Dernière ligne droite

Yann Barthès a ouvert le Quotidien du jour par cette affirmation définitive, quoique absolument évidente: «c'est la dernière ligne droite, l'Europe entière se prépare à voter». La fin de la phrase laissait penser qu'il évoquait plutôt les élections européennes, qui sont certes tout à fait importantes, mais bon, on sait bien la vérité: la dernière ligne droite avant les élections européennes, elle commencera juste après le virage au bout de la dernière ligne droite avant les autres élections européennes, celles qui devront sacrer la meilleure chanson de l'Univers sortie après le 1er septembre 2018 parmi une liste prédéfinie de 41 chansons durant toutes moins de trois minutes. En plus de quelques autres restrictions, mais hé, il faut bien des règles... Et au moins, personne ne râle pour de sombres histoires de temps de parole.

Ainsi donc, dimanche, c'en sera fini: l'Europe saura si Marie Myriam pourra enfin être autre chose que la dernière gagnante française de l'Eurovision (mais alors... quoi?).
Mais, un Événement n'arrivant jamais seul, dimanche, c'en sera aussi fini de la saison de Proligue.
Oui, c'est un Événement aussi.
C'est ça, le défaut de publier quelques billets ramassés sur un temps très court, il y a quelques évolutions de mes goûts depuis les dernières années qui sont passés à la trappe. Dont le handball.
Le handball, ce sport que j'ai honni pendant à peu près toutes mes années de collège et de lycée. Pour la sélection des équipes pour lesquelles j'étais toujours choisi en dernier (ou en avant-dernier), pour la peine qu'on pouvait voir dans les yeux de mes coéquipiers quand il fallait me passer la balle, pour la panique que je ressentais quand ladite balle arrivait, pour mon incapacité absolue à mettre une once de talent dans le moindre tir. Pour toutes ces raisons et sans doute aussi parce que, en plus, ça revenait au programme touuuuuus les ans, le handball est probablement le sport que j'ai le plus détesté de tous, sans y prendre jamais le moindre plaisir. Contrairement au volley-ball (même si j'étais nul). Ou au badminton (même si j'étais nul). Peut-être le basket pourrait-il concurrencer cette place, mais ça n'a duré qu'un trimestre de seconde. Un trimestre long et pénible, une note en-dessous de la moyenne sur mon bulletin, mais un seul trimestre.
Puis, à force de regarder les Jeux olympiques tous les deux ans, à force de regarder à peu près tous les sports des Jeux olympiques, je suis devenu un fan absolu de biathlon.
RIEN NE SURPASSE LE BIATHLON.
Mais les matchs de hand, c'est cool aussi.

Un  jour, Mme EPS m'a invité à un match de handball de l'US Créteil. Ce qui est sympa mais pas hyper-généreux, vu qu'elle a elle-même des invitations pour tous les matchs de l'US Créteil. Ce devait être il y a cinq ans et depuis, presque tous les quinze jours (sauf impondérables), je soutiens l'US Créteil dans ses matchs de hand au Palais des Sports. Ce qui n'est pas toujours facile: depuis la première fois, on est passés en deuxième ligue, après deux saisons compliquées. Mais la fidélité paye: cette année, tout allait mieux. Tellement mieux que, sans regarder à la dépense, j'ai acheté mon billet pour le dernier match de la saison, il y a dix jours. Une dernière victoire à domicile, comme à tous les matchs à domicile de la saison (et on est les seuls à avoir réussi ça, ho!) et une qualification pour les play-off permettant d'espérer un titre de Champion de Proligue et une remontée en Lidl Starligue.
Dans l'euphorie de cette ultime victoire (et quelle victoire!), j'étais même convaincu que je devais aller à Saint-Brieuc, samedi et dimanche, voir les deux derniers matchs et soutenir Créteil jusque dans la dernière ligne droite. Et visiter Saint-Brieuc entre les matchs, comme ça ce serait fait. Et regarder l'Eurovision de ma chambre d'hôtel, bon, tant pis. En plus, le concert de Jenifer de dimanche après-midi était complet, alors, à quoi bon être à Paris?
Mais bon, finalement, ma mère a gagné des invitations pour le Parc Astérix pour ce dimanche, alors tant pis, je regarderai les résultats sur Twitter et voilà.
Mais je les retweeterai si on gagne (et on va gagner, on va gagner, ON VA GAGNER).

Leonora - Love Is Forever (Danemark)

John Lundvik - Too Late For Love (Suède)

PÆNDA - Limits (Autriche)

Roko - The Dream (Croatie)
Michela - Chameleon (Malte)

Jurij Veklenko - Run With The Lions (Lituanie)

En attendant la dernière ligne droite, voilà déjà la ligne du milieu de la deuxième demi-finale.
  • Lituanie, 1 point: c'est nul, c'est inintéressant. Enfin, oui, si, les roar en fond avec les run with the lions, mais bon, ça fait pas bézef.
  • Danemark, 3 points: c'est fou, en une note, on sait que ça va être niais. Avec un peu de français dedans, c'est gentil, mais on est loin d'un Loin d'ici, ohlala oui. À l'usure (notamment quand la dame arrête de nous fixer de façon terrifiante sans cligner des yeux), ça finit par faire dodeliner quand même, mais c'est aussi parce qu'on est content de revoir Emmelie de Forest.
  • Croatie, 3 points: est-ce que, dans la vraie vie, les Croates écoutent vraiment ce genre de chansons en 2019? C'est tout à fait ringard et concon, mais ringard et concon eurovisionnesque. J'ai cru qu'il chantait en français, lui aussi, avant de réaliser que c'était du croate. Curieusement, ça reste ringard en croate, mais c'est du croate, ça change un peu.
  • Autriche, 4 points: je ne m'attendais à ce que la dame ait une voix si aiguë. Je l'ai écoutée d'une oreille distraite, en pensant à ce que j'allais pouvoir écrire sur le paragraphe du début, en pensant à la mort aussi puis, je ne sais pas si c'est parce qu'elle s'est mise à pleurer, j'ai fini par trouver ça touchant. Mais est-ce que je tomberai dans le piège des larmes à chaque fois, hein?
  • Suède, 5 points: la Suède est enfin revenue à une mise en scène sobre. Il y a une mise en scène et des effets, parce que c'est la Suède, mais ça sert la chanson sans prendre le pas, comme les deux dernières années. Après, si ce n'était pas la Suède, je ne sais pas si les bookmakers s'emballeraient autant. Le côté gospel pop est réussi (dire qu'on aurait pu envoyer The Divaz et être ridicules à côté) et le final envoie du pâté, mais c'est un peu répétitif, non?
  • Malte, 7 points: voilà enfin la chanson qui ressemble à ce qui passe vraiment sur les chaînes de clips (du simili-Sia?), et qui pourrait même avoir un petit succès dans un monde parallèle. Le clip est franchement beau et c'est très très efficace, ces chamechameleon, je suis même frustré qu'il n'y en ait pas plus dans le final. J'ai peur que ça soit pas fait pour être chanté en live, mais pour le moment, je suis emballé.

Commentaires

Nataka a dit…
Je n’ai, hélas, aucun commentaire à faire sur le handball. Ou le biathlon. Mais bravo Créteil quand même.

Danemark : Une gentillette niaiserie est acceptable quand elle est assumée, et on est forcément rassembleur quand on est polyglotte. La mélodie est jolie, je ne vais donc pas rejeter d’emblée, mais la probabilité d’une crise d’hyperglycémie est très haute.

Suède : Je trouve dommage que les refrains soient un peu courts, surtout le premier, parce que c’est là que ça claque. Un goût de trop peu, un petit problème de dosage. Sinon c’est bien.

Autriche : Trop aigu, trop essoufflé, refrain trop répétitif, trop long ; et à la première écoute je n’ai pas été frappée par l’intérêt des paroles non plus.

Croatie : Je dois être mauvais public, je peux l’admettre. Mais faut pas essayer de me tirer des émotions en y allant avec la subtilité d’une tonne de brique sur le coin de la gueule. Peut-être que si tout était en croate et avec moins de grimaces, j’aurais adhéré plus.

Malte : Oui, oui et re-oui par-dessus. Y a intérêt que ça pète de couleur et de mouvement sur scène.

Lituanie : Peut-on faire plus basique ? Et je crains fort que le garçon ne maîtrise pas vraiment assez ses aigus.
Pierre a dit…
Il ne faut pas encore dire bravo. Il faut attendre samedi, puis dimanche!

J'ai réécouté la chanson danoise en version CD et en fait... elle passe vraiment pas mal. C'est toujours niais, mais sans le stress de se sentir défié du regard, le message d'amour et tout est moins oppressant.
Rhum Raisin a dit…
Je n'ai rien non plus à dire sur le handball ou le biathlon, ni même sur Saint-Brieuc. Et c'est bien dommage, car ça m'aurait permis de faire oublier que j'ai carrément un jour de retard sur les commentaires, et que j'ai raté le live.

Mon classement du jour :
N°6 : Lituanie - En effet, c'est assez faible vocalement, et en plus c'est chiant.
N°5 : Autriche - Pierre a raison, cette femme n'a pas la voix de son physique. D'abord, ça surprend. Et puis rapidement on s'ennuie.
N°4 : Danemark - La chanson me fait vaguement penser à "I'm yours" de Jason Mraz, mais la fille me fait tellement peur à fixer la caméra que je refuse de lui donner un meilleur classement.
N°3 : Malte - Je ne suis pas aussi emballé que vous sur cette chanson, mais ça se laisse écouter.
N°2 : Suède - C'est tout à fait pop comme je peux aimer. Un peu daté, donc.
N°1 : Croatie - Tout est tellement grandiloquent : la mélodie, la façon de chanter, l'orchestration... Et ça me rappelle vaguement "Grande Amore". Je suis fan.

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