Mon ami Woody

J'ai l'impression que, passé sept ans, environ, j'avais remplacé les jouets par les livres. Sans concertation, ma mère est arrivée à la même conclusion. Il y a bien ce bateau et de ces petits bonshommes avec lesquels je me suis longtemps baigné dont je me souviens parfaitement, et pour cause: ils sont désormais échoués sur le balcon du Domaine, où le soleil les décolore sans pitié, après avoir longtemps pris la poussière depuis que même ma sœur s'est trouvée trop grande pour jouer avec eux. Il y a aussi cette espèce de gros poupon aux cheveux bleus et aux vêtements tellement marqués années 80 que j'ai dû avoir pour mes trois ans ou ce joli nounous bleu tout doux (et bleu, surtout!), mais ça ne suffit pas pour déterminer un jouet préféré de toute ma vie. Ce qui, finalement, m'arrange un peu, étant donné le temps que je peux mettre pour me décider quand il faut faire un choix de ce genre. Mais ma sœur, qui, elle, a eu un peu plus de jouets, quand bien même la plupart appartenaient à la grande famille Barbie, est tout aussi incapable de choisir son jouet préféré et c'est là un point commun que nous nous sommes trouvés en sortant de Toy Story 3.

Nous en partageons d'ailleurs un autre, de même qu'une partie de la salle dans laquelle nous nous trouvions (à moins que la clim ait montré ses effets dévastateurs au bout d'une heure trente?), mais elle ne le sait peut-être pas, car j'ai su habilement utiliser la technologie 3D pour le dissimuler afin de rester digne, en faisant croire que je m'amusais bêtement à garder les lunettes 3D comme si c'étaient des lunettes de soleil (alors que c'est écrit en gros sur le plastique que non, il ne faut pas faire ça, mais hé!, je suis un fou, moi!). Pourtant, il est un fait indubitable: notre avis sur Toy Story 3 diverge assez largement. Comme ma mère, elle a trouvé le temps un peu long, à un moment, trouvant que l'action mettait vraiment beaucoup de temps à démarrer.

Je tiens à dire dès maintenant combien je ne suis pas d'accord!
Mais j'ai été d'autant plus interloqué de voir Mum se mettre du côté de sa fille que, tout de même, quand, alors qu'un personnage se présente face aux héros pour mettre un terme à leur plan et créer un rebondissement, on ne crie pas «Ah la la» (bon, peut-être pas crier, mais en tout cas, tous nos voisins l'ont entendu) si on n'est pas un minimum à fond dedans (ma sœur qui a honte tiendrait sûrement à vous préciser que, d'habitude, notre mère est sortable)!
Mais bon, admettons...
De toute façon, on s'en fout, on est chez moi, c'est mon avis qui compte, d'abord!

Et donc, moi, je ne suis pas d'accord!
En fait, c'est même tout le contraire, Toy Story 3 m'a ému, alors que je ne m'y attendais pas, et ce dès son intro, comme avait pu le faire Là-haut avec son histoire d'amour qui finit tristement. Sans même avoir de jouet préféré, ni le moindre souvenir passionnant de moi avec des jouets, c'était si simple de voir le Andy des précédents Toy Story jouer avec son Woody, son Buzz et les autres que ça n'était pas bien loin de me faire renifler dès le début. Quoi de mieux, du coup, pour entrer de plain-pied dans un film?
Alors, que ce soit la péripétie du sac poubelle, la présentation de la garderie et, bien sûr, la grande évasion, je ne vois pas quand j'aurais pu simplement m'ennuyer, même un peu. Au contraire, j'aurais même dit que ce Toy Story 3 était au-dessus du deuxième (qui, je dois dire, ne m'a jamais laissé un souvenir ému), en gérant parfaitement ses nouveaux personnages (Ken est absolument fa-bu-leux!), en amenant des rebondissements juste quand il faut et en utilisant exactement comme il faut les trois aliens qui, enfin, prouvent qu'ils ont une personnalité.
Et en réinitialisant Buzz l'Éclair en espagnol, aussi...

Il y a de la romance, de l'action, Monsieur Patate, Frédérique Bel dans le rôle de Barbie et un slam de Grand Corps Malade (hum, non, ça, en fait, on s'en fiche un peu), de nouveaux couples, de l'émotion, Monsieur Patate, des enfants mignons et des enfants horribles, Ken, un tango endiablé, un Totoro (les filles devant étaient contentes!), des retrouvailles, une séparation... même si la dernière partie du film -avant le dénouement qui fait renifler la salle- manque un peu de réalisme (en supposant évidemment que des jouets qui vivent quand on ne les regarde pas soit réaliste), Toy Story 3 peut désormais prétendre à une place dans mon panthéon cinématographique personnel.

Commentaires

cecilette a dit…
Je suis tout a fait de ton avis sur ce film ! Mais en plus j'ai kiffé le slam de grand corps malade !
sniv a dit…
Tu as de la chance d'avoir vu un 10/10 mais ton enfance dans les livres est triste, y a une justice !

Posts les plus consultés de ce blog

Lilly-Fleur Pointeaux nue (n'est pas dans ce billet)

À lit ouvert

The boys from Ipanema