Lucky de Daisy (Town)

Si ce blogue existe, c'est (un peu) à cause de Les Dalton, ce qui prouve que ce film n'aura pas complètement servi à rien, à défaut d'avoir marqué l'Histoire du cinéma ou fait décoller la carrière en France de Til Schweiger.
En sortant de la salle, il y a environ cinq ans, j'avais envie de donner mon impression sur ce film, en expliquant pourquoi il n'était pas si mauvais qu'on voulait bien le dire, et c'est ainsi que l'idée d'un blogue est apparue pour la première fois, avant de se concrétiser une quinzaine de jours plus tard, au détour d'une veille de réveillon de Noël et d'une finale chiante à périr de Star Académy. Notez que ce temps d'hésitation est finalement un peu regrettable, parce que je ne me souviens logiquement plus des arguments que j'avais en faveur de ce film, que je n'ai par ailleurs jamais revu depuis, notamment pour ne pas risquer de réaliser que je m'étais fourvoyé ou que je ne voulais soutenir ce film que pour aller à contre-courant. Je reste donc avec l'idée, cinq ans après, que Les Dalton n'est pas un si mauvais film que ça.
Alors que, trois jours après, je ne sais pas vraiment quoi penser de Lucky Luke.

Visuellement, c'est certain, c'est très beau. Les décors, les costumes, les effets visuels, difficile de reprocher quoi que ce soit au film sur ces points-là... Peut-être la mèche de Lucky Luke, qui sied mal à la tête de Jean Dujardin, mais bon... D'autant que par ailleurs, Jean Dujardin habite complètement Luke. Trop, par moments, au point que le personnage est un peu oublié derrière l'acteur quand il fait des blagues potaches à la Brice de Nice ou qu'il aime se battre comme OSS117. Mais il assure avec la dégaine du cow-boy et il est bien entouré. Sylvie Testud se détache en Calamity Jane, mais Melvil Poupaud (rhââ) assume totalement son Jesse James (il me faudrait relire l'album, pour être certain que c'est bien le même Jesse James que celui de la bédé), Michaël Youn est on ne peut plus à l'aise en Billy the Kid malgré ses fausses dents, tandis que Daniel Prévost, Jean-François Balmer, Alexandra Lamy ou Bruno Salomone font clairement ce qu'on leur demande...

Même au niveau du scénario, il n'y a pas vraiment de problème... Après tout, c'est un parti-pris de réalisateur/scénariste de vouloir remonter aux origines de la série, de donner des parents et un prénom à un personnage de bande dessinée. C'est discutable, mais assez audacieux, et cela permet de justifier d'autant plus facilement de ne pas être aussi drôle que Morris, Goscinny ou tous les scénaristes suivants... D'ailleurs, c'est bien simple, le Lucky Luke de James Huth n'est pas drôle. Il y a quelques gags disséminés tout au long des cent minutes de film, pour la plupart visuels, ainsi que quelques blagues briciennes honteusement efficaces (et des trucs à lire dans le générique fin, ça ne compte pas!), mais rien d'hilarant. C'est un peu décevant, venant d'un réalisateur de films plutôt humoristiques (Serial Lover, Brice de Nice, Hellphone, qui ne font pas l'unanimité, mais qui me font rire, moi, aux deux tiers) qui adapte une série essentiellement humoristique... Mais admettons, vouloir porter un regard adulte sur la série peut être intéressant, en se focalisant davantage sur le côté western. Même si, dans ce cas, on aurait pu tout autant adapter Jerry Spring ou Blueberry.

Le problème est que le film ne s'insère pas dans la mythologie. Et en cela, il ne PEUT pas être une aventure de Lucky Luke. Que ce ne soit pas drôle, qu'il n'y ait pas de Dalton ni de Rantanplan, que Lucky Luke s'appelle John... Tout ça n'est pas grave, parce qu'on a droit aux clins d'œil au Dr. Doxey, à Dick Digger, à Belle Starr, au Crabe aux pinces d'or (ah?) et au «I'm a poor lonesome cow-boy», mais ce film ne peut pas côtoyer quatre-vingts albums! Parce que ce film ne peut se placer qu'avant toute la série. Et ce n'est pas le cas.

Les explications fournies par James Huth pour les origines de Luke sont tout à fait convaincantes, mais dans ce monde-là, Lucky Luke est déjà une célébrité qui collectionne les médailles du mérite même s'il s'en va souvent avant qu'on ait pu lui donner. Dans ce monde-là, Calamity Jane a déjà une relation particulière avec Luke, et celui-ci a déjà croisé la route de Jesse James et de Billy the Kid (et visiblement de Pat Poker aussi). Mais pourtant, dans ce monde-là, Luke découvre seulement que Jolly Jumper est doué de parole, alors qu'il se remet en question sur son statut de cow-boy solitaire sans peur, sans reproches et sans victimes sauf une. Et dans ce monde-là, Luke tombe amoureux et songe à vivre dans une petite maison dans la prairie... Là encore, pourquoi pas, d'autant que la situation trouve une pleine justification dans le scénario... Mais après coup! Et quand on sait juste que cette romance est vouée à l'échec (quand même, Lucky Luke est et doit rester lonesome), ça n'est rien d'autre qu'atrocement long et vaguement mièvre.

Si on la supporte, alors Lucky Luke est un bon film, mais pas vraiment une adaptation de Lucky Luke. Ou alors une adaptation trop audacieuse qui n'atteint pas ses objectifs. En tout cas, ce n'est pas un mauvais film. Et puis, il donne envie de revoir Les Dalton, voire le Lucky Luke de Terence Hill, ce qui n'arrive pas souvent... Mais il ne donne pas vraiment envie de voir un Lucky Luke 2, et c'est un peu dommage.

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