film... Et le fait d'avoir attendu le tout dernier jour de sa diffusion dans mon cinéma a encore un peu plus contribué à cette excitation: c'était là, enfin, ce soir, après des mois d'attente et un emploi du temps tellement surchargé.
Mais tout cela n'augure probablement pas de preuves de bon goût dans ce qui va suivre.
Greta Salóme - ROW (2016)
En 2016, malgré tous les bons souvenirs qu'elle avait laissés quatre ans plus tôt, Greta Salóme n'avait pas su porter l'Islande en finale et confirmait la mauvaise passe du pays, dont la dernière finale remonte à 2014. Une mauvaise passe que connait aussi la Biélorussie et dans laquelle ni Chypre ni les Pays-Bas n'aimeraient retomber, eux qui ont connu tant d'années d'éliminations brutales, avant l'embellie, tout comme l'Autriche, qui doit encore confirmer qu'il y a un après-Conchita Wurst.
Hovig - Gravity (Chypre)
OG3NE - Lights And Shadows (Pays-Bas)
Nathan Trent - Running On Air (Autriche)
NAVIBAND - Historyja Majho Zyccia (Biélorussie)
Svala - Paper (Islande)
Tout ça manque beaucoup de Go go Power Rangers à mes oreilles, mais bon...
- Pays-Bas, 1 point: Mais... pourquoi? Ça ne ressemble tellement pas aux dernières propositions néerlandaises, ce girls band sorti des années 90 avec mouvements de tête coordonnés! Et qui a pensé que cette ligne de guitare électrique, vers 1'40, était une idée cool?
- Autriche, 2 points: C'est joli, la montagne autrichienne. Ça ferait des jolies images sur NRJ Hits, pour boucher un trou dans la programmation. Là, ça s'écoute, ça s'oublie aussitôt.
- Islande, 2 points: Je n'arrive absolument pas à imaginer la mise en scène qui pourrait rendre ce titre intéressant. J'aime beaucoup un détail de la musique du refrain, qui sonne très années 80 synthétique, le reste m'ennuie totalement.
- Biélorussie, 5 points: Saluons l'effort des biélorusses de chanter en biélorusse. Ça pourrait être la BO de Rebelle, une espèce de chanson aux sonorités celtiques (slaves) dans les ayayaya-oh. S'ils rendent bien en live, ça pourrait faire un truc très entraînant et sympathique.
- Chypre, 5 points: On est loin du Gravity ukrainien de 2013, mais j'aime beaucoup -genre BEAUCOUP- la mélodie du refrain (dont je n'arrive pas à savoir ce qu'elle me rappelle, ça m'agace). Les couplets sont beaucoup moins efficaces, malheureusement, et surtout, la dernière minute montre que la stratégie de couper la musique complètement ne fonctionne pas toujours pour créer un final en apothéose.
Commentaires
Pays-Bas : Alors là, moi j’aime, j’envoie des points et des cœurs. Les harmonies vocales comme ça, c’est tellement mon truc, et en plus je trouve la chanson très jolie, juste ce qu’il faut de nunuche, et percutée comme il faut.
Autriche : Il m’est bien sympathique ce garçon, avec sa chanson positive et cool, qui sera reposante entre deux grosses performances vocales, sans être soporifique. J’aurais plaisir à réécouter cette chanson.
Belarus : Des hippies biélorusses, je trouve ça douteux. Sinon j’aime bien, on entend autre chose que de l’anglais, c’est énergique, c’est nature, les voix sont bien accordées, y a rien d’autre d’aussi pseudo-folk dans la sélection, c’est chouette.
Islande : Autant j’aime les refrains, autant les couplets me paraissent longs et pénibles. Je crains que ça joue beaucoup sur le look étrange et tangiblement artificiel de la chanteuse qui a l’air d’avoir arrêté de manger en 2005. Pourquoi pas, mais bof.
(sinon, donc, rien à dire sur les Power Rangers, du coup? Je suis déçuuuuuu, c'est quand même ma première critique ciné depuis cinq ans!)
En fait, je suis comme Nataka, mais dans l'autre sens : je suis teeeeellement plus jeune que toi, Pierre. Tu es donc le seul (de nous trois) dans la cible du film sur les Power Rangers. Heureusement donc que tu n'as pas raté la dernière séance (la lumière revient déjà).
Mon classement du jour :
N°5 - Autriche : Un mélange entre Maroon 5 et Charlie Puth. Malheureusement, il ne sort pas des sentiers battus.
N°4 - Pays-Bas : Cela ressemble à la deuxième chanson d'un CD 2 titres d'une version ratée des All Saints.
N°3 - Islande : La chanson est un peu répétitive mais réussit à accorder des détails très 80's et un vague effet pseudo-ésotérique propre à certains tubes des années 2000.
N°2 - Chypre : Ne comptez pas sur moi pour vous rappeler à quelle autre chanson vous fait penser le refrain ; je n'ai rien reconnu, et du coup, je me sens dans un atroce complexe d'infériorité face à votre culture musicale. Sinon, oui, c'est efficace et correct.
N°1 - Biélorussie : Je n'aime pas trop les folklores habituellement, mais là, ces "hey hey ayayaya-oh" sont efficaces et jouissifs. C'est original et... dépaysant !