Service après-vente de l'Eurovision [2x04]

J'ai découvert, non sans une certaine stupeur, que les vendeurs de muguet ne sont pas légion dans les rues de Limoges le premier mai. Même un jour où il fait beau (bien que gentiment frisquet tout de même, à moins que 9° soit une normale de saison un premier mai à Limoges). Ceci ne doit pas nous troubler: oui, hier, c'était le premier mai, jour de fête du travail, ce qui constituera mon mot d'excuse inattaquable pour n'avoir rien écrit hier, à moins que vous soyez du genre à remettre en cause des acquis sociaux après avoir fait vos courses de la semaine un dimanche matin à Carrefour. Mais nous abordons là un terrain glissant, qui risque de provoquer un débat inutilement houleux alors que l'essentiel est ailleurs: nous sommes en mai et, preuve que le Concours Eurovision n'est plus très loin, les répétitions ont commencé. On met au point les chorégraphies, on peaufine ses mises en scène et pourtant, la règle est impitoyable: chacun aura beau donner le meilleur de soi, il faudra bien un dernier.
En 2012, c'était Tooji.

Tooji - Stay (Norvège - 2012 - 26e)

La question se pose: peut-on se relever d'une dernière place à l'Eurovision, quand l'Europe entière n'a pas voulu de vous? Choisir l'exemple de Tooji pour répondre n'est pas forcément juste: il est Norvégien! Il n'était que le onzième d'une longue série de chanteurs norvégiens désavoués par tout un continent. Les Norvégiens pouvaient-ils seulement lui en tenir rigueur après l'avoir désigné?
Non, bien sûr, alors Tooji a persévéré. Mais en gardant cette veste à capuche, et ça, est-ce vraiment pardonnable?
Et pourtant, il l'enlève aussi, oh là oui.

冬至 Tooji – The Father Project (2015)

Quatre ans après, la Norvège peut obtenir une douzième dernière place, mais pourquoi pas, aussi, une quatrième victoire.

Agnete - Icebreaker (Norvège)

Barei - Say Yay! (Espagne)

Donny Montell - I've Been Waiting For This Night (Lituanie)

Serhat - I Didn't Know (Saint-Marin)

Visiblement, les Norvégiens ont une actu prêtres un peu différente de la nôtre.
Enfin, je crois.
Enfin, je ne sais pas.
Enfin, les chansons du jour, plutôt.
  • Espagne, 6 points: ça faisait longtemps que l'Espagne n'avait pas envoyé une chanson aussi dynamique, il me semble? La première minute m'a laissé un peu sur le côté, mais le refrain et ses say yay yay yay est très efficace et, qui plus est, accompagné d'une fabuleuse choré! Une petite déception, tout de même: les couplets ne se retiennent pas aussi bien et, même si la chanson est bien lancée après le refrain, j'ai envie que le refrain revienne plus vite.
  • Norvège, 5 points: je suis très partagé, parce que je ne suis pas particulièrement passionné par le début de la chanson et pas beaucoup plus par la suite, mais je suis absolument fan du passage du couplet au refrain qui donne l'impression qu'on change de chanson (violemment) en plein milieu d'un mot.
  • Lituanie, 3 points: je n'ai absolument aucun souvenir de ce qu'avait pu chanter ce jeune homme en 2012 et je crois que cette chanson ne me marquera pas davantage. La construction du couplet lent/refrain dynamique, pourtant, ça me plaît, mais là, il manque un truc des deux côtés, alors je m'ennuie. Tout en constatant que le Lituanien est charmant.
  • Saint-Marin, 2 points: j'ai ri en entendant la voix de crooner 70s de ce monsieur, très Boney M, avant de constater que c'était en fait très adapté quand la musique est devenue tranquillement disco. Mais du disco mou, du genre que j'aime pas.

Commentaires

Nataka a dit…
Il n’y a eu beaucoup de muguet dans les rues hier, ni à Limoges ni ailleurs, je crois que c’est parce que cette année l’hiver est long et que le muguet n’a pas fleuri à l’heure. Il faut d’autant se réjouir de l’arrivée prochaine de l’Eurovision qui va mettre un peu de couleur dans le gris de ce printemps qui n’arrive pas, avec ses congés qui tombent le dimanche.

2012 c’était vraiment pourri comme année, ça doit être l’effet Baku, mais plusieurs chansons que j’aimais bien ont fini très loin dans le classement, et parmi elles Stay.
Faut-il rappeler qu’Euphoria ne m’a jamais vraiment convaincue ? Et Donny Montell avait fini 14ème en finale.
Vraiment, les gens, hein ?
Mais heureusement il y a quand même des choses intéressantes à réécouter de 2012, où Željko Joksimović avait fini 3ème, Ott Lepland 6ème et Pasha Parfeny 11ème.

Le clip de The Father Project est très beau et très perturbant, et musicalement ça m’inspire moins qu’une visite chez le dentiste, pour m’en remettre j’écoute donc la sélection du jour.

Norvège.
Déjà, la version que j’écoute depuis trois semaines vient d’une performance live et est un tout petit peu moins propre vocalement que cette version studio, je partais donc avec un a priori plus négatif mais là j’aime davantage, même si je suis moins enthousiaste au niveau de la rupture de rythme : beaucoup de points pour l’originalité, c’est sûr, et à force je vais même finir par trouver ça beau, mais c’est surprenant que ce soit au refrain qu’on ralentisse, et je ne suis pas sûre que ça convainque à la première écoute.
En plus, la longueur de ses ongles me fiche l’angoisse.

Espagne.
Mon premier coup de cœur de cette année, cette chanson fait partie des quelques unes qui donnent vraiment la patate. C’est énergique et ça ne fait pas de chichis, c’est joyeux, j’espère qu’ils feront quelque chose de bien sur scène, y a moyen de mettre tout le public debout pour danser.

Lituanie.
En 2012, Donny Montell (mais c’est pas possible, ce pseudo, son vrai nom serait tellement mieux) avait joué les Jean-Michel Premier-Degré avec sa chanson « Love is blind » chantée avec un bandeau sur les yeux et une choré hyper beauf. Cette chanson-ci est mieux (j’ai réécouté l’autre pour comparer) mais elle est quand même hyper-classique, et vraiment pas loin d’être ennuyeuse en ce qui me concerne. J’attends l’éventuel décalage scénique pour me prononcer.

San Marino.
Mouhahahaha. Et on ricanait du kitsch biélorusse ? Ah mais là, au secours, aucun recul sur les quarante dernières années, c’est du 70’s puriste. Et la chanson parlée au lieu de chantée, non. J’aime bien rire, mais trois minutes de ça, c’est trop long.
Pierre a dit…
Nataka, rassure-moi: les classements de Pasha Parfeny et d'Ott Lepland (et le nom d'Ott Lepland, même), tu les as trouvés sur Wikipédia, hein?
Je me suis vraiment habitué à Euphoria, qui doit être l'un des titres avec le plus d'écoutes dans mon lecteur mp3, après une phase de rejet assez longue de six mois environ. Mais Stay, qui gagne quand même beaucoup à être en version studio, a aussi un compteur assez élevé.
Et Love is blind, oui, bien sûr, quelle merveille. Il a pris un peu de muscle, non, Donny? (non, vraiment, je n'aurai rien d'autre à dire sur lui)
Nataka a dit…
Je te rassure, un peu Wikipédia, et un peu en réécoutant l'album, tout simplement. Où je réalise que tous les vétérans de cette année (ou 3 d'entre eux en tout cas, je ne sais pas s'il y en a plus) étaient là en 2012, ce que je trouve étrange.

Je ne sais pas si Donny a pris du muscle, j'ai du mal à juger, il a changé de look surtout.
Pierre a dit…
Oui, c'est vrai, la recherche images montre en effet une certaine prise de confiance en soi sur un plan physique chez la personne, quitte à avoir un look "j'me la pète". Peut-être qu'il avait déjà du muscle. Après tout, c'est bien lui qui faisait un salto arrière, non?

Il y a d'autres revenants cette année. Déjà, l'un de ceux de 2012 était déjà là en 1996, mais sinon, on retrouve Bosnie 2004 et Malte 2002 (et une partie du groupe monténégrin était une partie d'un groupe de 2005, mais là, c'est juste pour être exhaustif, parce que ça compte pas trop).
Nataka a dit…
Oui, c'était bien lui le salto arrière. Ou une autre figure acrobatique du même tonneau. Mais je dirais qu'il y avais déjà une certaine confiance en lui sur le plan physique il y a 4 ans, vu sa façon de bouger, surtout seul en scène. Il se la pétait déjà, même avec son costard et sa coupe de cheveux de gendre idéal (sous lesquels se cachaient peut-être déjà la même musculature, si ça se trouve).

Il y a d'autres revenants bien sûr, il y en a toujours. Mais il y en a surtout beaucoup de 2012.
RR a dit…
J'avoue avoir été surpris de ne pas voir de billet posté le premier mai, alors que je l'ai attendu toute la journée.
Oui parce que j'aime bien commenter les billets en retard, sauf le premier mai.

N°4 - Espagne : Je trouve que la chanteuse force un peu trop sur sa voix, et cela m'épuise complètement. Et effectivement, même si le refrain est rythmé, on ne l'entend que deux fois. Il faut donc se farcir tout le reste de la chanson, qui m'ennuie. Et je n'aime pas la mélodie.

N°3 - Saint-Marin : Cette chanson aura au moins le mérite de nous avoir faire rire tous les trois. En fait, c'est tellement kitsch sans s'en rendre compte, que ça nous fait vraiment traverser une faille spatio-temporelle qui nous emmène directement en 1978, en première partie de Boney M.

N°2 - Norvège : Comme le dit Nataka, c'est assez surprenant que le refrain soit plus lent que le couplet. Et comme le dit Pierre, ce changement de rythme sur un mot est assez rigolo. Cette chanson me parait avoir du potentiel, d'autant que le refrain me fait vaguement penser au Chandelier de Sia.

N°1 - Lituanie : Les faux claquements de doigts du deuxième couplet sont tellement ringards que j'adore cette chanson.
Pierre a dit…
Je n'ose croire que le chanteur saint-marinais n'ait pas conscience d'être kitsch. Il se rend forcément compte que personne au monde ne fait plus la même musique que lui depuis 37 ans!
Nataka a dit…
Il s'en rend forcément compte, mais ça ne se ressent pas dans la chanson ou l'interprétation. En tout cas moi je ne le ressens pas, je veux bien lui laisser le bénéfice du doute et me dire qu'il met simplement le décalage et le second degré à un autre niveau que moi.

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