La fièvre des samedis soirs

Je déteste le disco.
Je ne savais pas comment commencer ce billet, alors autant aller droit au but. J'aime les chansons yé-yé des années 60, j'adore l'électro synthétique des années 80, mais le disco des années 70, non. Plus que détester, c'est surtout que je n'arrive pas à m'y intéresser. Si je suis prêt à faire une exception pour Rasputin de Boney M, j'ajoute aussitôt que la chanson n'a jamais aussi bien marché sur moi qu'une nuit de fête de fin d'année tandis que je déambulais dans la cour du collège vide avec les éclats de la fête au loin. Peut-être qu'il faudrait que je boive pour aimer la musique des années 70.
Mais il y a trois jours, pourtant, oui, j'ai tapé dans les mains, avec enthousiasme, au rythme de It's raining men. Pire encore, une heure plus tôt, je faisais même un YMCA avec les bras, ce qui n'est pas loin d'aller contre tous mes à priori. Oh, et que dire de cette fois, à peine plus ancienne, où j'ai enchaîné toute une série de mouvements, allant du moulinet au bras levé, en passant par les pistolets, sur Stayin' alive, en y prenant même du plaisir au point d'en transpirer?
Dans les deux premiers cas, je faisais comme tout le monde autour dans le Casino de Paris, porté par la troupe (ou les ouvreurs) de Priscilla folle du désert. Dans le dernier, je ne faisais qu'obéir docilement aux consignes données par Gwendal Marimoutou pour conclure Saturday Night Fever, parce que j'aime bien Gwendal Marimoutou, je le trouve fun. En vrai, j'aime encore plus Flo Malley, je le trouve sexuellement très désirable en tous points, mais à ce moment-là, je voulais faire plaisir à Gwendal. C'est que Saturday night fever lui doit beaucoup: il est là à chaque instant, en tant que narrateur, en tant que blagueur et même en tant qu'animateur de soirée qui se rend bien compte que, quand même, l'histoire racontée n'a absolument aucun intérêt et qu'il est souhaitable de faire une pause danse avant la fin du premier acte.
Fort heureusement, Gwendal n'est pas seul, car il peut compter sur des chorégraphies vraiment bluffantes, qui utilisent à merveille la scène tournante circulaire. Et au premier rang des danseurs, évidemment, Fauve Hautot, qui joue très bien cette fille qui se la pète et qui ne veut pas céder si facilement à ce mec qui se la pète (Nico Archambault, une scène en slip face au public et l'impression, pendant tout le premier acte, que la mise en scène cherche à le déshabiller), mais qui finalement cède assez facilement. Il est bien question d'avortement, aussi (de façon maladroite) et ça finit sur un suicide assez mal exploité (le pauvre Bobby, on n'a pas le temps d'être triste qu'on est déjà tous en train de chanter), mais il reste surtout des tas de couleurs, une vraie voiture sur scène, des costumes à paillettes, Flo Malley (et qui est beau, oh la la), et cette sensation d'assister surtout à un concert de tubes disco parfois sans aucun lien avec l'histoire (et d'ailleurs, presque personne du casting ne chante, en dehors du trio de chanteurs-pas acteurs) et qui, oui, sont assez efficaces, mention spéciale à Disco Inferno.
Dans Priscilla folle du désert, on s'éloigne un peu du disco, pour retrouver la Kylie Minogue des années 2000 ou la Madonna des années 80, en passant par Jimmy Sommerville, mais pas Frankie Goes To Hollywood, par exemple, car il y a des limites à tout. Go West, Hot Stuff et I Will Survive sont bien là, en revanche, mais les divas qui sont là pour chanter ont beau y mettre du cœur, elles font pâle figure à côté de la débauche de costumes utilisée. Les costumes des drag-queens, bien sûr, en feuilles, en tongs, en autruche, en capes, mais aussi ceux des danseurs, différents à chaque tableau. Ils viennent toujours remettre un peu de dynamisme dans des moments plus faiblards, liés à une intrigue à la mise en place un peu laborieuse, au jeu d'acteurs pas toujours très affirmé. Tout de même, David Alexis s'affirme dans le deuxième acte grâce aux remarques pince-sans-rire (et très drôles) de Bernadette et vocalement, Laurent Ban (le seul acteur de la troupe à avoir vraiment des trucs à chanter sans être coupé par les divas au bout de deux phrases) est très bon. Et puis il y a un message, sans doute, qui répète qu'on a le droit d'être différent et excentrique, même au fin fond du désert australien...
Mais, à choisir, je garde les petits pas de danse et le costume à paillettes de Flo Malley.
Et sans transition, concluons.

Poli Genova & Grafa - Sluhove (2016)

En 2016, Poli Genova rapportait à la Bulgarie son meilleur classement, une 4e position qui ferait presque oublier que, en vrai, la Bulgarie ne s'est qualifiée en finale que deux fois en dix ans. En obtenant un top 5 les deux fois, ce qui fait de la Bulgarie un concurrent particulièrement dangereux une fois les demi-finales passées. Mais que dire alors de l'Italie, qui compte quatre top 10 en 6 ans, dont une deuxième place et une troisième place associée à une victoire au télévote? Ou de la Suède, bien sûr, qui fait un sans faute depuis 2011 avec deux victoires, deux troisièmes places et une cinquième? Et pourtant, c'est bien le Portugal -qui n'a pas vu une finale depuis 2010- qui fait sensation depuis quelques jours avec une remontada exemplaire chez les bookmakers.
En restant loin derrière l'intouchable ultra-favori italien.

Kristian Kostov - Beautiful Mess (Bulgarie)

Salvador Sobral - Amar Pelos Dois (Portugal)

Robin Bengtsson - I Can't Go On (Suède)

Francesco Gabbani - Occidentali's Karma (Eurovision version) (Italie)

Cette fois, c'est sûr, on y est, le samedi soir le plus important de l'année ne saurait plus tarder!
  • Suède, 3 points: Le coup de la main qui apparait pour prendre le micro, je pourrais adorer (j'adore quand Tal le fait, par exemple), mais là, tout semble tellement trop travaillé que ça perd beaucoup d'intérêt. Je trouve que cette vidéo dessert franchement la chanson. J'ai l'impression qu'on tente de cacher la pauvreté de la chanson derrière une mise en scène hyper calée, mais je trouve le monsieur franchement peu charismatique et le titre en lui-même bien moins efficace que ce qu'ont pu proposer Eric Saade et Måns Zelmerlöw.
  • Portugal, 4 points: C'est joli, on dirait une chanson de Cendrillon. Je ne sais pas pourquoi le monsieur fait autant de manières pour chanter et ça me perturbe un peu, mais au moins, ça occupe un peu pendant cette chanson. Parce que les chansons de princesse, c'est joli, mais c'est pas vraiment fait pour durer trois minutes (j'ai vérifié, je m'ennuie à partir de 1'57).
  • Italie, 5 points: Me voilà face à un gros problème... Je trouve le monsieur fort sympathique, et même tout à fait charmant, mais je ne comprends pas cette chanson. Je crois qu'elle est censée être amusante, mais je ne sais pas pourquoi. Et par ailleurs, je ne la trouve même pas vraiment entêtante (oh, allez, tout de même un peu plaisante quand elle passe). Du coup, cette euphorie qui entoure le titre me laisse franchement perplexe; vraiment, je suis à deux doigts de me remettre profondément en question.
  • Bulgarie, 7 points: Il faut espérer que le candidat bulgare ne croisera pas la candidate belge, j'aurais peur que le monde sombre immédiatement dans la dépression. Là aussi, la mélodie est jolie, le recours aux instruments traditionnels pour combler un peu le pont musical est fort appréciable. Ça n'a rien de très original, mais ça s'écoute bien. De là à l'écouter spontanément, je ne sais pas.

Commentaires

Nataka a dit…
Poli Genova finira par me faire apprendre le bulgare. Il est bien ce clip, en plus.

Bulgarie : J’aime bien le son de l’intro et de la fin. Et… c’est à peu près tout. Cette chanson me laisse froide, et je n’arrive pas à comprendre comment elle se trouve parmi les favoris.

Portugal : A l’audio seul, j’adore. Une chanson douce, un peu surannée, une voix agréable, une orchestrée comme pour un cabaret brésilien dans les années 50, c’est inattendu, c’est joli, moi ça m’emporte. Après, j’ai regardé la vidéo. Et j’ai été voir sur Google si le jeune homme ne souffre pas de tocs ou d’une quelconque maladie neurologique, mais apparemment non, tout va bien. Pas grave, je vais me concentrer sur l’audio.

Suède : Bon alors, si on s’en tient aux premières notes chantées, je fuis, Robin Bengtsson a une voix atroce. Si je reste, je suis capable d’apprécier le professionnalisme de la mise en scène, et la parfaite synchronisation entre les danseurs et les tapis roulants, qui a dû demander du travail. Et je ne suis pas la dernière à baver devant un beau garçon avec un costume élégant, même si le deuxième effet kiss-cool c’est que j’ai l’impression qu’il ne saura parler que de pognon. Voire, que ce sera Patrick Bateman.
J’ai l’impression qu’ils ont essayé une scénographie qui claque un peu, pour renouveler l’effet Måns Zelmerlöw d’il y a deux ans. Sauf que contrairement à Måns, Robin n’a pas l’air sympa, ni marrant, ni un tant soit peu intéressant au-delà d’être bogoss, et qu’on n’enflammera pas les foules à la façon de « We are the heroes of our time » avec « I can’t go on cause you look so freakin’ beautiful ».

Italie : Avec la Roumanie, c’est cette chanson que j’aime le plus. Mais je suis sûre que le clip, avec son montage énergique, les changements de costumes, les couleurs chaudes, y est pour beaucoup, et tout ça ne se transposera pas sur scène. De même que la qualité de voix du chanteur. La version eurovision, plus courte, a en plus des ruptures bizarres par rapport à la version longue que je préfère. Reste que c’est rigolo (ça a déjà été parodié), que ça me donne envie de bouger les pieds et les mains et de crier Ale ! Et en plus le monsieur s’appelle Francesco, et il a un sourire communicatif.

Donc ça y est, on a fait le tour. Triste à dire mais pour le moment rien ne me fait rouler par terre.
Je me réserve le droit de tout changement d’avis, mais pour le moment, JE SUIS ROUMANIE, JE SUIS Italie, et dans une moindre mesure je suis aussi Pays-Bas et Moldavie.
Rhum Raisin a dit…
Le problème de ce genre de spectacles, hormis la présence (systématique) de Gwendal, c'est souvent l'absence de lien entre l'histoire, les dialogues et les chansons choisies. Du coup, les "I will survive", "Go West" et "Hot Stuff" nous sont réchauffés à toutes les sauces.
Par contre, je suis étonné que tu sois si réfractaire au disco. Il fut un temps où tu ne disais pas non à un petit "Yes Sir, I can boogie"...
Mon classement du jour :
N°4 - Suède : Ce Justin Timberlake du pauvre n'en a ni le talent ni le swag.
N°3 - Portugal : Bizarrement, cette prestation se démarque des autres. Elle se démarque par tout l'intérêt que l'on porte aux attitudes du chanteur. Dans sa veste trop grande, il ressemble à un pantin dégingandé qui interpréterait la chanson d'un singe abandonné dans Le livre de la jungle.
N°2 - Bulgarie : Le clip est joli, avec ses effets lents. La chanson s'écoute, oui, et c'est plutôt agréable, planant. Mais c'est au moins la cinquième chanson qui ressemble à ça cette année.
N°1 - Italie : Je ne m'attendais absolument pas à ça en voyant l'image arrêtée du chanteur sur le clip. Et je suis resté devant ce clip sans bouger du début à la fin. Au début, la voix du chanteur m'a dérangé, mais les paroles, les couleurs et la danse ridicule ont eu raison de mon attention. Au final, c'est rigolo et smart à la fois, donc pourquoi pas.
Nataka a dit…
Merci pour "Yes Sir, I can boogie", je l'ai dans la tête pour la journée maintenant.
Nataka a dit…
Ce soir, avant de voir qui que ce soit sur scène, je souhaite voir passer en finale :
- Belgique
- Finlande
- Azerbaïdjan
- Portugal
- Moldavie
- Chypre

Je laisse leur chance à :
- Suède (sans y mettre trop de conviction)
- Albanie
- Arménie
- Slovénie
- Islande
- République Tchèque
- Pologne
- Lettonie
- Monténégro (pour le fun éventuel)

Je n’ai rien à foutre de :
- Georgie
- Australie
- Grèce

Je pense que ça me laisse de l’ouverture.
Pierre a dit…
Nataka, comme toi, j'ai cherché si le monsieur portugais était autiste ou quelque chose du genre. Comme non, vraiment, je ne comprends pas cette mise en scène, mais il se contiendra peut-être ce soir (et avant MZ, il y avait déjà eu Popular et ses vitres qui pètent par magie).

RR, Gwendal n'est pas dans tout, loin de là, je ne l'ai vu que dans Résiste et SNF. Et au concert d'Anaïs Delva, mais il était dans le public. Mais surtout, je suis plus fan de Geisha que de Yes Sir I can boogie.

(et donc je m'incline pour l'Italie mais vraiment j'attends de voir avec circonspection)
Nataka a dit…
J'ai occulté Popular. Vraiment.
Pierre a dit…
Je sais bien. C'est pour ça que je précisais (d'autant que ça reste une de mes chansons favorites).

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