Je dors devant le sport de Vancouver

Le fait de mélanger des citations déjà publiées au cours des cinquante dernières années avec des entrevues inédites, juste histoire de faire aussi parler des gens morts mais non négligeables comme Roba, Peyo et surtout Franquin, finit par provoquer quelques répétitions et diminuer un peu le plaisir de la lecture, mais au moins, au fil des pages, on finit par bien comprendre à quel point Delporte était génial, à quel point Franquin était génial, à quel point le duo Franquin/Delporte était génial, mais aussi à quel point Cauvin ne comprend pas que Delporte n'ait jamais voulu laisser passer le moindre de ses scénarios dans aucune de ses publications. Et il faut reconnaître que, même si, évidemment, l'ensemble des témoignages tend à dire qu'Yvan Delporte avait des traits de génie pour ses spéciaux de Spirou ou pour la création du Trombone illustré, on y trouve aussi des commentaires moins laudatifs, admettant qu'Yvan Delporte n'était pas très ouvert à la nouveauté (ça, c'est que dit Cauvin, qu'on ne va pas non plus trop plaindre) ou que sa gestion de Spirou était facilitée par les dessinateurs qui y travaillaient alors (ça, c'est son successeur Thierry Martens, qui a dû faire sans lesdits dessinateurs, qui le répète souvent, entre deux commentaires de l'un ou l'autre disant que, franchement, Thierry Martens, qu'est-ce qu'il était chiant). On parle aussi de son côté très loufoque, très original, très barbu, très secret mais aussi très curieux de tout et séducteur, de l'ensemble de sa carrière, de ce qu'il a fait de plus alimentaire aussi, de ses relations particulières avec Franquin et avec Charles Dupuis et, franchement, pour le lecteur de Spirou que je suis, c'est la partie la plus passionnante. La plus frustrante, même, parce qu'on a forcément envie d'en savoir davantage sur la vie du journal au fil de ses rédacteurs en chef, qui sont abordés ici ou là par Jannin, Roba (ou Franquin, mais bon, ça fait combien de fois que je cite son nom?).
Mais samedi, enfin, j'ai fini ce livre et espéré pouvoir reprendre un rythme raisonnable pour la dernière ligne droite avant les vacances...
Et puis j'ai regardé France 2...
Pourtant, samedi, je n'étais pas resté, parce qu'entendre le commentateur citer le nom de Marie Dorin toutes les trente secondes comme si elle était seule en lice pour gagner son biathlon (mais alors, dans ce cas, franchement, quelle idée curieuse de s'être limitée à la médaille de bronze), c'était juste insupportable de chauvinisme et d'admiration béate et ridicule.
Alors quand j'ai vu que c'était Patrick Montel qui commentait le combiné nordique et qu'il affirmait que Jason Lamy-Chappuis avait toutes ses chances alors qu'il me semblait quand même voué à la deuxième place à cinq cents mètres de l'arrivée, j'ai songé à éteindre. Mais il était encore relativement tôt et Patrick a crié de plus en plus fort comme si Usain Bolt explosait encore un nouveau record, mais plus longtemps, oubliant de plus en plus qu'il pouvait dire d'autres mots que Allez et Jason, ma tête s'est relevée vers la télé, Jason s'est rapproché du premier pour finalement le dépasser, Patrick n'en pouvait plus et je suis resté bloqué vers l'écran, à ouvrir la bouche de plus en plus grand et commencer à trembler un peu, jusqu'à pousser un soupir de joie et de soulagement quand il a passé la ligne d'arrivée en premier.
Et alors, ce fut terrible, la compétition de bosses a commencé et je n'ai pas pu ne pas la regarder, tant c'est hypnotique et impressionnant.
Du coup, je me suis couché à 1 heure du mat', en croyant que je me réveillerais avec une médaille d'or pour Guilbaut Colas qui était premier en fin de première manche... Mais quand je me suis réveillé, cinq heures plus tard, tandis qu'il avait fini sixième, tout le monde l'avait oublié.
Et, naturellement, j'étais explosé.
Vivement les vacances, flûte!
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