Esprits rebelles

Il y a des heures où je ne sais pas vraiment comment faire pour que mes chers élèves se décident à travailler. Je n'imagine même pas qu'ils travaillent chez eux, je reste réaliste! Mais qu'au moins, ils fassent un minimum en classe, pour que, peut-être, avec un peu de chance, il leur reste quelques trucs en tête, en espérant qu'ils ne se soient pas couchés la veille à plus de minuit à force de chatter sur MSN ou de jouer sur Dofus et qu'ils soient donc en mesure de se concentrer assez longtemps pour replonger dans leurs souvenirs les plus émouvants liés à la proportionnalité, aux puissances de 10 ou aux aires.
Ça, ce serait dans un monde idéal, puisqu'il n'en est pas ainsi, en général...

J'ai déjà évoqué ici le climat légèrement tendu qui régnait aux alentours de mon collège, qui m'avait fait doucement rêver, en regardant Les Enfants de Timpelbach et en m'imaginant ce qui arriverait si on laissait les élèves livrés à eux-mêmes dans l'enceinte du collège. J'ai rapidement réalisé, malheureusement, que puisque les élèves font déjà la grille, il n'y aurait aucune raison qu'ils restent dedans si personne ne les surveillait, mais aussi que ça ne changeait rien pour le cas le plus fréquent où une classe bavarde sans même porter le moindre intérêt pour ce que leurs camarades peuvent faire au tableau. Pour l'avoir essayée, je doute que la méthode «traitons la situation ironiquement en ponctuant certaines phrases d'un je m'en cogne» soit très efficace sur le long terme. Je ne serais pas aussi pessimiste sur la méthode Isabelle Adjani. Prendre ses élèves en otage pour les forcer à écouter un cours, voilà une bonne solution! Et qui marcherait même sur cette charmante M. qui, juste parce qu'elle ne m'aime pas (tout ça parce que j'ai refusé qu'elle ait les félicitations, mais elle l'a dit elle-même, elle s'en fout des félicitations!), refuse de lancer des dés pour compter ses 1, ses 2, ses 3, ses 4, ses 5 et ses 6.

Le problème de la méthode Isabelle Adjani, c'est qu'elle peut dégénérer et c'est en ça que La journée de la jupe est absolument fabuleux. Parce qu'Isabelle Adjani est elle-même absolument fabuleuse en jeune prof. Qu'elle dirige sa prise d'otages d'une main de maître et se révèle même particulièrement bluffante et totalement imprévisible quand on insulte sa mère. Que ses otages de quinze ans (qui en paraissent un peu plus, si on veut pinailler) sont eux aussi particulièrement convaincants dans leur relation avec les autres élèves, dans les expressions qu'ils utilisent, une certaine pensée qu'ils véhiculent et leur réaction face à tout ce que cette prof peut leur dire avec ce flingue à la main. Parce que justement, dans ce huis-clos, presque thriller, à l'issue incertaine qui sait placer ses rebondissements là où il faut, il se dit pas mal de choses. Des choses drôles, des choses pertinentes, mais aussi des choses dérangeantes, par les élèves comme par les profs. Les théories s'opposent sans vraiment pouvoir être sûr de ce qu'il faudrait vraiment faire. Peut-être qu'on pourra être plus ou moins impliqué selon qu'on voudra croire que ces élèves ne sont que cliché, ou au contraire que le réalisateur se perd un peu quand il s'intéresse à la vie privée du négociateur ou s'éloigne de la classe pour à peine effleurer la vie de la cité, ou alors on pourra juste trouver que la ministre n'est pas tellement crédible, mais je suis simplement resté époustouflé par l'ensemble.

Commentaires

Anonyme a dit…
Je voulais regarder, mais après un vendredi bien rempli j'ai abandonné l'idée... peut-être de peur que film m'en donne une mauvaise ;)
Rhum Raisin a dit…
Je ne m'étais jamais vraiment penché sur le cas Adjani. Et en la voyant partout le week-end dernier à la télé, je l'ai trouvée finalement assez peu sympathique, malgré tout ce qu'on nous dit. Et donc, j'hésite à aller voir ce film, rien que pour montrer à Isabelle qu'elle n'a pas réussi à m'attirer au cinéma, le seul de ma ville, voire le seul de mes villes, qui projette son film. Je sais qu'elle s'en tape, mais quand même.

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