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J'ai décidément bien du mal à apprécier pleinement Mot de passe. Le jeu ressemble trop à Pyramide en moins bien. D'abord, il y a Patrick Sabatier, qui est bien gentil, mais qui mange ses mots, et qui est vraiment très gentil. Patrick Sabatier ne trouvera jamais que c'est complètement con d'avoir raté le mot «annulaire» avec des indices comme «index», «bague» et «marié», tout juste dira-t-il que c'est toujours plus facile chez soi, par exemple, ce qui n'arrêtait pas Patrice Laffont, qui était effectivement bien plus aigri mais du coup un peu moins lisse. Et au moins, Patrice Laffont prononçait effectivement toutes les syllabes des mots qu'il prononçait. Patrick Sabatier serait absolument incapable d'être compris s'il demandait à un candidat de choisir entre Mironton et Barjabulle.

L'autre problème tient dans le concept même du jeu. Pyramide reposait sur une règle incompréhensible pour le néophyte, qui donnait l'impression aux connaisseurs de faire partie d'une grande société secrète dont les réunions auraient lieu chaque midi à la télé. Quand on faisait partie du club, ou même, consécration suprême, qu'on allait jouer sur le plateau, on comprenait ces affaires de briques et surtout ces échanges de mots qui n'avaient a priori rien à voir entre eux quand on avait un esprit obtus, incapable de comprendre que quand on dit planète, on peut répondre n'importe quel mot commençant par «ter-». Mais cette alchimie ne tenait que grâce à Jérôme Tichit et Claire Gautraud (nue). Aussi un peu à Laurent Broomhead, Marie-Ange Nardi voire Noëlle Bréham, mais Jérôme et Claire étaient bien meilleurs. Je n'envisage même pas que Olivier Minne et Pierre Gallibert aient un jour tenu le rôle de «maître-mot».

Dans Mot de passe, cette stratégie est absolument impossible, puisqu'il est obligatoire de jouer avec des célébrités en promo pour un film ou une pièce de théâtre voire, pire, une émission sur France 2. Des gens qui n'ont certainement pas eu le temps d'ouvrir leur boîte de jeu Pyramide depuis des années, et qui ont même perdu tout sens logique. Et puis, même si les candidats peuvent échanger leur associé pour éviter de se coltiner un boulet et de perdre à cause de ça, alors que ça fait des années qu'on s'entraînait dans sa chambre devant son miroir en rêvant au retour de cette émission-culte, il faut reconnaître que le tout reste un peu injuste.

Par exemple, ce soir, l'un des candidats, Thomas, semblait entrer dans cette catégorie. Alors, pensez au drame qu'a pu représenter le fait que son sort soit entre les mains de Jonatan Cerrada, plutôt qu'entre celles de Laurent Ruquier. Devoir jouer sa place en finale avec un type qui propose «course» et «tranquille» pour faire deviner «marathon» ou qui perd bêtement sur «canif» juste parce qu'il a proposé «couteau» et «de poche», alors qu'il est interdit de dire plus d'un mot à la fois... Et, de presque rien, c'est avec lui qu'il a été obligé de jouer sa finale et ses 100000€ à la clé. Il en a eu un presqu'orgasme à chaque mot que trouvait Jonatan, comme s'il ne s'attendait pas à ce qu'il réponde «fruit» en entendant «orange» ou «coude» avec «genou», juste parce qu'il ne connaissait visiblement pas le mot «stuc».

Jonatan, se creusant les méninges pour savoir ce qu'on peut bien lui vouloir avec des mots comme «région» et «Clermont».

N'empêche que ça doit être un peu horrible de perdre à cause d'un incapable qui n'a pas su répondre correctement à «dessous», «bras» et «sueur».

Finir sur «sueur», de toute façon, c'est la loose.