LTODLCF (volume 2.04)

Bambi Cruz commence sa vie à Villeneuve-Saint-Georges. Ca pourrait ne pas être la meilleure façon de commencer, Villeneuve-Saint-Georges n'étant pas une ville radieuse, mais, dans son malheur, Bambi Cruz a passé son enfance dans la barre en face de chez mes grands-parents. Ce qui ne lui apporte pas grand chose en soi, parce qu'il faut bien avouer que mes grands-parents ne l'ont pas spécialement aidé dans sa vie, mais le rapproche d'un certain Claude M'Barali qui, après des années à taguer, rappera sous le pseudonyme de MC Solaar. Bambi Cruz, lui, fait du smurf, le truc tellement années 80 qui doit étrangement son nom à des héros bleus. Mais comme c'est un ami, c'est souvent lui qui danse derrière MC dans ses clips ou sur scène. Malheureusement, depuis Mach 6, MC Solaar a une respectabilité et ne peut donc plus sortir des singles de rap dansant, on risquerait de le prendre pour Manau... Sentant peut-être le vent tourner, en 1998, Bambi Cruz se lance pour lui-même, avec Ouvre les yeux. Depuis, il y a deux grands courants principaux de pensée dans le monde: ceux qui pensent qu'il est excessif de dire que le monde devient tout moisi parce qu'il est depuis déjà longtemps, et ceux qui pensent que Bambi Cruz est un visionnaire.

La deuxième thèse peut se défendre, le jeune homme traitant dès son premier single de violence dans les banlieues, de publicité et de temps de cerveau, de création des inégalités, de ventes d'armes à des populations sujettes à la guérilla... Mais il faut alors admettre que, comme tout génie, Bambi Cruz a eu ses moments de délire, notamment en espérant revenir sur le devant de la scène par le truchement d'un duo avec Lââm, en 2001, là où il avait Akhénaton sur le premier disque. Ou alors peut-être que Bambi Cruz n'a jamais vraiment été sur le devant de la scène... Dès Entre dans ma secte, son deuxième clip, sa carrière sombra. Malheureusement, Bambi, encore tout innocent, n'avait pas pu imaginer que les gens avaient surtout retenu son look streetwear, sans vraiment écouter les paroles...
Parce que, à l'époque, Bambi ne quittait pas son magnifique anorak gris métallisé Helly Hansen...
Ouvre les yeux, Bambi, comme tu le dis toi-même: y a pas de mystères, tu as vendu ton âme à Lucifer!

Faut pas s'faire d'illusions, on organise la confusion
On est plus facilement contrôlable sous la pression
On alimente les différences entre les hommes alors qu'il n'y en a pas
Tout le monde est pareil ici bas
Le racisme, les religions sont de beaux moyens
Pour que l'on s'entre-tue à leurs frais dès demain
Ils ne veulent plus que l'on pense par nous-mêmes
Parce que l'homme est amour et que le système n'est que haine
J'aime ce thème et dorénavant
J'essaierai de ne plus me comporter comme un délinquant rebelle
J'payais pas le métro, fumais la ganja
Je réalise que le plus soumis à l'état, c'était moi
Je copiais la télé, par ce biais accentuais les clichés
Que les jeunes sont tous des mauvais
Apprenez que l'ennemi n'est pas forcément celui contre qui l'on se bat
Mais celui qui profite des dégâts
Ouvre les yeux!
Je t'emmène ne voyage sur un nuage
Ouvre les yeux


Bambi Cruz
1998 East West

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