Jour de doutes

Et voilà, dans une semaine, c'est la Grande Finale de l'Eurovision et, à force d'avoir repoussé, puis repoussé et repoussé encore un peu, c'est à peine si j'ai écouté les chansons de la première demi-finale. Tout était pourtant parfaitement calculé, il y a trois semaines. Tandis que mon train m'emmenait en vacances vers Évreux, je comptais les jours, divisais 41 par le résultat obtenu et je me disais que ça passait crème. Franchement, j'étais laaaaaaaaarge.
Tout a commencé à déraper dès le lendemain, en attendant mon train sur le quai de la gare de Lisieux, sous une bruine normande caractéristique en avril. Quand j'ai compté les jours en en sautant quelques-uns et que le résultat de la division de 41 par ce nouveau résultat était toujours en-dessous de 5. Oh, ça, vraiment, j'étais laaaarge.
Puis le lendemain, je n'y pensais plus trop. J'étais transi de froid, le nez, les oreilles et les doigts rouges, à regarder les cerfs-volants et les kitesurfs, tout en marchant sur la plage de Trouville, attendant le redoux et le soleil. Las, celui-ci n'est revenu qu'à la minute même où mon train me ramenait vers l'Île-de-France, du sable sur les orteils (malgré les baskets).

Tracy de Sà - Por Aquì (Destination Eurovision 2019)

Et me voilà là, à la bourre, voire à la maxi-bourre, avec toute une demi-finale, un Big Five et un pays-hôte à découvrir encore en une semaine à peine. C'est que les calculs pour repousser le moment fatidique ont continué la deuxième semaine des vacances, tandis que le métro m'emmenait à Paris, le lundi, le mercredi... Puis il y a eu des cours à préparer un peu, pour faire genre jusqu'à la fin de l'année, et pendant ce temps, le CD du concours restait désespérément sous son blister, dans l'entrée. Finalement, cet Eurovision est arrivé plus vite que ma motivation.
Pourtant, cette année, j'étais chaud pour l'Eurovision, juré, avant même d'avoir 35 ans, c'est dire comme ça datait. C'était trop tôt, ce Destination Eurovision. Ça tombait bien pour mon anniversaire, mais c'était trop tôt...

Kate Miller-Heidke - Zero Gravity (Australie)

Hatari - Hatrið mun sigra (Islande)

Victor Crone - Storm (Estonie)

Conan Osiris - Telemóveis (Portugal)

Katerine Duska - Better Love (Grèce)

Serhat - Say Na Na Na (Saint-Marin)

Hé bien... cette première demi-finale laisse largement de la place à quelques surprises!
  • Australie, 3 points: j'ai hâte de voir l'écart des points entre les jurys et le public sur cette chanson. La dame monte haut, oui, certes, mais cette chanson ne va nulle part.
  • Grèce, 3 points: où sont donc passées les chansons grecques d'antan? Celle-ci est un truc pop tout à fait banal qui tente de cacher la misère visuellement. Ah, çà, le clip est beau. J'ai presque envie d'avoir des perles collées à mes doigts (mais ça doit être sacrément relou pour écrire au tableau avec).
  • Estonie, 4 points: cette chanson sonne comme quelque chose de très familier - du Avicii? La mélodie, en tout cas, se retient d'autant mieux. Et ça a quelque chose de rassurant, cette pop facile après les chansons qui passent juste avant. Mais bon, c'est facile...
  • Portugal, 4 points: c'est... particulier. Musicalement, déjà, le titre ne s'apprivoise pas à la première note. Mais cette mise en scène, un vibrant hommage à la poule de Toy qui passerait sur Arte, c'est audacieux. Rien que pour ça, le Portugal mériterait la finale. Mais bon, c'est pas facile...
  • Saint-Marin, 4 points: c'est beau, ces artistes saint-marinais qui portent fièrement les couleurs de leur pays, année après année. En attendant le retour probable de Valentina, le retour de Serhat est quand même vachement moins ringard que la première fois. Ringard quand même, mais vachement moins. Et c'est toujours efficace, de faire chanter nanana. Reste à voir si l'énergie du clip sera là, sans tous ces danseurs autour.
  • Islande, 6 points: c'est... du hard-rock? du grunge? En tout cas, je me disais que c'était un peu beau, un début de clip dans la neige mais je ne m'attendais pas à ce que le monsieur chante comme ça. Ni à ce qu'il chante comme ça le refrain. Je doute tout à fait d'écouter ça en boucle, mais c'est aussi ce qui fait le charme de l'Eurovision, écouter des chansons islandaises qu'on n'écouterait vraiment jamais dans la vraie vie. Et puis le refrain est quand même vraiment vraiment bien.

Commentaires

Rhum Raisin a dit…
Mais j'ai l'impression que tu repousses chaque année davantage - inconsciemment peut-être - le "Jour de rentrée" de tes billets d'Eurovision. Avant, j'avais l'impression que tu t'y prenais un mois à l'avance. Mais peut-être que c'est parce que j'étais jeune, et on le sait bien, quand on est jeune, le temps paraît plus long.

Mon classement du jour :
N°6 : Islande - Ce death-metal saturé mi-mystique mi-sanguinolant a pour but de faire parler. Je pense que ça va marcher, mais pas avec moi.
N°5 : Grèce - Pop sans grand intérêt en effet. J'ai eu l'impression d'entendre un titre de Katy Perry pas passionnant.
N°4 : Australie - Les vocalises sur Ze-e-e-e-ero gra-a-a-a-avity me semblent tellement grotesques qu'elles peuvent plaire au public.
N°3 : Saint-Marin - Oui tu as raison, c'est très ringard. Mais heureusement que nous avons des gens comme ça pour nous rappeler que nous regardons le bon programme.
N°2 : Estonie - Je trouve ça astucieux de faire disparaître la guitare du monsieur par un jeu de plans. Et la chanson commence folk, se poursuit pop, devient electro, tout en passant par un petit passage doux. Je ne déteste pas.
N°1 : Portugal - Difficile d'expliquer pourquoi je me suis laissé prendre par cette prestation ; la voix, les costumes, la danse bien sûr. Mais aussi sûrement parce que ça m'a semblé être un voyage en Europe, en Asie et au Maghreb.
Pierre a dit…
Oui, c'est vrai que la chanson portugaise fait voyager en 3 minutes. Je n'avais pas été jusqu'en Asie, mais j'y ferai attention en la réécoutant.

Je ne sais plus si je m'y prenais un mois à l'avance, avant. Sans doute la fougue de la jeunesse jouait-elle. Mais surtout, j'avais des listes d'idées, de trucs absurdes à aborder à cause d'un détail de telle chanson ou de tel nom, je me penchais sur les stats... Bon, ça, à force, j'en ai fait le tour. Il ne reste que l'angoisse de la page blanche. On ne va pas se mentir: ça sent la fin...
Nataka a dit…
Australie : Je me sens partagée, il y a de l’ambition et de la prise de risque, mais cette chanteuse aux capacités évidentes ne donne pas une grande impression de facilité dans l’exécution, et c’est plus une performance à base de vocalises qu’une vraie chanson. C’est un peu irritant à l’oreille, d’ailleurs.
J’approuve le numéro d’équilibriste bien sûr, j’aime toujours quand il y a du gros accessoire de numéro de cirque sur scène, même si là c’est un peu sous-exploité.
La dernière chanson à l’Eurovision avec « Gravity dans le titre avait quand même une autre gueule.

Islande : Je m’attendais à du bruit et beaucoup de pose, et que tout allait être dans les costumes et les maquillages, je suis assez agréablement surprise par cette chanson. Après avoir l’impression de se faire engueuler dans un premier temps ça passe à un refrain mélodieux, prenant, le contraste fonctionne très bien. On n’a pas assez souvent de chansons en islandais, et j’imagine que celle-ci a un message mais je n’ai même pas envie d’aller voir de quoi ça parle, je prends comme c’est.

Estonie : Je vous redirai ça demain, mais je crois que c’est une chanson qui a le potentiel de rester dans la tête. C’est marrant parce que le début de la chanson, simple à la guitare, il y a quelques années j’aurais accroché à fond, et là pas du tout ; en fait c’est vraiment quand ça passe au refrain que je commence à trouver ça bien.

Portugal : Dites, ça pourrait être un message d’alerte sur le fait que les personnes en crise d’épilepsie doivent être rapidement débarrassés des objets tranchants qu’ils ont dans les mains !
Blague à part, je n’ai à peu près aucune idée de ce qu’est ce que je viens de voir et entendre, et dans n’importe quel autre contexte il est probable que je passerais mon chemin sans y regarder à deux fois, mais j’adore que ça existe à l’eurovision. Musicalement ça ne tient pas compte des codes généralement admis sur ce qui est dissonant ou mélodieux, que ce soit sur le chant ou sur je ne sais quels instruments qu’ils utilisent, chorégraphiquement et vestimentairement ça va entrer d’emblée dans la galerie des bizarreries, mais on s’en balec. Ça nous fera de la variété dans la soirée.

Grèce : J’aime le timbre de voix, et c’est une chanson bien orchestrée qui emporte, efficacement, la conclusion est nette et propre… Pas mal, je garde.

Saint Marin : Je SAIS qu’il est déjà venu à l’Eurovision, ce monsieur, mais je n’ai AUCUN souvenir de sa précédente chanson, ce n’est donc pas difficile de penser que celle-ci est au moins un petit peu mieux. Avec une basse de lalala, nanana ou boum boum, on arrive toujours à marquer les esprits.
A part ça c’est ultra vieillot.
Nataka a dit…
Nan, Pierre, pas la fin, pas la fin ! C'est pas grave de ne pas écrire des intros de 4 paragraphes pour 17 billets sur 3 ou 4 semaines. Bien sûr ils font plaisir, bien sûr c'est toujours mieux pour engager la conversation, mais tu sais bien qu'on viendra sans ça.
Pierre a dit…
On verra bien, Nataka. 2020 est un autre jour.

Les chansons avec Gravity dans le titre sont plutôt sur une pente descendante, mais l'Ukraine avait mis la barre tellement haut en 2013!

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