Tagada tagada...

En septembre 2004, trois ans après la mort de leur créateur, Lucky Luke et Jolly Jumper étaient de retour en librairie pour de nouvelles aventures. Au dessin, Achdé, dont le dessin dynamique collait parfaitement au trait de Morris. Au scénario, Laurent Gerra qui livrait un vibrant hommage au Québec, même si La Belle Province du titre était avant tout une jument capable de faire fondre le cœur du cheval du plus solitaire des cow-boys. Contre toute attente, et même s'il n'avait pas manqué de réutiliser ses têtes de turc préférées (Céline Dion et BHL), Laurent Gerra s'était parfaitement adapté aux personnages. Il était donc logique -succès public aidant- que l'équipe reste en place pour un deuxième album, afin également de recréer une continuité dans la série, là où Morris a inlassablement changé de scénariste après la mort de Goscinny, avec plus ou moins bonne fortune (Laurent Gerra est d'ailleurs en telle odeur de sainteté chez l'éditeur qu'il devrait prendre la relève d'Antoine de Caunes -malheureusement- dans le long-métrage des studios Xilam, Lucky Luke: Tous à l'ouest!).

Avant et après la censure...

Deux ans plus tard, les revoilà. Ainsi que les Dalton. Presque absents de l'album précédent (une case seulement), ils sont ici propulsés au centre de l'histoire. Comme il faudrait voir à ne pas faire payer au contribuable les 387 années logés-nourris-blanchis des Dalton en prison, et surtout parce qu'il faudrait libérer des lits, les Dalton sont condamnés à la peine capitale. Pour éviter la corde, une seule solution, se faire passer la corde au cou! Il faut voir Luke, les mains tremblantes, à l'approche de l'exécution... Il s'y est habitué, aux Dalton, depuis le temps qu'il les côtoie (Les Cousins Dalton, 1958). Enfin... Il faudrait le voir, mais la censure de Lucky Comics n'a pas apprécié que ces mains tremblantes aient l'idée saugrenue de se rouler une clope. Et pourtant, une clope en vingt ans, il n'y a pas mort d'homme. Et d'ailleurs, il n'y a pas mort d'homme, car Ma a trouvé quatre perles de la Tribu des Têtes-Plates pour ses quatre rejetons. Et Lucky Luke, qui s'ennuierait s'il n'avait pas à ramener la fratrie à la case prison sans toucher F20000 tous les deux albums, supervise cette belle union... Faut-il préciser que Joe, Jack et William ne vont pas vivre un rêve?

Trouver l'amour, quelle calamité!

Car chez les Têtes Plates, ce sont les femmes qui portent la culotte. Et leurs épouses sont de vraies rombières! S'il y a un message caché dans La Corde au cou, c'est que le mariage est probablement ce qui peut arriver de pire dans la vie d'un homme! C'est tout sauf original, et même un peu (beaucoup) anti-féministe? Certes... D'autant que le propos est asséné avec force répétition, quitte à rester un peu sur l'estomac. Et Achdé, très bon repreneur, n'a pas la maestria cinématographique de son prédecesseur qui pourrait fluidifier une lecture parfois un peu chaotique, la distribution un peu hasardeuse de quelques phylactères dans les dernières planches n'arrangeant rien. Par ailleurs, Achdé n'a pas non plus le talent de caricaturiste de Morris, tant son Joe Dassin ne s'intègre pas dans son graphisme. Mais les clins d'oeil sont là, nombreux, amusants, inttendus, et le scénario est réellement fouillé, puisque le scénario prend un virage heureux -et plus intéressant- à la moitié de l'aventure. Achdé et Gerra ne sont peut-être pas (encore?) Morris et Goscinny, et même si cette Corde au cou reste un peu en travers de la gorge, elle est loin d'être un échec pour leurs auteurs.

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