Service après-vente de l'Eurovision [2x06]
Il était une fois un Grand Pays. Grand par la taille, mais aussi par son aura dans le monde, sa culture, ses tsars, ses poupées, sa Place Rouge, ses guides touristiques et ses rudes hivers auxquels ne résistent ni Napoléon ni Hitler. Il était évident qu'un jour, ce pays participerait à l'Eurovision, même s'il a fallu attendre les années 1990. Les débuts n'ont pas été simples, ni glorieux, il fallait un temps d'adaptation, définitivement terminé après qu'il eut envoyé ses plus grandes représentantes culturelles depuis Tolstoï, les t.A.T.u: dès lors, sa cote de popularité serait au plus haut!
Ainsi, en 2006, il n'était pas rare de trouver des spectateurs scandalisés qu'il ne finisse que deuxième derrière de monstrueux finlandais si cacophoniques à hurler dans leurs micros. Et en 2012, d'aucuns trouvaient ça rigolo pour de vrai qu'il choisisse d'envoyer un lot de grands-mères quasi-grabataires (et pas loin de la cacophonie non plus), ce qu'on n'aurait jamais pardonné à des Portugais. Malgré ça, déjà, on commençait à s'agacer: certes, ce Grand Pays n'avait réussi à gagner qu'une fois mais, tout de même, il semblait rassembler beaucoup trop de satellites et faire partie de ces concurrents de l'Est qui, quoiqu'ils proposent, passent toujours en demi-finale en éliminant la Belgique ou Saint-Marin. Mais avec le come-back des années 80, cette impression d'être de retour en URSS avait aussi un côté vintage délicieusement suranné.
Jusqu'au faux pas fatal. Ce triste jour de 2014 où ce Grand Pays, sans doute désireux d'optimiser ses chances d'une deuxième victoire afin de rebriller aux yeux du monde, décida d'envoyer quelques-uns de ses propres habitants dans un pays frontalier et être à peu près sûr de recueillir au moins un 12 points ukrainien. Depuis, la Russie n'a rien changé à ses habitudes (et peut même encore récolter assez de points pour atteindre une solide deuxième place), mais ses représentant doivent se préparer mentalement à être hué non stop pendant les trois minutes de leur présence sur scène.
Vraiment, on est loin du temps de la Grandeur de Dima Bilan.
Faut-il le rappeler, Dima Bilan a réussi, deux ans plus tard, à décrocher la victoire avec une chanson pourtant franchement pourrie. Pas encore rassasié, Dima aurait bien voulu revenir en 2012, mais c'est finalement deux ans plus tard que le monde entier l'a revu, tentant sa chance aux Jeux Olympiques de Sotchi (ou interprétant l'hymne officiel, peu importe). Depuis, si Видеография signifie bien Discographie en russe, Dima semble mettre à jour son actualité assez régulièrement, mais tout en étant juré de The Voice et The Voice Kids, les fans de Jenifer savent donc quelle est la vérité.
Dix ans plus tard, alors que les eurofans cherchent des raisons de le détester, le candidat russe de l'année pourrait bien rapporter à la Russie une deuxième victoire, désigné comme ultra-favori par les bookmakers... à moins que le vent tourne d'ici la semaine prochaine, au profit de l'autre pays de Mireille Mathieu.
C'est long et répétitif, une ballade russe. Ça a son avantage, la limite des trois minutes.
Ainsi, en 2006, il n'était pas rare de trouver des spectateurs scandalisés qu'il ne finisse que deuxième derrière de monstrueux finlandais si cacophoniques à hurler dans leurs micros. Et en 2012, d'aucuns trouvaient ça rigolo pour de vrai qu'il choisisse d'envoyer un lot de grands-mères quasi-grabataires (et pas loin de la cacophonie non plus), ce qu'on n'aurait jamais pardonné à des Portugais. Malgré ça, déjà, on commençait à s'agacer: certes, ce Grand Pays n'avait réussi à gagner qu'une fois mais, tout de même, il semblait rassembler beaucoup trop de satellites et faire partie de ces concurrents de l'Est qui, quoiqu'ils proposent, passent toujours en demi-finale en éliminant la Belgique ou Saint-Marin. Mais avec le come-back des années 80, cette impression d'être de retour en URSS avait aussi un côté vintage délicieusement suranné.
Jusqu'au faux pas fatal. Ce triste jour de 2014 où ce Grand Pays, sans doute désireux d'optimiser ses chances d'une deuxième victoire afin de rebriller aux yeux du monde, décida d'envoyer quelques-uns de ses propres habitants dans un pays frontalier et être à peu près sûr de recueillir au moins un 12 points ukrainien. Depuis, la Russie n'a rien changé à ses habitudes (et peut même encore récolter assez de points pour atteindre une solide deuxième place), mais ses représentant doivent se préparer mentalement à être hué non stop pendant les trois minutes de leur présence sur scène.
Vraiment, on est loin du temps de la Grandeur de Dima Bilan.
Dima Bilan - Never Let You Go (Russie - 2006 - 2e)
Faut-il le rappeler, Dima Bilan a réussi, deux ans plus tard, à décrocher la victoire avec une chanson pourtant franchement pourrie. Pas encore rassasié, Dima aurait bien voulu revenir en 2012, mais c'est finalement deux ans plus tard que le monde entier l'a revu, tentant sa chance aux Jeux Olympiques de Sotchi (ou interprétant l'hymne officiel, peu importe). Depuis, si Видеография signifie bien Discographie en russe, Dima semble mettre à jour son actualité assez régulièrement, mais tout en étant juré de The Voice et The Voice Kids, les fans de Jenifer savent donc quelle est la vérité.
Дима Билан - Не молчи (Ne molchi) (2015)
Dix ans plus tard, alors que les eurofans cherchent des raisons de le détester, le candidat russe de l'année pourrait bien rapporter à la Russie une deuxième victoire, désigné comme ultra-favori par les bookmakers... à moins que le vent tourne d'ici la semaine prochaine, au profit de l'autre pays de Mireille Mathieu.
Sergey Lazarev - You Are The Only One (Russie)
Laura Tesoro - What's The Pressure (Belgique)
Argo - Utopian Land (Grèce)
ManuElla - Blue and Red (Slovénie)
C'est long et répétitif, une ballade russe. Ça a son avantage, la limite des trois minutes.
- Russie, 8 points: pour le coup, la limite des trois minutes m'a frustré. Musicalement, Dima Bilan aurait franchement pu chanter ça il y a dix ans (d'ailleurs... c'est lui qui revient, non?), mais, après l'intro où j'ai douté, il a chanté thunder and lightning avec une musique qui s'emballe et c'est à peu près tout ce que j'aime. Le clip est magnifique et promet une mise en scène incroyable, même si j'ai un peu peur que les écrans soient une redite de Heroes.
- Belgique, 8 points: ce début a cappella a capté mon attention, les claps (et surtout les clap-clap) qui ont suivi m'ont plu mais c'est le refrain qui m'a conquis. J'ai un peu l'impression d'entendre ces groupes de r'n'b des années 90, mais peu importe, ça groove, c'est joyeux et la choré est cool. En clôture de la deuxième demi-finale, ça peut faire forte impression.
- Grèce, 4 points: je suis content d'entendre un peu d'instruments traditionnels, ça commençait à me manquer, mais dès que les gens chantent, je suis un peu perplexe. Je n'aime pas vraiment, je ne déteste pas non plus et la fin brutale est efficace (j'aurais voulu que ça dure un peu plus), mais je n'arrive absolument pas à imaginer ce qu'on va voir pendant trois minutes sur scène.
- Slovénie, 4 points: histoire de juger à égalité avec les autres, une deuxième chance pour la Slovénie, clip à l'appui. Mais décidément, la chanson n'est pas mémorable et je ne m'y intéresse plus même avant la fin. Sauf que j'ai découvert que ManuElla fait des trucs rigolos avec ses yeux.
Commentaires
Mais j’aime bien ton analyse géopolitique.
Russie.
Par contre, Sergey Lazarev, j’aime bien. J’avais déjà vu le clip, sans doute parce que j’avais déjà entendu qu’il était favori, mais la chanson envoie du steak, avec juste ce qu’il faut de petites surprises dedans pour ne pas être complètement prévisible, et le show sur scène promet d’être hyper bien aussi, même si pas aussi bien que Heroes, Sergey étant moins bon acteur que Mans, et avec un capital sympathie moindre aussi, je pense. Mais je suis plutôt convaincue. Comme quoi, la chanson calibrée, on ne peut pas savoir à l’avance si elle va prendre ou pas.
Belgique.
Il y a plusieurs clips officiels cette année qui commencent avant le début de la chanson, avec l’interprète qui chantonne, pour se chauffer la voix peut-être ? Je ne sais pas comment ça se passera sur scène, mais le démarrage sur ce « Hit it ! », je n’aime pas du tout. La suite, j’aime beaucoup plus. C’est pêchu comme la chanson espagnole, plus joyeux encore. Je ne sais pas si je placerais l’une devant l’autre, pour l’instant. Pour moi elles jouent dans la même catégorie et ont à peu près le même potentiel, à voir laquelle fera mieux lever la foule, la Belgique ayant la demi-finale pour se rôder.
Grèce.
Bon, déjà, maintenant quand je lis Argo, j’ai juste envie de répondre « argo fuck yourself » (merci Ben Affleck), et cette chanson qui nous invite en utopie sur un air chanté de façon dépressive et en accord mineur légèrement dissonant, désolée mais non, j’ai pas envie d’y aller. Dans un autre contexte je pourrais franchement aimer l’utilisation des instruments traditionnels, mais il faudrait que ce soit sans les voix, je n’aime ni les parties chantées ni les parties parlées.
Slovénie.
Je reste sur ma première appréciation : j’aime bien la voix et le rythme soutenu de la chanson. ManuElla est sympathique, attention à ne pas en faire trop avec les yeux et les cheveux, mais elle est rigolote. Cette chanson me fait passer trois minutes agréables.
Sinon, Sergey est pénalisé par sa russitude mais, apparemment, tente de la compenser par un soutien aux associations LGBT. Son problème serait d'être trop robotique dans ses prestations, mais pour le coup, quand on regarde différentes prestations de Heroes, on voit bien que Mans faisait ça aussi en pilote automatique (la contrainte de l'écran synchronisé laissant assez peu de place à la spontanéité).
La choré de Heroes était aussi en pilote automatique, forcément, mais de base elle était quand même vachement plus sympa et moins tarte que celle que Sergey fait dans le clip, et du coup j’espère qu’il fera légèrement autre chose sur scène, mais je n’ai pas encore été voir ce que ça donne, je préfère me garder la surprise.
C'est tout ce que j'ai à dire.
N°4 - Oui, c'est vrai, les instruments traditionnels sont en minorité, cette année, non ? Bon le refrain, avec la voix féminine, est pas mal, mais ces couplets sont désagréables et tellement nuuuuuuls !
N°3 - Belgique : Contrairement à Pierre, ce début a cappella ne m'a pas plus du tout. Et tout comme Nataka, ce "Hit it" de début m'a limite agressé. Heureusement que la suite de la chanson ressemble, comme le dit Pierre, à un truc des années 90, genre les Spice Girls. En revanche, je trouve que cette chanson n'a rien à voir avec la chanson espagnole ; elle est beaucoup mieux.
N°2 - Slovénie : Je pense que Pierre sous-estime cette chanson plutôt fraîche et entraînante. Et la queue de cheval de la chanteuse me plaît beaucoup.
N°1 - Russie : Je suis entièrement d'accord avec vous - et donc, les bookmakers - sur le fait que cette chanson envoie du lourd. Le clip est effectivement très réussi. Si la mise en scène reflète les effets du clip, alors on peut s'attendre à quelque chose de joli et travaillé. La chanson bouge et la mélodie est pas mal. La Russie a ses chances, et je préfère mille fois quand elle nous envoie ça, plutôt que les grands-mères.
Sauf qu'elle pourrait blesser quelqu'un avec et que ça fait un peu peur.